Coronavirus : le transfert de patients s’accélère en Nouvelle-Aquitaine – Sud Ouest

Après une dizaine de jours d’un confinement national qui vient d’être prorogé jusqu’au 15 avril, la France continue à s’organiser pour tenter de soulager les hôpitaux des régions les plus frappées par l’épidémie. Car comme l’a dit le Premier ministre, Édouard Philippe, vendredi matin, la crise sanitaire “ne va pas s’améliorer rapidement”, du fait d’une vague épidémique “extrêmement élevée”, qui “soumet l’ensemble du système de soins, l’ensemble du système hospitalier, à une tension redoutable”. “Ça va augmenter, le sommet de la vague est prévu pour la fin de la semaine prochaine”, avance par exemple le docteur Michèle Granier, présidente de la commission médicale de l’hôpital de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne. D’autres experts tablent sur un pic prévu entre le 5 et le 15 avril.

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Selon le dernier bilan officiel vendredi soir, l’épidémie a fait 1 995 morts rien que dans les hôpitaux, dont près de 300 au cours des dernières 24 heures, et conduit 3 787 patients en réanimation (+412).

Des patients transférés en Nouvelle-Aquitaine samedi

“Même intubé ventilé, ça se dégrade d’un coup et on ne comprend pas ce qu’il se passe”, lâche Cathy Le Gac, infirmière en réanimation à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) : s’il y a beaucoup de guérisons, le coronavirus continue à semer l’effroi, entre ces fulgurances macabres, les seniors touchés de plein fouet dans les Ehpad ou la Francilienne de 16 ans qui y a succombé récemment.

Dans le cadre de l’opération Résilience lancée par Emmanuel Macron, les transferts de patients initiés cette semaine s’intensifient, avec la mise en œuvre ce week-end de la plus importante évacuation sanitaire de patients du Covid-19 sur le territoire français. Une quarantaine de patients doivent être transférés du Grand Est vers la Nouvelle-Aquitaine, a annoncé l’Agence régionale de santé (ARS). Dans le détail, quatre malades sont attendus samedi dans des hôpitaux de Poitiers et Limoges, et dimanche, 36 autres arriveront à bord de deux TGV médicalisés, pour être répartis dans une petite dizaine de villes. La Nouvelle-Aquitaine dispose en “soins critiques” (incluant la réanimation, les soins intensifs et continus) de 1 640 lits dont 569 disponibles.

Une situation qui contraste avec celle de l’Ile-de-France, de plus en plus tendue : sur 1 500 places dans les services de réanimation de la région parisienne, 1 300 lits sont actuellement occupés. Par endroits, comme en Seine-Saint-Denis, les hôpitaux sont déjà saturés.

“On est en train de passer à une médecine de guerre”, affirme Héloïse (prénom modifié), infirmière. Aucun “tri” de patient n’est encore évoqué, “mais on sait que les patients au-delà de 80 ans ne sont pas prioritaires”… Mesure d’”anticipation”, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a annoncé vendredi une première évacuation dans le courant du week-end d’une quinzaine de patients franciliens en réanimation vers des établissements de la région Centre-Val de Loire.

Masques et tests

Les soignants redoutent aussi une “potentielle pénurie de médicaments de réanimation à venir”, selon le professeur Bruno Riou, directeur médical de crise de l’AP-HP (hôpitaux de la région parisienne). Le matériel est aussi au cœur d’une gronde croissante, incarnée par un collectif de soignants, déjà à l’origine de plaintes contre Édouard Philippe et l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, et qui a réclamé vendredi au gouvernement les contrats de commandes de masques et tests de dépistage du coronavirus des trois derniers mois.

Le Premier ministre doit donner samedi une conférence de presse avec l’actuel ministre de la Santé Olivier Véran, et a promis un point “transparent” de la situation sanitaire, notamment la pénurie de masques ou la question des tests. Emmanuel Macron, lui, a nié tout éventuel retard français dans la gestion de l’épidémie. “J’ai abordé cette crise avec sérieux et gravité dès le début, lorsqu’elle s’est déclenchée en Chine (…) J’ai suivi à chaque étape trois principes essentiels : fonder nos décisions sur des avis scientifiques, s’adapter à l’évolution de la crise, prendre des mesures proportionnées”, a assuré le président dans un entretien publié samedi par trois quotidiens italiens.

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