Coronavirus : quatre questions sur l’opération Résilience, qui mobilise des militaires pour lutter contre l… – franceinfo

Emmanuel Macron a annoncé mercredi à Mulhouse le lancement de cette mission “de protection”, sanitaire et logistique, confiée à l’armée. Celle-ci sera en particulier mobilisée en Outre-mer.

Inventé par les psychiatres, le concept sert désormais à baptiser une nouvelle mission de l’armée. En déplacement à l’hôpital militaire de Mulhouse (Haut-Rhin), touché de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé, mercredi 25 mars, une nouvelle mission confiée aux militaires : l’opération baptisée “Résilience”.

>> Coronavirus : suivez les dernières actualités dans notre direct

Celle-ci a pour vocation d’aider la population face à la pandémie qui a déjà fait près de 1 700 morts dans les hôpitaux du pays, selon les derniers chiffres rendus publics jeudi soir. A quoi va-t-elle servir précisément ? Par qui est-elle dirigée ? Quelles sont ses missions ? Quels moyens sont mobilisés ? Eléments de réponse.

1Quelle différence avec le dispositif Sentinelle ?

En principe, les deux opérations n’ont rien à voir. Le dispositif Sentinelle mobilise quotidiennement jusqu’à 7 000 militaires contre le risque terroriste. Elle perdure parce que la “menace demeure” et “ses règles d’engagement ne changent pas”, déclare l’état-major à l’AFP. L’opération Résilience, elle, “sera entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations, ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie, en métropole et en outre-mer”, a affirmé le chef de l’Etat mercredi soir lors de son annonce.

2Qui dirige l’opération Résilience ?

L’opération a été placée sous l’autorité directe du chef d’état-major des armées, le général François Lecointre. Ce saint-cyrien de 58 ans “a connu de nombreuses expériences opérationnelles, en République centrafricaine en 1989, lors de la guerre du Golfe en 1991, en Somalie en 1993, au Gabon puis au Rwanda en 1994, à Sarajevo en 1995”, selon sa biographie officielle.

Au quotidien, Résilience sera pilotée sept jours sur sept par le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) situé dans les locaux du ministère des Armées à Balard, dans le 15e arrondissement de Paris. C’est le cas aussi des interventions militaires à l’étranger du type Barkhane (au Sahel) ou Chammal (au Levant). Avoir un commandement clair pour des missions interarmées, ça a beaucoup de sens en termes de coordination et de cohérence globale. On sait qui gère et on gagne énormément en rapidité et en efficacité”, explique à l’agence Reuters une source de l’armée.

Si les forces armées ont été mobilisées depuis le 18 mars pour évacuer 18 malades d’Alsace par voie aérienne, 12 de Corse par bateau, et pour installer une structure hospitalière équipée de 30 lits de réanimation à Mulhouse (Haut-Rhin), ces efforts ont jusqu’à présent été faits en ordre dispersé.

3Quelles seront ses missions ?

Les militaires de l’opération Résilience se verront confier une triple mission : de “santé”, de “logistique” et de “protection”, résume le ministère des Armées. 

Ils ne seront pas chargés de faire respecter le confinement de la population, mais ils pourront protéger ponctuellement des bâtiments ou des sites sensibles, assure la ministre des Armées, Florence Parly. “Les armées n’ont pas vocation à dresser des contraventions en cas de non-respect du confinement (…) mais il y a des lieux dans lesquels on stocke du matériel médical, des médicaments, des respirateurs. Ce sont des lieux d’importance vitale. Protéger ces lieux contre d’éventuels vols, que nous avons vus se multiplier ces derniers jours, est absolument essentiel”, a déclaré la ministre sur RTL, jeudi.

Deux porte-hélicoptères amphibie, le Mistral et le Dixmude, vont ainsi respectivement faire route vers la zone Réunion-Mayotte et vers les Antilles-Guyane dans les prochains jours. Ces navires viendront en aide aux corps médicaux locaux, et chacun est équipé d’un hôpital à bord. Le Tonnerre, qui a évacué des malades de Corse, va, lui, rester stationné en mer Méditerranée.

L’armée sera également mobilisée sur des opérations sanitaires et logistiques, là encore en Outre-mer, où la propagation s’accélère, avec moins de moyens qu’en métropole. “Nous allons à la guerre mais avec des armes de 14-18 et avec des cartouches rouillées”, ironise, amer, un infirmier libéral réunionnais dans cette vidéo de France 2.

4Quelles seront ses ressources ?

Un certain flou règne, en particulier sur le nombre d’hommes mobilisés. “Notre objectif est de pouvoir répondre aux besoins exprimés par les préfectures de région, qui font remonter les demandes des préfets de département ou des Agences régionales de santé”, a déclaré à Reuters le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l’état-major. “Les effectifs mobilisés dépendront des besoins et varieront donc dans le temps. Un préfet ne nous dira jamais : ‘Je veux 1 000 hommes et cinq véhicules’. Mais : ‘Je dois transporter cinq palettes d’un point A à un point B’. Il nous reviendra de déterminer quel est le moyen le plus adapté”, ajoute-t-il.

Mais quels sont les moyens qui peuvent être déployés ? Dans un article mettant en garde contre “des attentes irréalistes”, Le Monde estime que le matériel comme le personnel manquent à l’appel. “L’outil de défense français, en 2020, n’est plus du tout pensé pour une opération nationale de secours aux sinistrés”, assène le quotidien.

“Le service de santé des armées (14 800 personnes, dont 2 400 médecins, 1% de l’offre de soins) a subi des coupes budgétaires brutales ces vingt dernières années”, rappelle le quotidien du soir. “Il lui manque des professionnels par dizaines (…). Au début de la crise du coronavirus, un responsable de la défense interrogé sur des renforts éventuels mis à contribution répondait au Monde : ‘On ne les a pas’.”

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *