Coronavirus : menace sur les épreuves du bac – LaDepeche.fr

l’essentiel C’est le grand flou autour du baccalauréat 2020. Les épreuves pourront-elles se dérouler normalement après des semaines de crise sanitaire ? Les élèves et les familles s’interrogent. Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer doit bientôt faire des annonces.

Certains profitent de cette période de confinement pour réviser d’arrache-pied. Maths, philosophie, anglais, chimie… Les ordinateurs passent de mains en mains entre parents en télétravail et élèves de terminale stressés qui voient leurs heures de cours s’évaporer au fil des semaines. Le baccalauréat est dans moins de 3 mois. Seront-ils prêts ? Quelles épreuves les attendent ? Que vaudra leur diplôme acquis dans des conditions si particulières ? Et comment préparer l’avenir quand tant de points d’interrogation s’alignent au fil des jours ?

Des questions que se pose Mathieu, lycéen à Toulouse : “Je suis inquiet car nous ne savons pas comment ça va se dérouler. Nous devions avoir des épreuves de langue avant les vacances de Pâques mais elles ont été reportées. De plus, nous n’avons fini les programmes dans aucune matière. Nous continuons de travailler à la maison mais sans explications données par les professeurs, c’est beaucoup plus dur…”

Paul, lui aussi lycéen à Toulouse, est plus serein mais il assure : “Si les épreuves avaient lieu, ce serait injuste car tout le monde n’aurait pas la même préparation. Je pense qu’il y aura un mélange d’épreuves et de contrôle continu mais je préférerais qu’il n’y ait que du contrôle continu, car sinon il faudrait se mettre d’accord sur un nouveau programme pour que les épreuves soient juste pour tout le monde”.

Quelle date de retour en classe ?

Pour lever l’angoisse, Jean-Michel Blanquer a promis d’annoncer très rapidement la physionomie du bac 2020. “Toutes les épreuves n’auront pas lieu”, nous affirme-t-il d’ores et déjà. En effet, le ministre de l’Éducation souhaite utiliser le mois de juin pour rattraper le temps de cours perdu en mars or, l’organisation du bac monopolise les professeurs et les salles de cour à partir de début juin et, par ricochet, allège donc l’emploi du temps des autres élèves. D’autre part, difficile d’organiser les épreuves si le retour en classe s’effectue après le 4 mai, ce qui n’est pas un scénario inenvisageable. Enfin, une pénurie de papier complique encore l’organisation.

Les épreuves pourraient donc être allégées, annulées ou transposées à l’oral comme ce fut le cas en 1968. Difficile aujourd’hui d’en savoir plus car les concertations avec les syndicats et les fédérations de parents et d’élèves ne sont pas terminées. Certains plaident pour le maintien de certaines épreuves, d’autres préféraient un diplôme obtenu sur la foi du contrôle continu. Les premiers s’inquiètent qu’entre très bons lycées et moins bons les notes n’illustrent pas la même réalité, à cela le ministère répond qu’il est possible d’harmoniser les résultats. D’autres se demandent, quelles notes de contrôle continu prendre en compte. Doit-on intégrer celles du troisième trimestre ? Doit-on remonter à celles de l’année dernière ? La fumée blanche devrait sortir avant les vacances afin que les lycéens n’aient pas à réviser des épreuves qui n’auront pas lieu.

Reste à savoir ce que vaudra ce bac coronaviru. Sa valeur sera-t-elle dépréciée ? On sait que les bacheliers de 1968 se sont longtemps vus accusés d’avoir eu leur diplôme dans une célèbre boîte de lessive (lire ci-dessous). Qu’en sera-t-il de la version 2 020 ? La prise en compte des notes obtenues durant l’année par l’élève pourrait permettre au diplôme de garder une certaine valeur. Mais la clémence à laquelle les professeurs sont d’ores et déjà invités par nombre d’associations et d’élus risque de peser sur sa valeur. Difficile de trouver le juste milieu entre souplesse et rigueur.

Mai 68 : bac au rabais ?

Sur fond de grève générale, le baccalauréat de 1968 est réorganisé à la dernière minute. Les épreuves écrites, difficiles à mettre en place, sont remplacées par des oraux sur une seule journée. Les candidats disposent de 20 minutes de préparation et de 15 minutes d’entretien pour chaque matière. Les résultats sont connus le soir même. Pour évaluer, les professeurs s’appuient sur le livret scolaire. Résultat : 81,3% de réussite, contre 62% en 1967. Pour l’historien Eric Alary, auteur de “Il y a 50 ans Mai 68”, le baccalauréat 68 a été une grande opportunité pour les jeunes provenant de la classe moyenne “qui ne l’auraient certainement jamais eu sans ce réaménagement”, assure-t-il. Grâce à cet examen facilité, les bacheliers ont pu suivre des études plus longues et obtenir des salaires plus élevés que leurs prédécesseurs.

Dans les autres pays

Sur son site, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) suit chaque semaine l’évolution de l’impact du Covid-19 dans le monde. Au 29 mars, plus de 1,5 milliard d’enfants et de jeunes subissaient la fermeture de leur établissement d’enseignement, dans 185 pays. De fait, “ces fermetures nationales affectent plus de 80 % de la population étudiante mondiale”, note l’Unesco qui a également comparé les différentes politiques adoptées par les états pour les différents examens d’un niveau équivalent au bac. Quatre stratégies se dégagent, qui parfois peuvent être combinées :

– L’annulation des épreuves : c’est l’option plus radicale mais pas forcément la plus simple.

Mais il y a aussi le report des examens, le choix de Singapour, à une date définie ou non. Troisième possibilité ? C’est la dérogation, que l’Unesco constate notamment dans les pays de régime fédéral. Enfin, reste bien sûr le maintien du passage des examens, mais avec des aménagements spécifiques. Quatre possibilités, donc, mais qui peuvent évoluer en fonction de la situation sanitaire locale, rappelle l’organisation.

Chez nos voisins, les examens ne sont pour l’heure ni annulés, ni reportés en Italie, le ministre n’ayant pas encore pris de décision. Mais les élèves devraient être évalués par leurs professeurs et non par des jurys extérieurs.

En Allemagne, certains landers ont d’abord envisagé d’annuler l’Abitur (équivalent du bac) mais presque tous l’ont finalement reporté à fin avril. Au Royaume-Uni, les examens scolaires, y compris les épreuves d’A levels (équivalent du bac), sont là bel et bien annulés comme en Norvège, pour la plupart des examens nationaux des cycles collège et lycée mais là, leurs épreuves finales seront remplacées par du contrôle continu avec une année scolaire prolongée jusqu’en juin. Pas d’examen final : solution également retenue par les Pays-Bas, où, néanmoins, certaines épreuves pourraient être organisées au niveau local, en prenant des dispositions, avec 1,5 m d’écart et dix élèves maximum par classe. Outre-Atlantique, à présent ? Aux Etats-Unis, plus d’une demi-douzaine d’Etats ont déjà annulé ou reporté leurs examens. Mais la situation évolue très vite.

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