Coronavirus: la France va-t-elle prendre des mesures aussi drastiques que l’Italie? – BFMTV.COM

Il semble “peu probable malheureusement” que la France échappe au stade 3 du Covid-19, a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Le stade 3 est celui de l’épidémie déclarée, lors duquel on constate que le virus circule et qu’il est transmissible sur l’ensemble du territoire. Différentes mesures devront donc être mises en place pour limiter la contagion, et organiser le système de santé en conséquence. “Nous nous préparons activement au fait d’avoir une épidémie” en France, assure la porte-parole.

Au stade 3, “les activités collectives sont fortement impactées”, précise le gouvernement sur sa page dédiée au nouveau coronavirus, tout en ajoutant que “la vie du pays devra continuer”. Cependant en France, “à ce jour et à ce stade, il est impossible d’annoncer les mesures qui seront prises”, déclare à BFMTV.com la Direction Générale de la Santé, “c’est la situation sanitaire précise sur le territoire qui déterminera les choix de mesures prises”.

La stratégie italienne “pas adéquate dans le cas de la France”

En Italie, l’épidémie est officiellement déclarée, avec plus de 3000 cas selon les derniers chiffres. Le pays a donc mis en place des mesures drastiques, ordonnant notamment que les “manifestations sportives et compétitions de toutes sortes et de toutes disciplines” soient suspendues ou se jouent au moins à huis clos jusqu’au 3 avril prochain. Toutes les écoles et universités seront également fermées jusqu’au 15 mars.

En France, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé samedi dernier que “tous les rassemblements de plus de 5000 personnes en milieu confiné” étaient “annulés” sur le territoire français. Les rassemblements à ciel ouvert peuvent même être annulés si des “populations issues de zones où le virus circule possiblement” s’y trouvent.

Mais la France ne compte pas suivre le modèle présenté par son voisin: “Nous pensons que ce n’est pas la stratégie adéquate dans le cas de la France”, a expliqué ce jeudi matin sur BFMTV Jean-Michel Blanquer, à propos des fermetures d’écoles. Les autorités italiennes “se sont trouvées dans une situation différente de la nôtre parce que l’épidémie est arrivée plus vite chez eux”, souligne-t-il.

Toutes les écoles ne fermeront pas en stade 3

Le ministre de l’Éducation a ainsi affirmé que même en stade 3, les écoles, les collèges et les lycées ne seront pas systématiquement fermés: “Certains pourront être fermés mais la logique est plutôt de demander à ceux qui sont malade de rester chez eux, plutôt que de fermer globalement”.

Cette déclaration peu sembler contre-intuitive. Dans un document du ministère de la Santé concernant une potentielle pandémie grippale, les “mesures barrières” pouvant être envisagées pour le stade 3 vont de la fermeture des “classes ou établissements isolés” à la “fermeture nationale” des crèches et établissements d’enseignement, comme cela a été engagé en Italie.

Afin d’expliquer cette décision, Jean-Michel Blanquer pointe du doigt les problématiques que pourrait entraîner une fermeture totale: “Par exemple si vous êtes une infirmière avec des enfants vous êtes obligée de rester chez vous pour vous occuper des enfants qui ne vont pas à l’école, du coup vous n’êtes pas à l’hôpital pour soigner ceux qui en ont besoin”.

Interrogé sur les potentielles contaminations entre enfants à l’école, il rappelle que “dans le stade 3, par définition, le virus circule de manière générale, est installé”. Pour rappel actuellement, autour de 150 établissements scolaires sont fermés, principalement dans le cluster de l’Oise, 35.000 à 40.000 élèves sont concernés

La continuité des transports privilégiée

Côté transports, le document du ministère de la Santé prévoit en Stade 3, une sensibilisation à “la nécessité d’éviter les transports en commun et de limiter les déplacements” mais aussi, dans le cas d’une épidémie plus grave, une “suspension éventuelle de certains transports en commun”. Là encore, les autorités françaises ne prévoient pas d’aller aussi loin que ce dernier point.

“Si on passe en phase 3, le but est de maintenir la circulation des transports en commun”, notamment pour “maintenir l’activité économique du pays”, explique le secrétariat d’État aux Transports, contacté par BFMTV.com. “Tous les scénarios restent bien sûr envisagés, mais pour le moment on en n’est pas du tout là”.

La SNCF et la RATP, contactées par BFMTV.com, déclarent être actuellement en train de mettre en oeuvre des plans de continuité des services de transport pour la phase 3, tout en assurant la sécurité des agents. Des kits de prévention (lingettes désinfectantes, paire de gants…) sont distribués aux agents en contact avec le public, explique par exemple la RATP. “Ils ont vocation à être utilisés uniquement en cas d’intervention pour porter assistance à une personne (voyageur ou collègue) présentant des symptômes”.

“Arrêter les transports n’apporterait aucune solution sur le plan sanitaire. Je rappelle que pendant la grippe hivernale les transports continuent de fonctionner”, déclarait mardi dans le quotidien Libération le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Les hôpitaux et médecins généralistes mobilisés 

Des mesures sont principalement prévues au niveau des systèmes de santé. “Dans l’hypothèse d’un stade épidémique avéré, l’ensemble des établissements sanitaires doivent pouvoir participer au diagnostic et à la prise en charge des patients Covid-19”, est-il clairement écrit dans le guide du ministère de la Santé sur le nouveau coronavirus.

Il s’agit de pouvoir s’occuper rapidement et efficacement de la population infectée. Ainsi, au stade 3, “la prise en charge des patients sans critère d’hospitalisation serait réalisée en ambulatoire. Seuls les patients présentant des signes de gravités seraient pris en charge en établissements de santé”, explique le document.

Ce tri parmi les malades du Covid-19 a déjà commencé comme le souligne L’Express: l’Assistance publique des hôpitaux de Paris a déjà décidé de ne plus hospitaliser que les cas graves et les patients fragiles.