Coronavirus : le projet de loi instaurant un « état d’urgence sanitaire » arrive au Parlement – Le Monde

Des policiers contrôlent les documents nécessaires aux déplacements pendant le confinement, place d’Italie, à Paris, le 18 mars.

Des policiers contrôlent les documents nécessaires aux déplacements pendant le confinement, place d’Italie, à Paris, le 18 mars. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Alors que le nombre de malades augmente de façon exponentielle, la France entre dans son troisième jour de confinement pour faire la « guerre » au coronavirus et le Parlement doit voter jeudi et vendredi 20 mars « l’état d’urgence sanitaire ».

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Le coronavirus se propage de plus en plus rapidement et le bilan des victimes s’est alourdi mercredi, au deuxième jour du confinement ordonné par le gouvernement, avec un risque de saturation de services d’urgence. Les hôpitaux accueillent désormais 3 626 patients dont 931 sont en réanimation. Parmi ces cas les plus graves, la moitié sont âgés de « moins de 60 ans », a insisté le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, en annonçant un total de 264 décès (89 supplémentaires en 24 heures).

Le tableau se tend en Ile-de-France, et la situation est toujours difficile dans le Grand Est. Un avion militaire a d’ailleurs évacué mercredi vers le sud de la France six malades qui étaient hospitalisés en réanimation en Alsace, principal foyer épidémique en France.

  • Un projet de loi d’urgence débattu jeudi à l’Assemblée

Dans ce contexte de « crise sans précédent », dans un pays quasiment à l’arrêt, le gouvernement a autorisé mercredi l’instauration d’un « état d’urgence sanitaire », accompagné de mesures d’urgence pour soutenir l’économie.

Le texte doit être débattu à l’Assemblée nationale jeudi en comité « restreint ». Après adoption du projet de loi, l’« état d’urgence sanitaire » – sur le modèle de l’état d’urgence déjà prévu par la loi, et activé notamment à la suite des attentats de 2015 – sera déclaré par décret. L’Assemblée nationale et le Sénat seront ensuite informés « sans délai » des mesures prises pendant cette période.

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  • Plus de 4 000 amendes infligées mercredi

Un total de 4 095 amendes ont été infligées mercredi pour non-respect des règles du confinement à travers toute la France, mis en place pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, a annoncé Christophe Castaner. L’amende est désormais de 135 euros et même 375 en cas de majoration.

Le ministre de l’intérieur a par ailleurs écarté toute possibilité de télécharger sur un téléphone portable les attestations permettant de justifier ses déplacements.

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  • 25 millions de masques en cours de livraison

Le gouvernement a reconnu des « difficultés logistiques » dans la fourniture de masques, alloués « en priorité aux soignants », qui s’alarment pourtant de leur dénuement. La ministre Florence Parly a annoncé que 5 millions de masques chirurgicaux des armées avaient été mis à la disposition du ministère de la santé. Selon le professeur Salomon, un total de 25 millions de masques est en cours de livraison aux pharmacies et établissements de soins.

  • Des salariés prêts à faire jouer leur droit de retrait

Dans un Intermarché à Issy-Les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, le 18 mars.

Dans un Intermarché à Issy-Les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, le 18 mars. LUCAS BARIOULET POUR « LE MONDE »

Le gouvernement a d’ailleurs appelé les employés des secteurs essentiels à continuer de travailler. « Il faut bien que nous puissions nous nourrir, que les familles françaises puissent se rendre dans les magasins de la grande distribution et acheter des produits alimentaires », selon le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Le président délégué du Medef, Patrick Martin, a alerté sur un arrêt possible de l’activité économique, y compris dans les secteurs essentiels, en raison d’un « changement d’attitude brutal » des salariés, prêts à faire jouer leur droit de retrait après l’instauration des mesures sanitaires.

Les caissiers notamment s’alarment : des photos circulaient sur les réseaux sociaux montrant des caisses de magasins d’alimentation protégées par de simples films plastiques étirés au niveau des visages.

  • Le gouvernement veut fermer certains marchés, des restrictions dans certaines régions

Le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé que le gouvernement serait amené à fermer certains marchés « où l’on voit des foules » ou « qui ont beaucoup d’étals », pour éviter les rassemblements.

D’autre part, certaines régions ont pris des mesures face à l’afflux de citadins venus se confiner dans des résidences secondaires : locations interdites dans les îles du Morbihan, plages et sports nautiques à Oléron : « On est en confinement, pas en vacances », tempête le président des communes de l’île.

  • Les personnels de santé applaudis

Consciente du rôle vital qu’ils jouent, la population a témoigné mercredi soir son soutien et son respect aux personnels de santé, en première ligne face à l’épidémie : à 20 heures, à Paris et en régions, des salves d’applaudissements ont retenti : sifflements et « Merci ! » ont notamment été entendus dans les rues de Mulhouse, particulièrement frappée.

  • Un dispositif aérien pour le retour des Français bloqués à l’étranger

Alors que beaucoup de pays ont suspendu les liaisons aériennes avec l’Europe, laissant sur le carreau des dizaines de milliers de Français bloqués à l’étranger en raison de la pandémie, trois ministres ont annoncé, mercredi soir, que le gouvernement allait mettre en place un dispositif aérien, en lien avec Air France, pour leur permettre de rentrer chez eux. Quelque 6 000 à 7 000 Français sont notamment encore bloqués au Maroc et 4 000 en Tunisie, qu’ils soient touristes ou en déplacement personnel et professionnel.

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