Coronavirus : en pleine polémique sur les masques, plus de 3 000 morts en France, dont six médecins – Sud Ouest

Plus de 3 000 décès en hôpital et plus de 5 000 malades en réanimation comptabilisés lundi soir : l’épidémie de coronavirus continue à mettre à l’épreuve les services hospitaliers français, dans le Grand Est mais aussi désormais en Île-de-France.

“C’est assez choquant pour un soignant de voir un patient encore capable de communiquer et, deux heures après on les envoie en réa car ils manquent d’oxygène et ils commencent à tomber dans une sorte de coma”, témoigne un infirmier à Bordeaux, en plein afflux de cas lourds en réanimation (+ 424) en 24 heures.

Selon le dernier bilan, la France compte désormais un total de 44 550, dont 3 024 décès, 5 107 patients en réanimation, 21 008 personnes hospitalisées et 7 924 déclarées guéries. 

  • Le Grand Est et Île-de-France, régions les plus touchées

Le Grand Est, qui a été la première région fortement touchée, enregistrait 3 950 hospitalisations, dont 844 en réanimation et 919 décès à l’hôpital.

Après plusieurs évacuations de malades de la région vers la Nouvelle-Aquitaine, la directrice de l’hôpital de Metz, Marie-Odile Saillard, a exhorté lundi les autorités à lui accorder “douze transferts de patients tous les jours” pour répondre à l’afflux de malades dans des services de réanimation presque saturés. Six patients ont été transférés lundi par trois hélicoptères de l’armée de Terre, depuis Strasbourg vers la Suisse et l’Allemagne.

En région parisienne, “le pic est prévu pour plutôt la fin de la semaine”, selon Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Des patients devraient aussi être prochainement transférés par train vers des régions moins en tension.

  • Un sixième médecin décédé

Les soignants sont en première ligne dans cette épidémie qui vient de faucher un sixième médecin, un praticien hospitalier à Metz. “Plusieurs” autres sont en réanimation, selon la direction de l’hôpital.

Depuis le début de l’épidémie, les décès de cinq autres médecins ont été rendus publics : un urgentiste de Compiègne (Oise) le 22 mars, puis le lendemain un gynécologue-obstétricien de 66 ans et un généraliste de 70 ans exerçant tous les deux dans le Haut-Rhin, un des principaux foyers de contamination du coronavirus en France, ainsi que deux généralistes de 60 ans et 68 ans en Moselle et en Haute-Saône.

  • Macron dans une usine de masques

Près d’Angers, face à la maladie qui se propage, et à la polémique qui enfle, Emmanuel Macron veut “montrer la mobilisation exceptionnelle de notre industrie pour faire face aux besoins liés à la crise du Covid-19”, explique l’Élysée. Le chef de l’État se rend dans la matinée à l’usine de masques de la PME Kolmi-Hopen, le plus gros des quatre producteurs français. Cette usine de masques FFP2 et chirurgicaux, située à Saint-Barthélémy-d’Anjou, tourne désormais 24 heures sur 24 pour accroître sa production.

La hausse de la production dans les quatre entreprises françaises de masques va permettre de porter la production nationale de 15 millions à 40 millions de masques par mois courant avril. Mais les besoins pour le personnel soignant et les Ehpad sont évalués à 40 millions par semaine, souligne l’Élysée.

  • Un milliard de masques venus de Chine

Pour répondre aux besoins, la France a commandé un milliard de masques et organise un “pont aérien” avec la Chine, dont la première livraison de 8,5 millions de masques est arrivée lundi. Une seconde livraison de Chine de 12 millions de masques est attendue mercredi, . 

Ces efforts ne suffisent pas, pour une partie de la classe politique. La patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, a accusé lundi le gouvernement de mentir sur “absolument tout” aux Français. Le premier ministre Edouard Philippe doit d’ailleurs réunir jeudi matin par visioconférence les présidents de partis politiques, responsables de groupes parlementaires et d’associations d’élus, afin de faire le point.

  • Trois décès potentiellement liés à des médicaments

En plein débat sur les bienfaits supposés de certains médicaments, l’Agence du médicament (ANSM) a alerté lundi soir sur les possibles “effets indésirables graves” de certains d’entre eux, actuellement testés.

“Une trentaine” d’effets indésirables graves, dont “trois décès” chez des patients atteints du coronavirus sont en cours d’investigation pour déterminer si ces événements sont en lien ou pas avec les traitements qui leur ont été administrés : le Plaquénil (hydroxychloroquine) mais aussi d’autres médicaments tels que le Kaletra (un antirétroviral associant lopinavir/ritonavir), selon Dominique Martin, le directeur général de l’ANSM.

  • Face à une épidémie inédite, plusieurs pistes à l’essai

Cette “épidémie inédite, sévère, meurtrière”, selon le Directeur général de la Santé Jérôme Salomon, a tué 418 personnes supplémentaires au cours des dernières 24 heures – la plus forte hausse journalière depuis le début de l’épidémie. Ce “virus très contagieux, avec une diffusion rapide” exerce “un impact sans précédent” sur les 717 établissements de santé mobilisés, selon lui.

Et Face à lui, “aucun médicament au monde n’a fait la preuve de son efficacité” a-t-il rappelé. Mais d’autres pistes sont à l’essai. L’assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) teste ainsi la possibilité d’oxygénation de patients à domicile, pour faire face à l’afflux de malades en Ile-de-France. Et une solution issue du sang d’un ver marin aux pouvoirs d’oxygénation très importants pourrait ainsi être administrée à dix patients dans le cadre d’un essai clinique.

  • Réouverture d’un quart des marchés alimentaires

Sur le front économique, les présidents des 18 régions de France ont annoncé lundi qu’ils allaient travailler à un plan de relance de l’économie en lien avec l’État. Un quart des 10 000 marchés alimentaires de France vont notamment rouvrir cette semaine sous conditions sanitaires strictes.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a appelé de son côté les entreprises ayant recours à des mesures de chômage partiel à ne pas verser de dividende, après l’avoir interdit aux groupes bénéficiant d’un report de charges. Plus de 500 000 entreprises ont demandé à bénéficier d’un report de charges sociales en mars.

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