Coronavirus : la colère gronde en Chine après la mort de Li Wenliang, le médecin lanceur d’alerte – Ouest-France

Les autorités chinoises sont prises à partie pour avoir voulu museler Li Wenliang le jeune médecin, décédé jeudi 6 février, qui a révélé l’apparition du coronavirus à Wuhan. Fébrile, le pouvoir a ordonné une enquête.

Les autorités chinoises ont annoncé, ce vendredi 7 février, l’ouverture d’une enquête sur les circonstances entourant le docteur Li Wenliang, telles qu’elles ont été rapportées par les masses. » La tournure est alambiquée. Les faits sont pourtant clairs : l’ophtalmologue de 34 ans, qui a révélé l’apparition du coronavirus à Wuhan, le 30 décembre, est décédé de la maladie, jeudi 6 février, dans un hôpital de la ville, après avoir lui-même soigné une patiente. Nul besoin d’enquête.

« C’est un héros »

L’annonce de son décès a donné lieu à un sérieux cafouillage. L’information a été révélée en fin d’après-midi par le  Global Times, journal réputé proche du pouvoir, confirmée par l’Organisation mondiale de la santé, avant d’être démentie par l’hôpital, puis d’être à nouveau confirmée par l’établissement dans la soirée. C’est un héros qui a donné l’alerte au prix de sa vie », a immédiatement réagi l’un des confrères du docteur Li sur le réseau en ligne Weibo.

Pour nombre de Chinois, Li Wenliang, dont la femme attend un enfant, est en passe de devenir un martyr. Accusé d’avoir répandu des rumeurs en ligne » et d’avoir perturbé gravement l’ordre en ligne », le médecin de Wuhan avait dû faire son autocritique et affirmer publiquement qu’il avait commis « un délit ». Avant d’être totalement réhabilité fin janvier. Face à l’explosion des cas de contamination, le pouvoir avait, piteusement, reconnu des lacunes » dans la réponse apportée au déclenchement de l’épidémie.

« Le gouvernement doit des excuses »

Fait rare en Chine, la confirmation du décès du jeune ophtalmologue a provoqué une vague de colère sur les réseaux sociaux. « Que tous ces fonctionnaires qui s’engraissent avec l’argent public périssent sous la neige », s’est emporté un internaute sur le réseau Weibo. Le hashtag Le gouvernement doit des excuses au docteur Li Wenliang » a été relayé des centaines de fois, avant d’être censuré.

Très vite, l’affaire a pris une tournure plus politique, avec des messages très virulents à l’égard du pouvoir : « La vérité sera toujours traitée comme une rumeur. Est-ce que vous allez continuer de mentir pendant longtemps. Qu’est-ce que vous nous cachez d’autres ? ; « Nous voulons une liberté de parole ». Sans surprise, les autorités ont rapidement éteint le début d’incendie.