Coronavirus. Dans quelles circonstances la France pourrait-elle à nouveau être confinée ? – Ouest-France

La date était entourée en rouge, dans tous les agendas. Le 11 mai, lundi, la France a commencé à lever, progressivement, les mesures de confinement destinées à endiguer l’épidémie de Covid-19. Mais l’une des constantes de la pandémie de coronavirus, c’est que la situation évolue rapidement, et que rien n’est gravé dans le marbre. Et le déconfinement n’échappe pas à cette règle. « Un reconfinement en urgence doit être anticipé », indiquait Jean Castex, le haut fonctionnaire chargé de coordonner la stratégie de déconfinement du gouvernement, dans un rapport publié ce lundi 11 mai.

Mais dans quelles conditions les restrictions de circulation pourraient-elles, à nouveau, entrer en vigueur ? Pour comprendre, il faut d’abord revenir sur le confinement en lui-même. Ces mesures ont un objectif très clair : « Limiter le nombre de formes graves pour permettre à notre système de soin de rester efficace ». C’est ce qu’expliquait le professeur Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, le 27 mars au journal Le Figaro .

Ainsi, la sortie du confinement a commencé à se dessiner après une décrue du nombre de patients admis dans les services de réanimation. Mais si le nombre de contaminations repart à la hausse, avec celui des hospitalisations dans son sillage, tout pourrait changer. Et le confinement pourrait alors revenir.

Quels sont les critères retenus par les autorités ?

De reconfinement, il en a beaucoup été question mardi, à l’Assemblée nationale. Au lendemain du début de la levée du confinement, Jean Castex a répondu aux questions des députés de la mission d’information sur le coronavirus.

Masque de protection sur le visage, le maire de Prades (Pyrénées-Orientales) est longuement revenu sur les conditions qui pourraient amener le gouvernement à prendre, à nouveau, des mesures de confinement. Il a notamment évoqué « trois séries d’indicateurs », dont l’évolution permettra de déterminer si oui ou non il faut remettre le pays sous cloche.

Le premier concerne la circulation du virus sur le territoire. Il prend en compte plusieurs éléments, comme les « passages aux urgences pour suspicion de Covid », ou l’activité de SOS Médecins, par exemple. Objectif : jauger l’intensité de l’épidémie de coronavirus en France.

Le second indicateur concerne les capacités des hôpitaux. En particulier dans les services de réanimation. L’équation est très simple : si le nombre de cas de coronavirus augmente fortement et que les hôpitaux sont surchargés, il faudra alors revenir à la mesure mise en place pour soulager le système de soins, c’est-à-dire le confinement. Cet indicateur dépend beaucoup des capacités hospitalières des différentes régions.

Troisième critère, « les résultats des tests virologiques que nous allons engager ». Il s’agit là de se pencher sur leur « taux de couverture » et leurs résultats. Il s’agit, là aussi, d’un indicateur permettant de déterminer à quelle intensité circule le virus en France.

Quelle est la situation sanitaire en France, aujourd’hui ?

Avec 348 décès en vingt-quatre heures, le bilan de la pandémie de Covid-19 en France est en hausse. C’est ce que soulignent les derniers bilans dressés par les autorités sanitaires, le 12 mai au soir. Mais la pression sur le système de soins baisse encore. 21 595 patients étaient hospitalisés pour cause d’infection au coronavirus mardi soir, contre 24 775 il y a une semaine. Même tendance dans les services de réanimation, avec 2 542 patients hospitalisés contre 2 712 la veille. C’est moins que les 5 000 lits en réanimation que comptait la France avant le début de l’épidémie, chiffre qui a depuis augmenté.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur l’évolution de l’épidémie sur le territoire, quelques jours après le début de la levée des restrictions de circulation, et alors que selon plusieurs scientifiques, la France n’est pas condamnée à subir une seconde vague épidémique.

Reste une question : quand sera-t-il possible de savoir si le déconfinement ne s’est pas accompagné d’une recrudescence des infections et des hospitalisations ? France Info a posé la question à Jacques Battistoni, le président du syndicat de médecins MG France. « Il a fallu deux ou trois semaines pour commencer à mesurer les premiers effets » du confinement, rappelle-t-il. Et avec la sortie de celui-ci, « ça sera la même chose ».

Selon lui, « c’est au début du mois de juin qu’on saura si, effectivement, on peut progressivement diminuer un petit peu les contraintes qui pèsent sur les gens ». En attendant, il invite les Français à être « très prudents ». Et insiste sur l’importance du port du masque de protection dans l’espace public.

Jean Castex a dit la même chose, mardi à l’Assemblée nationale : « Il ne faut pas se démobiliser. Il faut que nous restions concentrés ». Notamment en continuant à respecter les mesures de distanciation physique, les gestes barrière… et toutes les mesures qui permettent d’endiguer la progression du Covid-19. Et « s’il y a un certain nombre d’indicateurs qui se dégradent, on ne va pas attendre le 2 juin pour en tirer les conséquences », a-t-il encore dit mardi. C’est l’horizon fixé par le Premier ministre Édouard Philippe « pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement ».

Et ailleurs dans le monde, quelle est la situation ?

La France n’est pas le seul pays à avoir levé, progressivement, son confinement. Jean Castex, toujours, a évoqué la situation de l’Allemagne, devant les députés. Si le pays a été salué pour sa gestion de l’épidémie, il a enregistré « des signaux inquiétants » après la levée des mesures de confinement.

Explications : dimanche soir, l’Institut national de virologie Robert-Koch indiquait que le taux d’infection au coronavirus avait augmenté dans le pays. Il s’agit du taux de « reproduction » du virus, c’est-à-dire du nombre de personnes qu’une personne contaminée va infecter à son tour. En quelques jours, ce chiffre est passé de 0,7 à 1,1. Soit « autour de la zone considérée comme potentiellement dangereuse », selon l’AFP.

Seulement voilà : ce chiffre est à nouveau tombé à 0,94 mardi. Et quand ce taux de reproduction tombe sous la barre du 1, cela signifie que l’épidémie ralentit.

Autre exemple de pays reconnu pour sa bonne gestion de la maladie, et qui a commencé à lever ses restrictions : la Corée du Sud. À Séoul, la capitale, au moins 119 cas de Covid-19 ont été recensés dans des bars et boîtes de nuit qui avaient rouvert leurs portes dans le cadre de l’assouplissement du confinement. Les autorités ont d’ailleurs fermé les établissements de nuit de la ville.

Conclusion de Park Won-soon, la maire de Séoul : « La négligence peut entraîner une explosion des infections ». Et le constat est valable sur tous les territoires touchés par la pandémie de Covid-19.

Partager cet article Le 11 mai, au premier jour du déconfinement, à Paris. (ILLUSTRATION)

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