Coronavirus : Si Donald Trump était dans l’incapacité d’être candidat, la présidentielle pourrait tourner au « chaos électoral » – 20 Minutes

Donald Trump à sa descente d’Air Force One le 28 août 2020. — E.Vucci/AP/SIPA

Ce n’est plus une simple « surprise d’octobre » mais un véritable coup de tonnerre. Jeudi, à un mois de la présidentielle du 3 novembre, Donald Trump a annoncé qu’il avait été testé positif au coronavirus. Vendredi soir, le président américain a rejoint en hélicoptère l’hôpital militaire Walter Reed « par précaution ».

Selon son médecin, Donald Trump n’a que « de légers symptômes » et il été soigné par un traitement expérimental via une injection d’anticorps de synthèse. S’il a plus de 90 % de chances de se rétablir au cours des prochaines semaines, son âge (74 ans), son surpoids (obésité modérée) et son sexe (masculin) représentent des facteurs aggravants. Avec une question aussi indélicate que cruciale dans tous les esprits : qu’adviendrait-il si le président américain était dans l’incapacité d’être candidat ? C’est compliqué, et même les experts sont dans l’incertitude.

L’élection pourrait-elle être reportée ?

C’est la réponse la plus simple. C’est possible mais cela ne s’est jamais produit, pas même pendant la Second guerre mondiale. L’article 2 de la constitution donne au Congrès le pouvoir de fixer la date du scrutin. Depuis 1845, elle a lieu le mardi qui suit le premier lundi de novembre – cette année le 3. Pour la changer, il faudrait un vote au Sénat et à la Chambre des représentants. C’est improbable car cette dernière est contrôlée par les démocrates, qui n’ont aucun intérêt à soutenir un report.

Donald Trump peut-il passer la main à Mike Pence ?

C’est possible, temporairement ou de manière permanente. George W. Bush, lors de ses deux coloscopies, avait signé un transfert de courte durée pour donner les pleins pouvoirs à Dick Cheney. Vendredi, la Maison Blanche a indiqué que ce n’était pas au programme : Donald Trump reste le « commander in chief ». Et ce transfert ne concerne que la présidence actuelle, qui court jusqu’au 20 janvier. C’est pour l’élection que tout se complique.

Le parti républicain pourrait-il choisir un autre candidat ?

Selon les règles du parti, si la personne choisie lors de la convention n’est pas en mesure d’être candidate, un nouveau vote a lieu pour désigner un remplaçant. Le problème, c’est que le vote par correspondance a commencé, et les bulletins ont déjà été imprimés. En clair, il est sans doute trop tard pour changer.

Les grands électeurs du collège électoral peuvent-ils voter pour une autre personne ?

On arrive au cœur du problème. La présidentielle américaine ne se déroule pas au scrutin universel direct. Les pères fondateurs, qui ne faisaient pas complètement confiance à la populace, ont créé le système hybride du collège électoral. Techniquement, les Américains ne votent pas pour un candidat mais pour 538 grands électeurs. Qui se retrouvent le 14 décembre pour désigner le président américain. En théorie, le parti républicain pourrait donc choisir un nouveau champion (pas forcément Mike Pence), qui, s’il/elle obtient la majorité de 270 voix, deviendrait président.e. En théorie.

Un grand bazar juridique

Le problème, c’est que chaque Etat a des règles différentes pour les grands électeurs. Environ la moitié interdisent les « électeurs infidèles » («faitheless electors », ces grands électeurs qui ne respectent pas le vote populaire et votent pour une autre personne). En plus de 200 ans, il y en a eu 180, mais ils n’ont jamais changé le résultat d’un scrutin. Jusqu’à juillet 2020, ils ne risquaient qu’une amende. Mais selon une décision récente de la Cour suprême, ils peuvent désormais être sanctionnés, voire écartés. Bref, comme le souligne le professeur de droit Rick Hasen sur Slate, le scrutin pourrait tourner « au chaos électoral » et se réglerait sans doute devant les tribunaux. Interrogé par 20 Minutes, Martin Redish, qui enseigne le droit constitutionnel à l’université Northwestern de Chicago, fait preuve d’humilité : un retrait de dernière minute d’un candidat à la présidentielle « ne s’est jamais produit dans l’histoire. On ne sait pas comment cela tournerait ».

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