Coronavirus : devant la commission d’enquête, les critiques en creux de Touraine et Bachelot – Le Monde

Audition de Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la santé et des sports, à l’Assemblée nationale, le 1er juillet.

Au fil des auditions de la commission d’enquête parlementaire sur le Covid-19, un mot revient comme un fil rouge : « doctrine ». Avec une question qui n’a toujours pas été élucidée, après des dizaines d’heures d’audition : quelle était la « doctrine » de la France concernant les masques lorsque l’épidémie a déferlé sur le territoire ? Mercredi 1er juillet, ce point crucial a de nouveau été au cœur de l’audition de Marisol Touraine, ministre de la santé de 2012 à 2017. Face aux députés, cette dernière a précisé les contours de ce qui s’avère être une double « affaire » : celle du stock stratégique national, et celle des stocks des hôpitaux.

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Face à des députés un peu perdus, elle est revenue en détail sur le contenu de deux documents distincts, sorte « de mode d’emploi » des masques en temps de crise. Le premier, daté de 2011, est un avis du Haut Conseil de santé publique : il fait le point sur l’efficacité des masques en cas de pandémie lié à « un agent infectieux transmissible par voie respiratoire hautement pathogène », et donne des « recommandations pour déterminer un dimensionnement des stocks ». Le second, daté de 2013, est une note du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), présentant la « nouvelle de doctrine de protection des travailleurs face aux maladies hautement pathogènes à transmission respiratoire » et précisant l’utilisation des masques chirurgicaux et FFP2 (plus protecteurs).

Pour l’ancienne ministre, aucun doute : les hôpitaux avaient déjà l’obligation de constituer des stocks pour faire face à une éventuelle pandémie, et ces textes ne font que la préciser. « La responsabilité des employeurs à l’égard de leurs salariés (…) est inscrite dans le code du travail depuis 2007 », a souligné Marisol Touraine. Dans une circulaire datant du 21 août 2013, qu’elle cite à l’appui de ses propos, il est ainsi bien mentionné que « les stocks de masques chirurgicaux de l’Eprus [Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires] sont destinés aux cas et à leurs contacts ».

Questions embarrassantes

Mais les établissements de santé étaient-ils pour autant informés qu’ils ne pourraient pas compter sur le stock stratégique de l’Etat en cas de pandémie ? Ont-ils reçu des moyens pour constituer leurs propres stocks ? Un dispositif de contrôle a-t-il été mis en place pour vérifier que les stocks étaient bien constitués ? Face aux députés, Marisol Touraine, esquive ces questions embarrassantes, préférant détailler les mesures prises sous le quinquennat de François Hollande pour renforcer le stock stratégique.

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