Coronavirus : la psychose s’empare de Madrid – Le Parisien

Un vent de panique pousse les Madrilènes à quitter leur ville. Ce vendredi après-midi, des kilomètres de bouchons se sont formés sur le périphérique de la capitale espagnole. La scène fait penser à un départ en vacances mais c’est l’annonce de la mise en place, ce samedi, de l’état d’alerte qui a tout précipité.

Le terme a été lâché en conférence de presse ce vendredi midi, par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, mais personne ne sait encore exactement ce qu’il implique. Seule certitude, cette mesure permet de limiter temporairement la circulation des personnes au sein du pays et devrait durer au minimum 15 jours. Une mesure drastique prise afin de ralentir la propagation du Covid-19, qui s’est sérieusement accélérée ces derniers jours en Espagne. Le pays compte désormais plus de 4 200 cas et 122 morts, et le gouvernement prévoit que 10 000 personnes seront contaminées la semaine prochaine.

Tous les lieux publics fermés

A Madrid, plus gros foyer de contamination du pays, malgré le grand soleil et le ciel bleu, les rues sont inhabituellement vides. Depuis ce vendredi matin, les aires de jeux pour enfant sont interdites d’accès, tout comme les terrasses. Et à partir de samedi, les bars et restaurants de la région devront également baisser leur rideau. Depuis mercredi, tous les établissements scolaires, des crèches aux universités, sont fermés. Tout comme les musées, théâtres, cinémas et salles de sport.

Aux abords des dispensaires en revanche, des files d’attente interminables se forment. Marie, Française expatriée à Madrid, en a fait l’expérience : « C’est de la folie, je n’ai jamais vu ça ici. Les gens portent tous des masques et font la queue sur le trottoir pour voir leur médecin traitant. On doit d’abord passer par un triage et répondre aux questions d’une infirmière pour savoir si on sera reçu ou non. Ils veulent à tout prix éviter que l’on se regroupe à l’intérieur des bâtiments. Ça fait une drôle d’impression. C’est assez sinistre. »

«Les gens deviennent fous»

Depuis mardi, les supermarchés, eux aussi, sont pris d’assaut et leurs rayons se vident plus vite qu’ils ne se remplissent. Papier toilette, pâtes, œufs… sont introuvables depuis plusieurs jours. Eloy, concierge dans un quartier chic, s’étonne de la psychose qui envahit ses concitoyens face à une éventuelle pénurie : « Deux résidentes de l’immeuble, une dame âgée et sa fille, ont acheté pour 200 € de courses lundi et mardi, elles se sont à nouveau fait livrer pour 250 € de provisions. Les gens deviennent fous. » Le président d’une grande enseigne a même dû rassurer les consommateurs : « L’approvisionnement de tous nos produits se fait normalement. S’il y a bien un facteur qui peut faire empirer la situation, c’est la peur. »

La solidarité s’organise

Un vent de panique qui concerne surtout les plus fragiles. Pilar, qui souffre de graves problèmes respiratoires, a quitté Madrid pour se réfugier dans sa maison secondaire, à 100 km de la capitale. Sa fille, elle, a fait le choix de rester : « C’est une question de responsabilité. On doit tout faire pour que ce virus ne se propage pas. Je vais m’enfermer chez moi. »

Malgré ce climat de peur et de confinement, la solidarité s’organise. Sur les réseaux sociaux, de nombreux trentenaires proposent de livrer de la nourriture aux personnes les plus fragiles. Il y a 16 ans, presque jour pour jour, les Madrilènes avaient déjà montré au monde leur capacité d’entraide. C’était au lendemain des attentats de la gare d’Atocha.

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