Coronavirus : déconfinement, bac, municipales… ce qu’il faut retenir du grand oral d’Édouard Philippe – Le Figaro

Occuper le terrain, partout, tout le temps. Tel est le leitmotiv de l’exécutif depuis le début de la crise du coronavirus. Ainsi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe se sont-ils minutieusement réparti les rôles : le président de la République rassure et soutient les Français ; le premier ministre les informe. C’est dans cette logique que le chef du gouvernement a accepté l’invitation de TF1/LCI, où il s’est livré à un long exercice de pédagogie en direct ce jeudi soir. L’occasion de répondre à toutes les questions, et à toutes les critiques.

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● «Le virus n’est pas en vacances», donc «il ne doit pas y avoir de départ» des Français

À la veille des vacances de Pâques, Édouard Philippe a fait appel au «sens du civisme», à une «forme de discipline» et à une «forme d’effort collectif» des Français. En clair, il les a appelé à continuer de respecter «très strictement et très rigoureusement les consignes» de confinement. «Le virus n’est pas en vacances», a rappelé le premier ministre, selon qui «il ne doit pas y avoir de départ dans les jours qui viennent». «Aucun», a-t-il insisté, sans quoi cela «viendrait ruiner l’effort collectif auquel nous consentons depuis près de trois semaines».

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● Le confinement sera «probablement» prolongé au-delà du 15 avril

Tandis que le Conseil scientifique a préconisé, dans un récent rapport, de fixer la durée du confinement à six semaines minimum, Édouard Philippe a rappelé que la France avait décidé de l’instaurer «au moins jusqu’au 15 avril». Selon le premier ministre, c’est bel et bien cette «logique» qui «doit prévaloir» aujourd’hui, malgré les «impatiences». C’est pourquoi le confinement durera «peut-être plus longtemps (qu’un mois), si les consignes sanitaires l’exigent». «Quand je dis ‘peut-être plus longtemps’, ça veut dire ‘probablement’», a-t-il concédé.

● «Le déconfinement, ça n’est pas pour demain matin»

Interrogé sur la perspective du déconfinement, Édouard Philippe a reconnu que «beaucoup de questions» se posent sur cette problématique, mais qu’il n’a «pas toutes les réponses». S’agira-t-il d’un déconfinement par région ? S’agira-t-il d’un déconfinement par génération ? S’agira-t-il d’un déconfinement par sérologie ? «Ce qui est acquis, c’est que le déconfinement ne pourra intervenir que de façon progressive», a-t-il indiqué, annonçant avoir demandé à Jean Castex, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, de travailler sur les différents scenarii envisagés. «Le déconfinement, ça n’est pas pour demain matin», a toutefois tenu à préciser le premier ministre.

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● L’exécutif privilégie la piste du «contrôle continu complet» pour le baccalauréat

Plongés dans l’incertitude quant à la tenue du baccalauréat, les quelque 750.000 lycéens français seront fixés «très prochainement» sur «les conditions dans lesquelles» leur examen se déroulera cette année. «Il est à peu près acquis aujourd’hui, et même, disons-le, acquis définitivement, que les épreuves du baccalauréat ne pourront pas se dérouler au mois de juin comme elles se déroulent chaque année. Et qu’elles ne pourront pas non plus se dérouler au mois de juillet, ce qui a évidemment été une hypothèse, parce que ça poserait d’autres problèmes, de compatibilité avec des concours…», a confirmé le premier ministre.

«Ça veut dire qu’il va très probablement falloir organiser les épreuves du Bac 2020 d’une façon totalement neuve et totalement originale. (…) Soit ce sera un contrôle continu complet. Soit on peut espérer conjuguer à ce contrôle continu une épreuve qui serait organisée à la fin du mois de juin (…). Je crois, pour ma part que c’est sur la piste du contrôle continu le plus complet qu’il va falloir se reposer (…)», a-t-il détaillé.

● «L’hôpital est soumis à une pression considérable», mais «le système va tenir»

Fier de la «prouesse scientifique et technique» qui a permis d’évacuer «ce week-end plus de 550 patients intubés et ventilés», transférés du Grand Est vers des zones moins saturées du pays, Édouard Philippe a rappelé l’objectif fixé : «faire en sorte que les admissions en réanimation ne dépassent jamais les capacités». «L’hôpital est soumis à une pression considérable. Mais il tient. Il tient encore (…). Avec de très nombreuses difficultés – je ne les cache pas (…). Le système va tenir, mais il faut rester concentré, il faut rester vigilant», a-t-il martelé.

● «Tension» autour de certaines molécules de réanimation, aux stocks «plus limités»

Alors que la «consommation de produits nécessaires à la réanimation (médicaments ou consommables) explose dans proportions jamais imaginées», soit à hauteur de «près de 2000%», Édouard Philippe a reconnu qu’«il y a des tensions très fortes dans l’approvisionnement d’un certain nombre de molécules». Le chef du gouvernement a indiqué que «huit molécules sont indispensables pour les soins en réanimation». «Un certain nombre est en stock suffisant», mais «pour d’autres, les stocks sont plus limités, donc les tensions et les inquiétudes des soignants sont réelles». «Ma priorité numéro 1 de premier ministre, c’est de sourcer et d’être capable de répondre à la demande», a affirmé le chef du gouvernement, selon qui «nous avons des ressources, et nous avons la volonté».

● Recevoir les masques commandés à la Chine n’est «pas toujours facile»

Alors que la France a commandé «plus d’un milliard» de masques chirurgicaux et FFP2 à la Chine, un pont aérien a été mis en place entre les deux pays afin de faciliter l’approvisionnement de ce matériel. «Nous avons passé commande, il faut maintenant obtenir les livraisons. C’est un exercice qui n’est pas toujours facile», a concédé Édouard Philippe. Confirmant les propos d’Emmanuel Macron, qui a dit vouloir atteindre «l’indépendance pleine et entière» de la France dans la production de masques «d’ici la fin de l’année», le premier ministre a souligné que l’Hexagone compte «quatre producteurs de masques» sur son sol. «C’est peu mais c’est déjà ça», a-t-il considéré.

● «Objectif» d’«augmenter notre capacité de test, virologiques ou sérologiques»

S’il n’est «pas sûr qu’il faudrait que l’on teste tout le monde (par virologie) pour garantir le fait qu’on puisse ressortir», Édouard Philippe a considéré que «le vrai sujet, c’est les tests sérologiques». «On pourra en faire beaucoup quand ils existeront», a-t-il indiqué. «Notre objectif, c’est de faire en sorte d’augmenter notre capacité de tests, qu’ils soient virologiques ou sérologiques». La différence entre ces deux types de tests est simple : les tests virologiques permettent d’obtenir une photographie de sa situation à l’instant précis où l’on se fait dépister ; tandis que les tests sérologiques permettent de savoir si l’on a déjà été contaminé par le passé, et si l’on est immunisé contre le virus. Enfin, le chef du gouvernement a annoncé que nous allons «vers des tests plus systématiques et plus nombreux dans des établissements où on sait qu’ils sont plus fragiles face au virus», comme les EHPAD notamment.

● «Il faudra donner les moyens à l’hôpital de se reconstruire et se réorganiser»

Conformément à l’engagement d’Emmanuel Macron, qui a promis un «plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières» dans l’hôpital, Édouard Philippe a confirmé qu’il faudra «tirer les leçons» de la séquence actuelle. «Le choc est rude et aura été encore plus rude à la fin de cette crise sanitaire. Il faudra tirer les moyens à l’hôpital de se reconstruire et de se réorganiser pour faire face dans la durée à l’épidémie». En clair, prendre en compte les manquements du passé, mais aussi préparer l’avenir. «Les leçons que nous allons tirer doivent nous permettre (…) de nous donner l’agilité nécessaire pour faire face aux hypothèses telles que celles-ci ou différentes : je sais bien que lorsqu’on prépare la crise d’avant on a rarement la solution à la crise d’après», a-t-il reconnu.

● Le report des élections municipales en impliquerait de réorganiser le premier tour

Comme l’a révélé Le Figaro mercredi, Édouard Philippe a confirmé que l’exécutif envisageait bel et bien de reporter les élections municipales au mois d’octobre. «Si on fait le constat, en mai, qu’il n’est pas possible d’organiser le deuxième tour des élections municipales en juin – ce que beaucoup d’observateurs et d’acteurs de la vie politique pressentent ou ressentent… Si nous constatons que ce n’est pas possible, alors il faudra décaler les élections. Peut-être en octobre, peut-être après», a-t-il indiqué.

«Dans les 30.143 communes où les élections ont permis la composition d’un conseil municipal dès le premier tour, il n’est pas question de revenir sur ces résultats», a-t-il certifié. En revanche, «si pour les 5000 communes restantes il faut organiser le deuxième tour non pas en juin mais beaucoup plus tard, alors il faudra très probablement réorganiser les deux tours de ces élections municipales», a-t-il conclu, promettant d’associer le Parlement à une telle décision.

● «Augmenter les impôts» pour sortir de la crise serait «la pire des choses»

«La crise sanitaire va devenir une crise économique», a affirmé Édouard Philippe, «parce que le coup de frein est si brutal, si massif, et si durable qu’il va falloir aider le pays à franchir cette crise et à redémarrer». «La pire des choses, quand on traverse une crise, serait d’augmenter les impôts», a-t-il prévenu. «Nous devons nous organiser pour que le pays tienne, pour que les entreprises subsistent, et pour qu’une fois passée la crise sanitaire, soit lancé un plan de relance national, un plan de relance européen – je l’espère -, et un plan de relance mondial – peut-être».

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