Coronavirus : Pourquoi le gouvernement, sous pression, a décidé de suspendre les vols entre le Brésil et la France – 20 Minutes

Jean Castex. — Jacques Witt/SIPA
  • Le variant brésilien semble encore très minoritaire en France mais plusieurs médecins alertent sur le risque de sa propagation sur le territoire.
  • L’opposition a mis la pression sur l’exécutif ces derniers jours pour prendre des mesures plus strictes concernant les arrivées depuis le Brésil.
  • Après plusieurs jours de tergiversation, le gouvernement a finalement annoncé la suspension des liaisons aériennes entre la France et le Brésil.

C’est le dernier mutant en date. Le variant brésilien inquiète le monde médical, alors que l’épidémie de coronavirus semble hors de contrôle dans le pays sud-américain. Si la souche semble encore très minoritaire en France (moins de 4 % avec le variant sud-africain), plusieurs médecins ont alerté les autorités sanitaires face à la menace de sa propagation sur le territoire. L’opposition presse depuis quelques jours le gouvernement de prendre des mesures plus strictes concernant les arrivées sur le territoire français. Après plusieurs jours de tergiversation, l’exécutif a finalement annoncé ce mardi après-midi la suspension de tous les vols entre le Brésil et la France.

Des ministres jugeaient la mesure « inutile » ce mardi matin

Interrogé sur le sujet à l’Assemblée nationale, Jean Castex a défendu les mesures déjà en vigueur… avant d’annoncer la fermeture des liaisons aériennes. « Nous constatons que la situation s’aggrave et nous avons donc décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les vols entre le Brésil et la France », a expliqué le Premier ministre lors de la séance de questions au gouvernement.

Ces dernières heures, pourtant, le gouvernement semblait encore défendre le statu quo. Lundi, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari vantait le protocole sanitaire « renforcé » déjà en place, relativisant le risque sur le territoire. « Nous avions avant la pandémie environ 50.000 personnes qui arrivaient par semaine à Roissy. Aujourd’hui c’est 50 par jour ». Le ministre justifiait également sur LCI le maintien des liaisons aériennes par le respect du droit, le Conseil d’Etat ayant disposé que les ressortissants français « au nom de la liberté de circulation, devaient pouvoir continuer à venir ».

Ce mardi matin, sur Cnews, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune estimait, lui, cette fermeture de frontières inutile, privilégiant le motif impérieux et le test PCR négatif, jusqu’ici nécessaires pour entrer en France. « La suspension des vols est utile si d’autres pays le font. Si vous ne pouvez pas aller de Rio à Paris mais que vous pouvez aller de Rio à Lisbonne, puis de Lisbonne à Paris, ça ne sert à rien ! », indiquait-il, alors que certains déplacements restent possibles au sein de l’espace Schengen.

« Il faut prendre des mesures de fermeture des frontières ou d’isolement strict »

Comment expliquer ce changement de pied ? Le gouvernement dit avoir pris ces nouvelles mesures face à « la situation dramatique et la dangerosité du variant » brésilien, mais peut-être aussi sous la pression de l’opposition. Car la gauche, la droite et le Rassemblement national avaient poursuivi ce mardi leurs attaques contre l’exécutif.

« La fermeture des frontières est utile et absolument nécessaire et je ne vois pas comment au moment où on confine les Français, on puisse maintenir cette liaison aérienne », a lancé ce mardi Damien Abad, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. « Faisons preuve de pragmatisme et suspendons vite tous les vols en provenance du Brésil », demandait aussi la patronne du RN Marine Le Pen. « Il faut prendre des mesures de fermeture des frontières ou d’isolement strict des personnes qui viennent des pays où il y a un variant dangereux », a également plaidé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF sur Cnews ce mardi.

Au sein de l’exécutif, on assure que la question du variant brésilien « est prise très au sérieux » par le gouvernement et sera « au menu du Conseil de Défense », prévu ce mercredi.

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