Coronavirus : Les nouveaux centres de dépistage franciliens suffiront-ils pour éviter la surchauffe des tests ? – 20 Minutes

Le ministre de la Santé Olivier Véran en visite dans un centre de dépistage de Mantes-la-Jolie, où des plages horaires sont réservées au dépistage des publics prioritaires. — THOMAS SAMSON / AFP
  • Une vingtaine de centres de dépistage du Covid-19 sont déployés à partir de ce lundi en Ile-de-France. L’objectif est de renforcer la capacité de dépistage, et surtout de tester rapidement les personnes jugées prioritaires.
  • Il s’agit de celles présentant des symptômes du coronavirus, des cas contacts et des personnels soignants.
  • Mais « se pose la question de savoir comment assurer une volumétrie importante de tests urgents pour lesquels il faut être en capacité de fournir des résultats rapides », estime le Dr François Blanchecotte, du Syndicat des biologistes.

Et si plutôt que de tester toujours plus, on testait mieux ? Tel semble être aujourd’hui le credo du gouvernement, qui révise sa stratégie en privilégiant les tests ciblés au dépistage massif. Attente pour obtenir un rendez-vous, attente pour obtenir ses résultats, confinement individuel des personnes testées et de leur cas contact : à vouloir – à juste titre – détecter le plus grand nombre de personnes contaminées par le Covid-19, le système a rapidement atteint ses limites et les laboratoires de biologie médicale se sont retrouvés sous l’eau.

Les hôpitaux et les biologistes franciliens ont beau être passés « en quelques semaines de 45.000 à 200.000 tests » hebdomadaires, « des difficultés d’accès (…) demeurent », a constaté l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. C’est dans cette optique que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé il y a quelques jours une priorisation. L’ARS déploie à compter de ce lundi vingt Centres de dépistage et de diagnostic Covid (CDDC) permanents du Covid-19, qui pourront réaliser jusqu’à 10.000 prélèvements par jour, afin de désengorger des laboratoires dépassés par la demande. Ils resteront ouverts « jusqu’à la fin de la période hivernale ». Cela suffira-t-il ?

Désengorger les laboratoires

Alors que les files d’attente ne désemplissent pas devant les « 591 points de prélèvement » de la région parisienne, l’objectif, avec cette vingtaine de barnums de dépistage, est de répondre à la demande galopante de tests. « Les plateformes téléphoniques d’urgence Covid, censées aiguiller les gens souhaitant se faire dépister, sont débordées et peinent à trouver des laboratoires disponibles, explique à ​20 Minutes le Dr François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes. Et il y a de grandes disparités selon les laboratoires, notamment à Paris et en Ile-de-France, avec des différences allant de 1 à 5 dans les capacités techniques et les moyens. Certains labos sont totalement submergés. Alors, vingt centres supplémentaires dans une région où les capacités de dépistage sont en tension tant la demande est forte, c’est forcément une bonne chose ».

« Encore faut-il arriver à suivre derrière, ajoute le biologiste. Aujourd’hui, on observe une augmentation de la demande de dépistage de 20 % par semaine, toutes les semaines. Forcément, il y a des difficultés à suivre, et aujourd’hui se pose la question de savoir comment assurer une volumétrie importante de tests urgents pour lesquels il faut être en capacité technique de fournir des résultats rapides ».

Assurer un dépistage ciblé et rapide pour les personnes prioritaires

Ainsi, en Ile-de-France, les vingts nouveaux barnums seront capables d’effectuer chacun « a minima 500 tests par jour », soit un total de 10.000 tests par jour supplémentaires, avec « un engagement de restitution des résultats sous 24 heures », promet l’ARS. Mais surtout, ils sont destinés à recentrer la stratégie de dépistage du gouvernement en assurant des tests plus ciblés et plus rapides pour les personnes prioritaires. Ouverts toute la journée, ces nouveaux CDDC seront ainsi « réservés de 8h à 14h aux publics prioritaires, sans rendez-vous », indique l’ARS. Sont concernées « les personnes disposant d’une prescription médicale [présentant des symptômes], les personnes ayant eu un contact à risque avec un cas confirmé, et ayant été contactées par la CPAM ou l’ARS dans le cadre du contact tracing », ainsi que « les professionnels de santé et professionnels assimilés intervenant à domicile », précise l’agence.

C’est ainsi que Laure a subi ce lundi un test RT-PCR après qu’une de ses collègues a déclaré des symptômes de la maladie. « J’aurai les résultats très rapidement, au moins je serai vite fixée, ce qui est beaucoup plus pratique pour organiser la semaine de travail et gérer la vie de famille et la garde de mon enfant, confie la jeune femme à 20 Minutes. Je ne veux pas prendre le risque de contaminer les autres ».

« Si on est cas contact, symptomatique ou soignant, se faire tester doit être rapide », a rappelé ce lundi sur Twitter Olivier Véran, en déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), dans un barnum mis en place pour le test des personnes prioritaires.

« L’idée de contractualiser une filière rapide est bonne, analyse le Dr Blanchecotte. Nous demandions depuis longtemps cette priorisation des tests, avec une file réservée aux cas les plus urgents. Le problème, c’est que selon les critères établis, on arrive presque à une personne sur deux qui serait prioritaire, estime-t-il. Avec potentiellement plus de 500.000 tests hebdomadaires urgents à traiter en vingt-quatre heures… Or, il y a de plus en plus d’échantillons positifs dans les milieux collectifs, notamment en Ehpad, où les dépistages doivent être assurés avec la plus grande rapidité possible ».

« Prendre ses responsabilités »

Pour le Dr Blanchecotte, il est important également que chacun fasse preuve de responsabilité. « Les clusters que nous avons identifiés ce week-end sont pour la grande majorité des clusters familiaux, des familles qui se sont vues dans un cadre privé, sans se protéger », regrette-t-il.

En outre, « certains patients testés positif au coronavirus reviennent se faire dépister plusieurs fois, jusqu’à ce que leur test soit négatif, ce qui participe à l’engorgement des laboratoires et à l’allongement des délais d’attente. Les consignes sont pourtant simples : si vous êtes testé positif, observez une quarantaine de sept jours, puis reprenez le cours de votre vie en respectant les gestes barrières, c’est tout ! »

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