Coronavirus: ce que disent les courbes de cas, morts et hospitalisations – Le HuffPost
8911 personnes sont mortes des suites de la maladie dans l’Hexagone, dont 6494 décès à l’hôpital. 74.390 cas ont été confirmés et près de 30.000 personnes sont hospitalisés, dont environ 7000 en réanimation. Si c’est une forte hausse des décès, l’évolution de certains indicateurs semble par contre aller dans le bon sens, mais “c’est justement parce qu’on a les premiers signes qui montrent que le confinement commence à agir qu’il faut le poursuivre”, a insisté auprès de l’AFP le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
Surtout qu’il faut analyser ces chiffres avec prudence, car les différentes courbes peuvent être informatives sur l’évolution de l’épidémie, mais ont chacune leurs biais. Voici quelques éléments pour comprendre ces statistiques et voir comment les exemples de nos voisins durement touchés par le coronavirus, l’Italie et l’Espagne, peuvent nous éclairer (mais aussi nous induire en erreur).
Le nombre de cas
C’est l’un des indicateurs les plus utilisés. Ici, on voit que les courbes des trois pays, au départ exponentielles (c’est-à-dire doublant régulièrement, augmentant donc de plus en plus vite), commencent à ressembler de plus en plus à une droite oblique. Le but: qu’elles deviennent horizontales, ce qui veut dire qu’il n’y aura plus de nouveaux cas quotidiens. Nous avons fait démarrer les trois pays au même moment: le jour où la barre des 100 cas a été franchie.
La stagnation est encore plus claire si l’on regarde le nombre quotidien de nouveaux cas recensés officiellement en France, Espagne et Italie. On voit qu’après une période de croissance, ce nombre journalier stagne, voire baisse pour l’Italie et l’Espagne.
C’est ce que permettent en théorie les différentes mesures prises par les gouvernements, dont le confinement: en faisant baisser les contacts entre personnes, on diminue la propagation du virus. Le but, c’est que chaque individu infecté contamine moins d’une personne. Quand cela a lieu, c’est que le “pic” épidémique est passé: le nombre de nouveaux infectés baisse alors plus ou moins vite (avec un délai qui correspond au dépistage suite à l’apparition de symptômes).
Le nombre de morts
Cet indicateur est normalement plus fiable, car malheureusement, les décès sont en général mieux encadrés. Mais ici aussi, il y a des biais importants. Ainsi, jusqu’à ces derniers jours, la France ne comptabilisait que les décès en hôpitaux liés au Covid-19. Depuis peu, le gouvernement dénombre également le nombre de décès recensé en Ehpad.
En Italie et en Espagne, on comptabilise les patients décédés qui ont été diagnostiqués même en dehors de l’hôpital, rappelleLibération. Mais vu que les tests ne sont pas systématiques, une partie des victimes ne sont pas comptabilisées. Ci-dessous, le graphique démarre quand plus de 10 décès ont été officiellement comptabilisés dans chaque pays (uniquement en hôpitaux pour la France, afin de ne pas fausser l’évolution de la courbe).
On voit que l’Italie semble avoir atteint son pic un peu avant le 20e jour de confinement. Reste à voir si la France et l’Espagne (en bonne voie) vont suivre le même chemin.
Les hospitalisations
C’est l’élément clé pour le gouvernement français, a rappelé à de nombreuses reprises le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. Plutôt fiable, il permet de voir l’évolution de la maladie. Il permet surtout aux autorités de surveiller l’état du système hospitalier et le risque d’engorgement, notamment dans les services de réanimation.
Comme pour les courbes des cas et des décès, les courbes liées au nombre actuel d’hospitalisations semblent augmenter de moins en moins vite. Mais elles ne diminuent pas encore, “loin de là”, comme l’a rappelé le ministre de la Santé.
Ci-dessous, on voit que pour le nombre de personnes hospitalisées et en réanimation, les courbes françaises et espagnoles ralentissent, mais seule celles de l’Italie semblent avoir atteint leur pic. Logique: le pays a été touché plus tôt et a pris des mesures de distanciation sociale une semaine avant. Mais même en Italie, la bataille est loin d’être gagnée, sans parler du risque d’un renouveau de l’épidémie.