Coronavirus en Espagne : Le pays devient leader de la vaccination en Europe, avec la confiance totale de la population – 20 Minutes

Sans réticence ni polémique. Avec environ 61 % de sa population complètement vaccinée contre le coronavirus, l’Espagne fait figure de premier de la classe en Europe. Par ailleurs, plus de 70 % des Espagnols ont déjà reçu au moins une première dose. Avec de tels chiffres, le pays s’épargne des mesures (et les débats qui vont avec) telles que le pass sanitaire ou l’ obligation vaccinale. « Nous n’avons pas eu à adopter cette mesure, car pratiquement tous les enseignants, et pratiquement tous les citoyens, se font vacciner volontairement », a commenté lundi la ministre de l’Education, Pilar Alegría, à la radio Cadena Ser.

De quoi rendre jaloux certains gouvernements européens comme en France ou week-end dernier 237.000 personnes ont manifesté partout en France​ pour le quatrième samedi consécutif. Actuellement 56 % des Français ont un schéma vaccinal complet. Ce chiffre monte à 58 % en Italie et 55 % en Allemagne. Même hors UE, l’Espagne fait mieux que le Royaume-Uni (58,5 %) et les Etats-unis (un peu plus de 50 %).

Une confiance inébranlable de la population

L’un des « éléments-clé » du succès de la campagne de vaccination en Espagne a été « la confiance dans le système de santé », explique Josep Lobera, professeur de sociologie à l’Université autonome de Madrid. Membre du comité national pour la stratégie de vaccination, il a été chargé par les autorités d’étudier comment les Espagnols allaient accepter le vaccin. Lui et ses collègues ont constaté qu’ils étaient « avantagés par rapport à d’autres pays, car la confiance dans les vaccins en général, et dans les vaccins infantiles en particulier, était traditionnellement plus élevée que dans les autres pays européens ».

Selon une étude menée dans 15 pays par l’Imperial College London et publiée en juin, 79 % des Espagnols avaient confiance dans les vaccins contre le coronavirus, contre seulement 62 % des Américains, 56 % des Français ou 47 % des Japonais. Le professeur Lobera explique cette attitude par le fait que les Espagnols associent le système de santé publique à la modernité, dans un pays qui avait soif de celle-ci à la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.

Une forte solidarité familiale

« J’ai confiance à 100 %, à 200 % » dans le système de santé, lance Inés Gómez Calvo, graphiste de 28 ans, qui patiente sous un soleil de plomb dans la longue file d’attente qui mène au complexe sportif Wizink de Madrid, transformé en centre de vaccination ouvert 24h/24h. Pour Alejandro Costales, un avocat de 30 ans, le vaccin signifie « prendre soin » de sa famille, « avoir la garantie d’aller chez soi, de revenir et de ne pas les infecter ».

Les liens familiaux jouent également un rôle primordial, dans un pays où plus de la moitié (55 %) des 25-29 ans vivaient encore chez leurs parents en 2020, d’après l’Institut national de la statistique. Le sociologue Josep Lobera estime qu’il s’agit d’une question culturelle, mais aussi économique, car « les jeunes ont beaucoup plus de difficultés à devenir indépendants, il y a une plus grande précarité de l’emploi, et cela signifie que la famille a joué le rôle de bouée de sauvetage » dans les crises.

Le traumatisme de la polio

Les Espagnols les plus âgés gardent aussi en mémoire les ravages causés à des milliers d’enfants nés entre 1955 et 1965 par le retard de la vaccination contre la polio. Alors que dans de nombreux pays la vaccination avait commencé au milieu des années 1950, il a fallu attendre près de dix ans de plus en Espagne. Une négligence dissimulée par la censure de l’époque, qui a récemment conduit le gouvernement à reconnaître les personnes qui en ont souffert comme des victimes du régime de Franco.

« Ce fut une situation absolument désastreuse », se souvient Javier García, président de l’association Cota Cero et lui-même victime de la polio. Aujourd’hui âgé de 60 ans et en fauteuil roulant, Javier García n’a pu se tenir debout avant l’âge de quatre ans et a subi 17 opérations des jambes dans son enfance. Alors, quand on l’interroge sur le vaccin contre le coronavirus, il est catégorique : « Il est important que tout le monde le reçoive, et le plus tôt sera le mieux ».

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