Coronavirus : manger chinois, recevoir des colis de Chine… est-ce risqué ? – Le Figaro

Peut-on attraper le coronavirus nCov 2019 en mangeant chinois ? La question peut prêter à sourire mais certains Français s’interrogent réellement. Comme le révèlent certains articles de presse, le SAMU reçoit même des appels «paniqués» de gens qui ont mangé chinois. Même chose pour les colis qui arrivent de Chine. Certains consommateurs se questionnent.

Apparu début décembre sur un marché de Wuhan, le coronavirus a déjà fait 170 morts en Chine et près de 8.000 contaminés. En France, cinq malades ont été touchés par le virus. Nous faisons le point :

Les colis importés de Chine

Interrogé par Le Figaro, Manuel Rosa-Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm et co-directeur du laboratoire de virologie VirPath à Lyon, explique tout d’abord que les virus respiratoires – dont fait partie le coronavirus nCov 2019 – se transmettent de deux façons. Premièrement par sécrétions respiratoires (postillons, éternuements). Deuxièmement par contamination de surface (exemple : éternuer dans ses mains puis serrer la main de quelqu’un).

Selon Manuel Rosa-Calatrava, «le risque d’une contamination de surface par des virus respiratoires est réel mais très dépendants des conditions environnementales». En effet, les virus respiratoires sont fragiles et ne restent pas fonctionnels, autrement dit actifs, très longtemps (quelques heures à quelques jours au maximum en fonction de la température et du degrés d’humidité de l’air). «Un colis arrivant de Chine met plusieurs semaines de transport par bateau et plusieurs jours par avion. Un potentiel virus serait dans un environnement qui n’est absolument pas favorable pour rester fonctionnel», estime Manuel Rosa-Calatrava. Même son de cloche du côté du ministère de la Santé. «Compte tenu des temps et conditions de transport avec la Chine, le risque d’être infecté par le nCoV en touchant un objet importé de Chine est considéré comme extrêmement faible», peut-on lire sur son site.

Concrètement, même si un individu contaminé par le coronavirus manipulait un colis en Chine à destination de la France, il est presque impossible que le destinataire ait une chance d’être infecté. Le chercheur précise «qu’une des mesures simples et très efficaces pour éviter la contamination par les virus respiratoires est de se laver les mains plusieurs fois par jour».

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La nourriture venue de Chine

Qu’en est-il pour la nourriture ? «Dans la littérature scientifique, il n’y a jamais eu de cas rapportés de virus respiratoires attrapés en ingérant de la nourriture cuite. Quand la nourriture est cuite, les virus respiratoires ne résistent pas et sont complètement inactivés par la chaleur», explique Manuel Rosa-Calatrava. Le ministère de la Santé explique lui aussi dans un communiqué que «les virus sont détruits quand la viande est cuite». Même si les aliments sont non cuits, comme pour les colis, les virus respiratoires sont fragiles et ne restent pas fonctionnels très longtemps à cause de la durée et des conditions de transport.

Toutefois, «la consommation de produits animaux peu ou pas cuits, incluant le lait et la viande, présente un risque important d’infection par une grande variété d’organismes susceptibles de causer des maladies chez l’Homme (NDLR : des organismes pathogènes non respiratoires)», complète le ministère de la Santé. À ce propos, Manuel Rosa-Calatrava conseille de bien laver les aliments et de s’assurer de leur nature saine.

Contactée par Le Figaro, la chaîne française de supermarchés asiatiques «Tang frères» – qui fournit la plupart des restaurants et des épiceries asiatiques en France – indique de son côté qu’il n’y a «aucun risque à consommer des produits alimentaires importés de Chine ou d’Asie». De plus, le secrétaire général de Tang Frères, Christophe Polini, explique que la chaîne «n’importe pas de produits de la région de Wuhan (NDLR : région où le virus est apparu)».

«Il ne faut pas rentrer dans une psychose», estime enfin Manuel Rosa-Calatrava. «Nous sommes en plein pic d’épidémie de grippe dans toutes les régions de France. Entre 5.000 et 15.000 personnes meurent de la grippe chaque année. Il y a bien plus de risques aujourd’hui d’attraper la grippe en prenant le métro ou le RER que d’attraper le coronavirus 2019-nCoV», conclut le chercheur.

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