Coronavirus, tensions raciales… Pour l’Amérique, une fête nationale du 4 juillet au goût très particulier – 20 Minutes

Illustration du drapeau américain. — Brendan SMIALOWSKI

A la place des applaudissements et des défilés, des couvre-feux face au coronavirus et des manifestations contre le racisme… Les Etats-Unis célébraient ce samedi leur fête nationale dans une atmosphère singulière et un climat tendu. Les festivités du 4 juillet, traditionnellement marquées par des fanfares, barbecues et grands feux d’artifice dans une ambiance bon enfant, ont été revues à la baisse à travers le pays.

Un « hommage à l’Amérique » sera malgré tout rendu par le président Donald Trump dans la capitale fédérale de Washington, à partir de 18h40 heure locale. En dépit de la pandémie de coronavirus, le National Mall, l’immense esplanade où se dressent musées et monuments officiels et ses alentours, resteront ouverts et accessibles au public pour un feu d’artifice annoncé comme « monumental ». Un défilé aérien d’appareils de la Seconde Guerre mondiale et un show de la patrouille des Blue Angels sont attendus, sous un soleil de plomb. Pour l’occasion, l’administration dit avoir prévu la distribution de 300.000 masques.

La « première ligne » invitée

Donald Trump s’exprimera depuis la Maison Blanche lors d’une cérémonie à laquelle ont été invités des Américains « en première ligne » face à la pandémie, en particulier du monde de la santé mais aussi des forces de police et de l’armée. « La distanciation sociale sera observée et des masques et des désinfectants pour les mains seront distribués », a précisé à l’AFP Judd Deere, porte-parole de la Maison Blanche.

Fidèle au message qu’il martèle depuis plusieurs jours, le milliardaire républicain a une nouvelle fois ignoré samedi le regain des contaminations qui alarme les autorités sanitaires. « Nous avons été frappés par ce terrible fléau venu de Chine et maintenant nous sommes sur le point de nous en sortir », a-t-il lancé dans un message vidéo diffusé en milieu de journée. « Notre pays est de retour, les chiffres de l’emploi sont spectaculaires », a-t-il martelé.

Pendant ce temps, les cas explosent en Floride

Au même moment, la Floride annonçait un nouveau record de cas de Covid-19 à 11.458 sur les dernières 24 heures. Devant l’ampleur de la crise sanitaire, le maire du comté de Miami-Wade, le plus peuplé du pays avec près de 2,7 millions d’habitants, a décrété vendredi un couvre-feu à partir de 22h. Il « est destiné à empêcher les gens de s’aventurer et de traîner avec des amis dans des groupes, ce qui s’est révélé être un facteur de propagation rapide du virus », a expliqué Carlos Gimenez.

A Atlanta, Nashville, les concerts ou feux d’artifice ont été annulés. Une cérémonie virtuelle remplace les célébrations prévues dans la ville texane de Houston, foyer de l’épidémie dans le grand Etat du Sud.

La lutte contre le racisme en toile de fond

Les célébrations du Jour de l’indépendance, lorsqu’en 1776 treize colonies britanniques proclamèrent leur séparation de la couronne britannique et fondèrent les Etats-Unis d’Amérique, risquent cette année d’avoir un goût encore plus amer en raison des tensions raciales. L’Amérique est animée depuis la mort de l’Afro-Américain George Floyd par un mouvement historique contre le racisme, comparable au mouvement des droits civiques des années 1960.

Partout dans le pays, des rassemblements sont prévus pour la justice, l’égalité raciale et contre le gouvernement Trump. A Washington, une vingtaine de collectifs ont appelé à manifester, notamment devant le monument en mémoire d’Abraham Lincoln, depuis lequel Martin Luther King avait prononcé son discours « I have a dream », en 1963. Une grande partie du centre-ville était déjà bouclée dans la matinée, a constaté l’AFP.

L’ « idée » de Biden, le « désordre » de Trump

Candidat démocrate à la présidentielle de novembre, Joe Biden​ a appelé dans un message vidéo à s’unir pour surmonter « plus de 200 ans de racisme systémique ». « Notre pays a été fondé sur une idée, celle que nous naissons tous égaux. Nous n’avons jamais été à la hauteur de cette idée », a déclaré l’ancien vice-président de Barack Obama. Donald Trump, qui brigue un second mandat, a dénoncé vendredi soir dans un discours très sombre « le désordre violent » dans les rues, et des « années d’endoctrinement extrême dans l’éducation, le journalisme et d’autres institutions culturelles. »

En plein débat sur les statues mises à terre par des manifestants antiracistes, il a dénoncé, depuis l’imposant monument du Mont Rushmore, « une campagne visant à effacer notre histoire, diffamer nos héros, supprimer nos valeurs et endoctriner nos enfants ». Dans son discours, le tempétueux milliardaire n’a que brièvement évoqué la pandémie qui a fait près de 130.000 morts sur le sol américain.

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