Coronavirus : le Japon sonne à son tour l’alerte – Journal La Croix

Dans le port de Yokohama, le navire de croisière Diamond Princess est en quarantaine depuis le 5 février pour cause de coronavirus, et seuls les va-et-vient des voitures, transportant sans doute des familles de passagers, viennent perturber le silence.

Face à la nuée de journalistes du monde entier qui se sont précipités dans cette partie ultra-industrielle de la ville de 3,7 millions d’habitants, à 30 kilomètres de Tokyo, les autorités locales ont pris la peine d’aménager un parking spécial, quadrillé par des centaines de cônes de chantier fluorescents. Or il reste quasi désert, la plupart du temps, tant l’attente est longue et rien ne se passe ici, hormis les communiqués de chiffres dépeignant ce qui se joue à bord du paquebot de croisière amarré dans le port.

Tout semble calme mais les Japonais se préparent au cas où…

Ces chiffres ont explosé. Ils atteignaient, lundi 17 février, 454 contaminés sur 1 723 personnes testées, selon le ministère japonais de la santé, soit 99 nouveaux cas de coronavirus révélés au cours des dernières heures, alors même que les passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant quatorze jours.

→ INFOGRAPHIE. Coronavirus, les chiffres de l’épidémie

Pour le Japon entier, il faut y ajouter les 65 cas répertoriés dans le pays, et un premier mort, survenu le 13 février. Face à cette réalité, d’autant plus inquiétante que plus de 9 millions de touristes chinois se rendent au Japon chaque année, les Japonais ne paniquent pas ouvertement. Habitués aux catastrophes naturelles, ils se préparent toutefois à affronter une épidémie de coronavirus plus longue et plus grave qu’envisagé dans un premier temps.

Yoshimori Fujii, chauffeur de taxi, qui a fait plusieurs courses entre le port et la gare, se désole. Il sait qu’un de ses confrères a été testé positif au coronavirus à Tokyo, et que celui-ci l’a transmis à sa belle-mère. Elle-même est décédée, jeudi 13 février, des suites de la pneumonie provoquée par le Covid-19. « Je fais tout ce que je peux, je porte un masque, je désinfecte ma voiture… Je ne vois vraiment pas ce que je peux faire de plus », déplore-t-il.

Beaucoup de gens portent des masques maintenant

Son témoignage résume l’état d’esprit dominant dans le pays. Dans les rues de Yokohama, la vie normale se poursuit, mais la moitié des habitants portent désormais un masque, et les queues devant les pharmacies s’allongent. Devant les hôtels, des flacons de désinfectant permettent aux clients de se nettoyer les mains avant d’entrer.

Coronavirus : le Japon sonne à son tour l’alerte

Une précaution d’usage qui vire à l’angoisse collective dans les maisons de retraite. Celles-ci font feu de tout bois pour éviter la propagation de l’épidémie. « On fait tout ce qu’on peut. On tâtonne dans le vide, mais heureusement, les familles sont très coopératives », résume Tsuneharu Subo, directeur d’une maison de retraite de la région, qui a déjà restreint les visites extérieures.

Les JO ne semblent pas menacés pour le moment

Le gouvernement, lui, vient de lancer l’alerte en appelant au civisme et à la responsabilité de chacun. « Nous voulons demander aux habitants d’éviter les rassemblements », a déclaré le ministre japonais de la santé, Katsunobu Kato, dimanche 16 février.

→ À LIRE. Coronavirus : le Japon annule la venue du public à l’anniversaire du nouvel empereur Naruhito

Conséquence logique de cette mise en garde, les autorités ont annulé, le 1er mars, le marathon de Tokyo, du moins pour les amateurs, au nombre de 36 000 inscrits. Seuls les 200 coureurs professionnels pourront participer ! Plus symbolique encore : les cérémonies publiques, dans les jardins du Palais, pour l’anniversaire de l’empereur Naruhito, dimanche 23 février, ont été annulées. Pour le Japon, la menace absolue demeure cependant lointaine : celle qui planerait sur les Jeux olympiques de Tokyo, prévus fin juillet. Le Comité international olympique affirme qu’il n’y a, à ce stade, aucune menace sur la tenue de l’événement. L’OMS n’a pas émis d’avis négatif.


En Chine, la session de l’Assemblée nationale en suspens

Le parlement chinois – plus de 3 000 députés – envisageait, lundi 17 février, un report de sa session plénière, prévue pour le 5 mars, a annoncé l’agence Chine nouvelle. Cet événement politique compte parmi les plus importants dans le pays, mais une telle décision était largement attendue, du fait de l’épidémie de coronavirus (Covid-19) qui a contaminé en Chine plus de 70 500 personnes, dont 1 770 mortellement, depuis décembre. Une délégation de l’OMS, actuellement en Chine, devait se rendre à Pékin (confinée), Shanghaï (confinée) et dans le Sichuan (au moins 200 cas et au moins 4 morts), mais pas dans le Hubei d’où est partie l’épidémie. À Wuhan les restrictions sur les 11 millions d’habitants sont de plus en plus strictes.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading