Coronavirus : le Grand-Est affronte une situation sanitaire devenue critique, Emmanuel Macron en visite à Mulhouse – Le Monde
Emmanuel Macron doit se rendre, mercredi 25 mars, à l’hôpital de campagne à Mulhouse, foyer de l’épidémie de Covid-19 dans le Grand-Est qui affronte une situation sanitaire devenue critique comme en témoigne la décision inédite d’évacuer 20 patients à bord d’un « TGV médicalisé ». Le président souhaite « rendre hommage au personnel soignant » et « témoigner sa solidarité envers la région Grand-Est qui est fortement éprouvée » par la crise du coronavirus, a annoncé mardi soir l’Elysée.
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Un train sanitaire vers le Grand-Est
Un premier malade a été admis mardi sous les tentes kaki de l’hôpital de campagne déployé par le service de santé des armées au pied de l’hôpital civil de Mulhouse. Un train sanitaire sera par ailleurs affrété pour permettre « dans un premier temps l’évacuation de 20 patients » de Strasbourg et Mulhouse vers les Pays de la Loire, jeudi, selon le ministère de la santé. C’est une « première en Europe », a insisté devant l’hémicycle clairsemé de l’Assemblée le ministre de la santé, Olivier Véran. Dans les deux cas, il s’agit de désengorger les hôpitaux du Grand-Est, proches de la rupture devant l’afflux croissant de patients.
Jour après jour, le nombre de contaminations et de morts ne cesse d’augmenter. Mardi soir, dans les dix départements du Grand-Est, l’agence régionale de santé (ARS) dénombrait 2 722 personnes hospitalisées en lien avec le virus, dont 595 en réanimation. Au total, 407 personnes sont mortes dans la région, plus d’un tiers des décès dénombrés en France, où le Covid-19 a fait 1 100 victimes.
Parmi eux, cinq médecins, dont quatre de l’Est du pays, morts ce week-end. Une situation déjà dramatique et qui a connu une brutale aggravation lundi : outre les décès des médecins, 21 résidents d’un Ehpad des Vosges, à Cornimont, seraient morts « en lien possible avec le Covid-19 ».
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Le « pic » de patients dans plusieurs hôpitaux
Le premier ministre, Edouard Philippe, a averti lundi que « le temps du confinement » des Français, initialement fixé à quinze jours, pourrait « durer encore quelques semaines ». Dans le Grand Est, le monde médical s’attend à ce que l’épidémie franchisse cette semaine un nouveau cap.
En Moselle, « la vague arrive » en provenance des hôpitaux alsaciens sans parvenir pour autant à les désengorger, et « la saturation augmente chez nous », constate François Braun, chef des urgences à l’hôpital Mercy de Metz. A Sarreguemines, « la vague est déjà là », confirme aussi Emmanuelle Seris, à la tête des urgences de l’hôpital mosellan, où les services « commencent à être saturés » depuis lundi. Il y a « beaucoup d’angoisse et de fatigue dans les équipes », explique-t-elle.
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Manque de matériels, d’équipements, de personnels
Face à cette situation, « nous n’avons ni les lits, ni les locaux, ni les équipements, ni les personnes pour augmenter nos capacités dans des proportions extrêmement importantes », expliquait lundi Marie-Odile Saillard, directrice générale du CHR de Metz. Le pic est attendu en milieu de semaine et devrait « durer quinze jours, trois semaines », renchérit Bernard Dupont, directeur général du CHRU de Nancy.
Avec désormais « près de 900 lits » de réanimation, l’ARS a doublé « les capacités d’accueil » dans la région où, avec 58 patients en réanimation, la Champagne-Ardennes (Aube, Haute-Marne, Marne et Ardennes) est pour l’heure moins touchée (258 en Alsace et 210 en Lorraine). Avant le recours à un « TGV médicalisé », des évacuations aériennes, par des appareils civils ou militaires, de patients vers des hôpitaux français, mais aussi en Allemagne ou en Suisse, ont déjà eu lieu pour soulager plusieurs hôpitaux, notamment celui de Mulhouse.
A Sarreguemines, « on a prévu d’ouvrir 14 places en réanimation “Covid +” mais les respirateurs ne sont pas encore arrivés. Les délais, c’est dix semaines », s’agace Mme Seris. Des dons privés devraient permettre « d’acheter du matériel d’occasion disponible tout de suite », poursuit la déléguée Grand-Est du syndicat des urgentistes AMUF, qui a elle-même contracté la maladie.
Car les soignants payent un lourd tribut au virus : aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), 253 des 12 500 salariés l’ont contracté et ne peuvent plus venir travailler, a indiqué sur France Bleu Alsace Christophe Gautier, son directeur général.