Coronavirus : Le Brésil franchit la barre des 100.000 morts – 20 Minutes

Un enterrement à Sao Paulo, le 22 juillet 2020. — Vanessa Carvalho//SIPA

Pour le président du Brésil, il ne faut pas chercher de responsabilité auprès des autorités. Jair Bolsonaro avoue même avoir la « conscience tranquille », alors que le coronavirus fait de plus en plus de victimes dans son pays. Le Brésil est ainsi devenu samedi le deuxième pays à dépasser la barre des 100.000 morts, après les Etats-Unis. Le plus grand pays d’Amérique Latine, peuplé de 212 millions d’habitants, a également franchi samedi un autre seuil symbolique, celui des 3 millions de personnes contaminées.

Quelque 478 morts par million d’habitants

Surtout, la réalité pourrait être bien pire. Les chiffres officiels doivent en effet être relativisés en raison de l’insuffisance de tests, les spécialistes estimant que le nombre total de personnes infectées pourrait être jusqu’à six fois plus élevé. Pour comparaison, les données officielles montrent que le Brésil déplore 478 morts par million d’habitants, un chiffre équivalent à celui des Etats-Unis (487), mais inférieur à celui de l’Espagne (609) ou de l’Italie (583). Plus de 1.000 décès quotidiens sont recensés en moyenne depuis plusieurs semaines, alors que la pandémie entre dans son sixième mois dans le pays.

Le rythme des contaminations s’est accéléré ces dernières semaines dans les campagnes, à l’intérieur des terres, et dans les régions où le virus est arrivé plus tard, notamment dans le Sud et le Centre-Ouest. En revanche, il est stable dans les Etats du Sud-Est comme Sao Paulo et Rio de Janeiro, les plus touchés en chiffres absolus, et en baisse dans les régions du nord, où la situation était catastrophique en avril et en mai.

Sur la plage de Copacabana, à Rio, l’ONG Rio de Paz a organisé samedi matin un lâcher de 1.000 ballons rouges en hommage aux personnes décédées du Covid-19, avec 100 croix noires plantées dans le sable.

« La guerre de l’incurie »

L’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) a le même jour dénoncé « l’arrogance d’un président qui a choisi de qualifier ce virus cruel de petite grippe, en défiant la science et même la mort, et qui portera en son âme la responsabilité de milliers de vies perdues ». « C’est la guerre la plus dévastatrice qui s’est jamais abattue sur notre pays. La guerre de l’incurie, de l’absence de politique sanitaire, une leçon d’inhumanité », a déclaré pour sa part Marco Lucchesi, président de l’Académie brésilienne des Lettres.

La pandémie a jeté une lumière crue sur les inégalités du Brésil, le virus faisant des ravages dans les favelas, touchant particulièrement les populations noires. Il n’a pas épargné les indigènes d’Amazonie, dont un grand cacique, Aritana Yawalapiti est décédé du coronavirus cette semaine.

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