Coronavirus : la semaine où tout peut basculer – Le Monde

Un homme portant un masque de protection à Hongkong, le 9 février.

Un homme portant un masque de protection à Hongkong, le 9 février. DALE DE LA REY / AFP

Les jours à venir pourraient être décisifs – tant sur le plan sanitaire que politique – dans la lutte contre le coronavirus 2019-nCoV. D’abord parce que, si l’on en croit les chiffres officiels, le nombre de nouveaux cas commence à diminuer tant dans le Hubei que dans le reste de la Chine.

Dans le Hubei, la décrue aurait commencé le 4 février. Il y eut ce jour-là 3 100 nouveaux cas, un chiffre qui – à part le 7 février – n’a cessé de diminuer pour atteindre 2 147 cas le samedi 8. Dans le reste de la Chine, la décrue aurait commencé la veille avec 921 nouveaux cas le 3 et 506 le 8 février.

Lire aussi Avec 811 morts en Chine, le nouveau coronavirus devient plus meurtrier que le SRAS

Il y a de multiples raisons, à la fois politiques et pratiques, de ne pas se fier aux données officielles, mais on ne peut pas non plus exclure qu’elles reflètent une tendance en cours. Ce serait évidemment une très bonne nouvelle. Le problème est qu’après avoir tout fait pour retarder la reprise du travail en prolongeant les fêtes du Nouvel an lunaire, celles-ci devraient malgré tout prendre fin ce 9 février.

Un volcan en passe de se réveiller

Tant les employeurs que les salariés ont besoin, pour des raisons économiques évidentes, de reprendre le travail. Du coup, les Chinois cantonnés chez eux devraient progressivement recommencer à sortir et à voyager. Shenzhen, Canton, Shanghaï et Pékin : ces quatre villes de plus de 20 millions d’habitants chacune devraient finir par sortir de leur léthargie actuelle. Rien qu’à Pékin, 8 millions d’habitants – un sur trois – partis en province pour les fêtes seraient sur le point de rentrer.

Métro de Shanghaï, le 9 février.

Métro de Shanghaï, le 9 février. NOEL CELIS / AFP

Peut-on éviter que ce retour à une certaine normalité ne débouche sur une nouvelle aggravation de l’épidémie hors du Hubei ? C’est toute la question pour les autorités, qui multiplient les contrôles un peu partout dans le pays, afin de mettre en quarantaine la moindre personne ayant de la fièvre.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ici, c’est très bien gardé » : dans le Zhejiang, les villes se barricadent pour enrayer la progression du coronavirus

L’enjeu n’est pas que sanitaire. Il est aussi politique. Depuis la mort, officiellement reconnue le vendredi 7 février, du docteur Li Wenliang, qui avait été l’un des premiers à essayer – en vain – d’attirer l’attention des autorités sur la gravité du nouveau virus, la Chine ressemble à un volcan en passe de se réveiller. Malgré la censure sur les réseaux sociaux, les critiques contre le pouvoir se multiplient à tous les niveaux de la société.

Journée nationale de la liberté d’expression

Parmi les initiatives les plus marquantes, une lettre ouverte de neuf universitaires pékinois de renom comportant cinq revendications, dont la première n’est autre que de faire du 6 février la journée nationale de la liberté d’expression. Le 6 et non le 7 car, pour nombre de Chinois, le docteur Li est mort dans la soirée du 6 avant que le pouvoir chinois, paniqué, tente par tous les moyens de le réanimer – en vain – et ne finisse par reconnaître sa mort le vendredi 7 février.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *