Coronavirus: Trump déclare l’état d’urgence – Libération

Accusé d’avoir longtemps minimisé la gravité de la pandémie de coronavirus, le président américain Donald Trump a déclaré vendredi l’état d’urgence. «Pour déclencher la pleine puissance des ressources du gouvernement fédéral, je déclare officiellement une urgence nationale», a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse, depuis la roseraie de la Maison Blanche. Ce dispositif permettra à l’Etat fédéral de débloquer jusqu’à 50 milliards de dollars pour lutter contre le coronavirus, qui a contaminé près de 2000 personnes et causé 43 morts aux Etats-Unis.

Ces fonds devraient servir à financer des tests de dépistage, des équipements médicaux et des structures de soins provisoires. Le président a appelé les Etats américains à «mettre immédiatement en place des centres d’urgence», et les hôpitaux à activer leurs plans de préparation d’urgence «pour répondre aux besoins des Américains».

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Interrogé par une journaliste sur les ratés de la réponse de son administration, en particulier sur la lenteur de la mise à disposition des tests de dépistage, Donald Trump a été catégorique: «Je ne me sens en aucune manière responsable», a-t-il répondu, affirmant avoir hérité d’un système inapte à faire face à une épidémie d’une telle ampleur. Quelques heures plus tôt, il avait même attaqué les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui forment la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, ainsi que l’ancien président Barack Obama: «Pendant des décennies, les CDC ont étudié leur système de dépistage, mais n’ont rien fait, a-t-il écrit sur Twitter. [Ce système] aurait forcément été inadapté et lent pour faire face à une pandémie de grande ampleur, mais une pandémie ne va jamais arriver, ont-ils espéré. Le président Obama a fait des changements qui ont encore plus compliqué les choses.»

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150 millions de personnes infectées?

S’appuyant sur le «National Emergencies Act», Trump a également étendu les pouvoirs du ministre de la Santé afin qu’il assouplisse le cadre réglementaire pour donner «le maximum de flexibilité» aux hôpitaux (nombre de lits, durée des séjours, etc). Les autorités s’attendent à une explosion du nombre de cas dès que les tests seront largement disponibles: des projections transmises au Sénat parlent de 70 à 150 millions d’Américains qui pourraient être infectés, sur un pays de près de 330 millions d’habitants.

Aux côtés de Trump, un aréopage de chefs d’entreprise, des géants de la grande distribution Walmart ou Target aux chaînes de pharmacies Walgreens ou CVS, se sont succédé au pupitre pour rappeler leur «engagement» pour aider le pays à faire face à la crise. Le PDG de Walmart a par exemple annoncé mettre à disposition des «portions» de ses parkings pour y installer des centres de dépistage. Un «extraordinaire partenariat public-privé», a salué le vice-président Mike Pence. Célébrant leur «génie», le président américain a même serré les mains d’une demi-douzaine de ces dirigeants, alors que tous les professionnels de santé soulignent l’importance de la «distanciation sociale» pour endiguer la propagation du virus.

Donald Trump, 73 ans, a expliqué ne pas avoir été testé au coronavirus car il ne présente «aucun symptôme», même s’il a été en contact la semaine dernière avec un membre de la délégation du président brésilien Jair Bolsonaro, testé positif au coronavirus. Il a cependant ajouté qu’il se ferait probablement tester «prochainement».
Isabelle Hanne Correspondante à New York

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