Coronavirus: une épidémie “contrôlée” mais loin d’être terminée – BFMTV.COM

Des mots qui rassurent. Ce vendredi matin au micro de France-Inter, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a estimé que l’épidémie de Covid-19, qui a déjà fait 29.065 morts en France, était à l’heure actuelle “contrôlée.”

“Le virus continue à circuler, en particulier dans certaines régions (…), mais il circule à une petite vitesse. Là où on avait autour de 80.000 nouveaux cas par jour début mars avant le confinement, on estime qu’on est maintenant autour de 1000 cas à peu près”, a-t-il détaillé. 

Pour autant, les risques ne sont pas définitivement écartés. Jeudi, ce même Conseil scientifique avait publié un nouvel avis recommandant de se préparer à “quatre scénarios probables” pour les mois à venir, allant d’une “épidémie sous contrôle”, comme cela semble être finalement le cas, à une “dégradation critique.”

“Cette vague est terminée”

Afin de comprendre où en est réellement l’épidémie de coronavirus en France, il convient dans un premier temps d’en définir clairement les termes. Sur BFMTV, Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, livrait quelques pistes. 

“Une épidémie terminée c’est qu’on a plus du tout de cas d’infection. Une épidémie maîtrisée c’est qu’on a encore quelques cas, comme on le voit à la fin d’une épidémie, mais qu’on est capable de les isoler. C’est ce qui semble être le cas actuellement”, souligne-t-il. 

Ainsi, s’il est encore impossible d’affirmer que l’épidémie de Covid-19 est achevée en France, les derniers chiffres communiqués quotidiennement par la direction générale de la Santé appellent à l’optimisme, et illustrent surtout la fin d’un premier cycle.

“Aujourd’hui nous disposons d’un cycle complet de l’épidémie en France. […] Elle a eu une phase de croissance rapide à partir du 1er mars, elle a atteint un pic épidémique quatre semaines plus tard, puis une phase de décroissance rapide à partir de cette date. Elle n’a pas cessé de descendre et s’est terminée quatre semaines plus tard.”

Une fin de cycle qui marque donc probablement la fin de ce premier épisode. 

“On observe aujourd’hui des résidus de cas sporadiques mais on peut considérer que cette vague est terminée”, analyse ainsi de son côté Laurent Toubiana, épidémiologiste, chercheur à l’INSERM, directeur de l’IRSAN, toujours auprès de BFMTV. 

L’importance de tester 

Pour autant, si les spécialistes de la santé s’accordent à dire que la propagation du Covid-19 est bien sous contrôle sur l’ensemble du territoire, ils soulignent également l’importance de ne pas relâcher ses efforts au quotidien.

“L’épidémie n’est pas terminée, le virus circule toujours et peut se transmettre d’une personne à une autre. Le tout est de savoir dans quel scénario nous sommes actuellement, et c’est encore un peu difficile de le dire car il faut que le système soit stabilisé. […] Il faut que les gens soient testés pour savoir quel est le nombre de tests positifs journaliers”, estime Lila Bouadma, réanimatrice à l’hôpital Bichat de Paris et membre du Conseil scientifique. 

Les tests semblent d’ailleurs, de l’avis collectif, la pierre angulaire d’un déconfinement réussi. Car sans test, impossible de circonscrire le virus.

“Nous sommes aveugles, il faut tester la population. Il y a un mois le ministre de la Santé parlait de 700.000 tests par semaine, on en est sûrement à la moitié. On déconfine lentement car il manque ces tests”, assurait à notre antenne Philippe Juvin, chef du service des urgences à l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) à Paris.

Mais pour Bruno Lina, professeur de Virologie aux Hospices civils de Lyon, la question n’est pas tant liée à la capacité à tester, mais à la sensibilisation de la population à l’importance du dépistage systématique.

“Il faut que le recours aux tests soit bien fait. Il faut comprendre que la capacité de tests est à hauteur de plus de 100.000, mais personne ne vient se faire tester. Chez nous, 20 patients par jour viennent, la stratégie est en place mais pas perçue comme disponible. Pour certains, se faire tester n’est pas important”, se désole-t-il. 

Logiquement, d’autres solutions sont également évoquées afin d’éviter tous risques, et les gestes barrières doivent encore être conservés. 

“Il faut continuer à appliquer les mesures de distanciation physique et d’hygiène. Si cette dynamique positive reste, on passera un été serein”, martèle encore Bruno Lina.

Quid d’une deuxième vague? 

En ce qui concerne une potentielle seconde vague, là encore les autorités sanitaires et les scientifiques en appellent à la responsabilité de chacun. 

“On est toujours soumis à l’éventualité, mais on nous a prévenu de tellement de catastrophes qu’on espère que cela n’arrive pas. […] Cette dynamique observée est la même que les épidémies hivernales bien connues. Le Covid-19 a touché moins de 2 millions de personnes, ce qui est faible. Ce chiffre est obtenu à partir des médecins en première ligne, qui décrivent aussi les épidémies de grippe qui touchent en moyenne 2,5 millions d’individus”, conclut Laurent Toubiana. 

En cas de retour en force de la maladie, le Conseil scientifique a toutefois écarté un nouveau confinement et appelle l’État à adopter “un grand plan de prévention.”

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