Coronavirus en France : de nouvelles cartes et un projet de loi pour le déconfinement – Le Monde

Une banderole portant l’inscription « Du fric pour les services publics » affichée sur un balcon, le jour de la Fête des travailleurs, le 1er mai 2020, à Paris.

Une banderole portant l’inscription « Du fric pour les services publics » affichée sur un balcon, le jour de la Fête des travailleurs, le 1er mai 2020, à Paris. MARTIN BUREAU / AFP

Le gouvernement va proposer de prolonger l’état d’urgence contre le Covid-19 pour deux mois, jusqu’au 24 juillet, a annoncé le ministre de la santé, Olivier Véran, à l’issue du conseil des ministres. L’exécutif reste sous pression pour clarifier les modalités concrètes du déconfinement, notamment le casse-tête de la réouverture des écoles primaires et la polémique sur la vente des masques.

Le coronavirus a tué, depuis le 1er mars, 24 760 personnes en France, dont 166 entre vendredi et samedi. La tension dans les services de réanimation s’est encore un peu allégée avec 51 personnes en moins, a fait savoir le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Au total, 25 827 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection au coronavirus et 3 827 cas graves sont en réanimation.

Alors que le gouvernement a dévoilé les cartes de déconfinement progressif, ces dernières ont enregistré samedi une nouvelle modification : les tensions hospitalières en région PACA diminuent, ce qui entraîne le passage de l’ensemble de ses départements de « orange » à « vert ». Emmanuel Macron a prévenu encore vendredi que le 11 mai serait « une étape importante », mais pas le passage « à une vie normale ».

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  • Le texte prorogeant l’état d’urgence sanitaire présenté en conseil des ministres

Après un 1er-Mai confiné pour cause du coronavirus, le conseil des ministres s’est penché sur le projet de loi prorogeant l’urgence sanitaire jusqu’au 24 juillet. Son examen au Sénat est prévu dès lundi, avant qu’il ne soit transmis l’Assemblée nationale en vue d’une adoption définitive dans la semaine.

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Annoncé mardi lors de la présentation du plan de déconfinement devant l’Assemblée nationale par le premier ministre, Edouard Philippe, ce texte provoque des tensions au sein de la majorité, alors que des mesures sont susceptibles d’imposer des privations de liberté pour les personnes atteintes du virus et un fichage.

Le texte précise également que la mise en quarantaine et le placement à l’isolement, afin de lutter contre la propagation du virus, pourront intervenir « lors de l’arrivée sur le territoire national ».

Olivier Véran a enfin précisé les dispositifs de collecte d’informations sur les malades, qui ne seront « pas récoltées aux fins d’une application » mais permettront aux « brigades d’anges-gardiens » d’identifier les cas contacts des personnes testées positives. « Au 11 mai, non, il n’y aura pas d’application StopCovid disponible dans notre pays », a-t-il précisé au sujet de ce projet d’application de traçage controversée.

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  • De nouvelles cartes de déconfinement progressif

Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a présenté samedi soir une nouvelle cartographie provisoire des départements classés en rouge, orange ou vert selon le risque infectieux, après les premières moutures dévoilées jeudi qui contenaient des erreurs de comptage.

Carte présentée par le gouvernement, samedi 2 mai, sur l'état de l'épidémie en France par département, selon deux critères.

Carte présentée par le gouvernement, samedi 2 mai, sur l’état de l’épidémie en France par département, selon deux critères.

Une première carte représente l’intensité de la circulation du virus ; une seconde montre l’état de tension dans les hôpitaux, en particulier dans les services de réanimation. Dans la carte de synthèse, environ un tiers des départements sont classés « rouge » avec, sans surprise, l’ensemble de l’Ile-de-France et le quart nord-est du pays, les deux principales zones touchées. Le reste du pays se partage entre « orange » et « vert ». La tension hospitalière en région PACA diminuant, l’ensemble de ses départements est passé du « orange » au « vert » sur la carte de synthèse.

La carte sera mise à jour quotidiennement jusqu’au 7 mai, où ne resteront plus que deux catégories, vert et rouge, qui détermineront le niveau de relâchement des restrictions à partir du déconfinement prévu le 11 mai.

  • Une réouverture des écoles qui s’annonce très périlleuse

Des enfants de soignants en classe à l’école privée Eugène-Napoléon-Saint-Pierre-Fourier, à Paris, le 30 avril 2020.

Des enfants de soignants en classe à l’école privée Eugène-Napoléon-Saint-Pierre-Fourier, à Paris, le 30 avril 2020. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Parmi les principaux « casse-tête » du déconfinement, la réouverture des écoles primaires, qui s’annonce très périlleuse. La « majorité des écoles » seront au rendez-vous du 11 mai, a assuré le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, au Figaro, avec un maximum de 15 enfants par classe. Mais certains édiles ne veulent pas en entendre parler. Ainsi, huit maires centristes de Seine-Saint-Denis ont déjà exprimé leur intention de ne pas rouvrir leurs écoles. Comme beaucoup d’autres, ces maires s’inquiètent de la possible mise en cause de leur responsabilité pénale en cas de contamination d’enfants, d’enseignants ou de personnels.

Le président (LR) du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry, a « invité » les parents d’élèves du département « à ne pas scolariser leurs enfants avant le 25 mai » s’ils le peuvent « pour éviter de nouvelles chaînes de contamination ». A Paris, la réouverture des écoles sera réservée dans un premier temps « à un public prioritaire », c’est-à-dire aux enfants de certaines professions et aux élèves décrocheurs.

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La maire de Nantes (PS), Johanna Rolland, a prévenu samedi sur France Inter qu’il ne serait « pas possible » que tous les enfants retournent à l’école le 11 mai « si on veut respecter correctement les normes sanitaires », inscrites dans le protocole très strict dévoilé jeudi. « Cette réouverture sera progressive », a-t-elle insisté, en déplorant « un peu de flou du côté de l’Etat ».

  • La vente des masques, source de polémique

Autre source de tension en prévision du 11 mai : la vente des masques, dont le port sera obligatoire dans les transports publics. A dix jours du déconfinement, le gouvernement a décidé de plafonner le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l’unité, mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance.

On trouve sur Internet des masques vendus 20 ou 30 euros pièce. Face au risque d’abus, la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher a promis des enquêtes « chaque semaine, avec des relevés de prix, circuit de distribution par circuit de distribution », pour garantir l’accès à des prix raisonnables. L’objectif est « qu’une offre abondante de masques lavables et réutilisables à filtration garantie soit mise à disposition du public à un coût de l’ordre de 20 à 30 centimes d’euros à l’usage », a précisé le ministère de l’économie dans un communiqué.

Dans la grande distribution, les masques à usage unique seront vendus à partir du 4 mai « à prix coûtant » et les masques en tissu « entre deux et trois euros », a assuré sur Franceinfo Jacques Creyssel, de la Fédération du commerce et de la distribution, se défendant d’avoir des constitué des « stocks cachés ». Car, face au grand nombre de masques annoncés à la vente par les enseignes, les ordres des professions de santé, qui ont toujours du mal à s’en procurer, ont exprimé leur « consternation ».

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  • Un manque à gagner de deux milliards d’euros à la SNCF

La SNCF a déjà subi un manque à gagner de deux milliards d’euros du fait de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, a déclaré samedi son PDG, Jean-Pierre Farandou, qui a évoqué sur France Inter un « choc violent » se cumulant avec le milliard de manque à gagner subi pendant la grève contre la réforme des retraites.

Jean-Pierre Farandou a esquissé la perspective d’un plan d’aide de l’Etat pour soutenir l’entreprise ferroviaire, tout en envisageant des suppressions de postes. « Je crains que notre bilan, notre endettement soit trop important (…) », a-t-il souligné, tout en prévenant que « la thématique [de l’emploi] est sur la table » :

« Si la reprise est lente et si nous produisons moins de trains que par le passé, il ne sera pas anormal et illogique d’ajuster le niveau d’emploi au volume d’activité. »

  • La pratique du sport en club possible à partir du 11 mai

La pratique du sport en club sera possible à compter du 11 mai, à condition de respecter les précautions sanitaires, a annoncé samedi la ministre des sports, Roxana Maracineanu, sur Franceinfo. Elle pourra se faire en accueillant « dix personnes en extérieur pour le moment », a-t-elle ajouté. « On travaille sur la réouverture des équipements en fonction de l’évolution de la pandémie », a poursuivi la ministre. Le sport en club pourra se faire « quel que soit le sport, sauf les sports collectifs et de contact. Toutes les associations y compris celles de judo et de sports collectifs pourront proposer des activités avec une distanciation respectée. »

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  • Un chat testé positif au coronavirus

Pour la première fois en France, un chat a été testé positif au coronavirus, amenant l’Ecole vétérinaire d’Alfort (ENVA) à recommander aux personnes malades une distanciation avec leurs animaux de compagnie. « Il n’est pas forcément étonnant de retrouver un chat porteur de ce virus puisque cela a déjà été décrit, à Hongkong [un cas], en Belgique [un cas] et à New York [deux cas], mais cela reste un phénomène rare », précise Sophie Le Poder, professeure de virologie à l’ENVA. Malgré plusieurs études sur le sujet, il n’existe toujours aucune preuve que ces rares animaux de compagnie infectés par le nouveau coronavirus puissent contaminer l’homme en retour.

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Le Monde avec AFP

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