Coronavirus : avez-vous prévu de remettre votre enfant à l’école le 11 mai ? – Midi Libre

Le retour à l’école, à partir du 11 mai, constitue l’une des inconnues du processus de déconfinement pour un grand nombre de parents. Midi Libre a interrogé ses lecteurs : une majorité d’entre eux (60 %) ne souhaite pas laisser ses enfants à l’école. Jean-Michel Blanquer estime pour sa part “qu’une majorité des écoles rouvrira partout sur le territoire”. 

La question obnubile tous les parents à l’heure actuelle. Faut-il laisser ses enfants retourner à l’école le 11 mai ? Nous avons initié un sondage auprès de nos lecteurs sur Twitter. Sur 500 votes, 65 % répondent non, 23 % oui, 12 % sont indécis. Ce résultat, sans fondement scientifique, offre toutefois une photographie de l’opinion des parents. Ceux qui répondent non préfèrent attendre le mois de septembre.

Le flou actuel sur les conditions d’un retour à l’école suscitent de multiples interrogations et l’inquiétude des parents. L’établissement de mon enfant sera-t-il assez grand pour respecter les mesures de distanciation, les gestes barrières seront-ils adoptés, pourront-ils manger à la cantine ou même prendre le transport scolaire… 

Angélique : “Le problème sera le même en septembre”

Angélique, 39 ans, est confinée avec sa petite Adèle, 4 ans, dans leur appartement à Montpellier. Même si elle souhaite que sa fille retourne à l’école, ses sentiments sont partagés. “Je compte remettre ma fille à l’école, à la fin du confinement, pour plusieurs raisons. Tout d abord pour son bien-être psychologique. Fille unique, elle n’a vu aucun enfant depuis des mois et elle ne vit qu’avec moi. La vie en société et le rapport avec les autres sont des choses primordiales à apprendre en moyenne section de maternelle.” Cette cadre dans une grande entreprise pense aussi à la reprise du travail : “J’aimerais également reprendre le travail. J’espère que l’école pourra rouvrir et que ma fille sera accueillie mais elle n’est pas prioritaire pour le moment. Après je ne vous cache pas mon inquiétude. On ne sait pas si ça peut être dangereux pour sa santé ni pour la mienne ni pour les autres. Les gestes barrières en maternelle sont impossibles à tenir mais le problème sera le même en septembre de toute façon. Et la vie c’est un risque à prendre. Je crois qu’il n y a pas de mauvaises ou de bonnes décisions. Pour le moment le mien est  de remettre mon enfant à l’école.”

Marie : “Une meilleure organisation en septembre”

Marie, mère au foyer de deux enfants en maternelle et primaire à Sète, ne remettra pas ses enfants à l’école le 11 mai. “J’ai la possibilité de les garder à la maison. Les délais sont trop courts pour que les établissements scolaires aient le temps de mettre le protocole du ministère en application. Je ne suis pas sûre que la distanciation et les précautions d’hygiène soient bien respectés. Une rentrée en septembre permettra à tout le monde de bien s’organiser.”

Catherine : “Ils s’étiolent à force de rester enfermés”

Catherine, Nîmoise de 42 ans et commerçante, n’a pas le choix. Ses deux enfants, inscrits au collège, devraient reprendre le chemin des classes le 18 mai. Un brin fataliste, elle s’est fait une raison : “Je n’ai encore aucune confirmation de la part du collège. Aucune modalité d’accueil ne nous a été précisée. Je ne sais pas si le transport scolaire reprend, si une partie seulement des élèves sera accueillie ou bien la totalité, pas d’infos non plus sur les masques ou même sur la cantine. Malgré tout, je pense qu’il faut apprendre à vivre avec cette menace et que les choses n’auront sans doute pas véritablement évolué en septembre. En outre, la motivation des enfants décroît de semaine en semaine. Il est de plus en plus difficile de travailler à la maison. On les a privés de leur vie depuis le 13 mars, ils n’ont vu personne hormis leurs parents, ils commencent à s’étioler à force de rester enfermés.”

Christine : “La maîtresse ne peut pas faire classe et des visios”

Christine, en télétravail à Montpellier depuis le début de la crise, a la garde de ses deux enfants. Son aîné, en terminale, sait qu’il ne passera pas le bac et ne retournera sans doute pas au lycée. Le problème est tout autre avec sa fille. “Rose va avoir 11 ans le 12 mai, jour de sa reprise certainement, elle est ravie ! Nous avons de la chance, son instit a fait un boulot de suivi monstrueux, avec plein d’exercices, mais aussi des choses plus ludiques et culturelles, que tous les CM2 pouvaient partager sur un groupe Whatsapp qu’elle a créé. Plus deux visios par jour pour les aider dans leurs devoirs, répondre à leurs questions… Je me pose beaucoup de questions. Si je ne la mets pas à l’école, quel suivi des devoirs ? La maîtresse ne pourra à la fois faire classe et maintenir des visios avec ceux qui restent. L’année prochaine, c’est la 6e, avec un “trou” dans sa scolarité de quasiment la moitié du CM2, comment bien arriver à suivre ? Rose a des soucis ORL, elle est sujette à des bronchites régulièrement. Un terrain “accueillant” pour le Covid qui avait incité notre généraliste à la “confiner” quelques jours avant la fermeture des écoles. Est ce bien raisonnable de reprendre maintenant ?

Des cours en visio sur la plateforme Discord.
Des cours en visio sur la plateforme Discord. – MAXPPP – Remy Le Morvan

En conclusion : il est impossible pour moi de continuer le télétravail donc c’est peut être contrainte que je vais devoir la mettre à l’école. Même si j’ai totalement confiance en sa maîtresse et l’équipe éducative de l’école Ronsard à Montpellier pour que toutes les conditions d’accueil soient réunies (nombre restreint d’élèves par classe, nettoyage des locaux, équipement masque/visière, la maîtresse leur a déjà expliqué comment elle serait équipée, prise de température à l’entrée… l’école, lieu d’échange et de vie en collectivité par excellence, ne pourra pas les empêcher de s’approcher et, du coup, de s’exposer…”

Le scepticisme des élus et des syndicats d’enseignants

Ces interrogations sont partagés également par des élus locaux, des syndicats d’enseignants et les fédérations de parents d’élèves. Ils ont exprimé depuis leur scepticisme quant à l’opportunité d’une telle reprise et leur inquiétude quant à ses conditions sanitaires et pédagogiques.

Plusieurs maires dans la région ont déjà annoncé leur intention de garder les écoles fermées. Julien Sanchez à Beaucaire a annoncé que les écoles ne rouvriraient pas le 11 mai. Laurent Jaoul à Saint-Brès (Hérault) a pris un arrêté municipal en ce sens. Le maire de Montpellier, Philippe Saurel, plaidait également pour une rentrée en septembre. A Nîmes, le maire Jean-Paul Fournier a lancé un sondage auprès des parents d’élèves.

Une majorité d’écoles ouvertes annonce Blanquer

La majorité des écoles de France devraient pouvoir rouvrir le 11 mai, a pour sa part indiqué le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, dans un entretien au Figaro vendredi, alors que les conditions du retour en classe constituent l’une des inconnues de la levée annoncée des mesures de confinement.

“Je pense que la majorité des écoles rouvrira partout sur le territoire ainsi que la majorité des collèges en zone verte”, a dit le ministre au quotidien en référence au classement par couleurs (rouge, orange ou vert) des départements sur lequel s’appuieront les modalités définitives du déconfinement.

Lors de la présentation mardi du son plan général du gouvernement pour la sortie du confinement, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé la réouverture progressive des écoles maternelles et élémentaires à compter du 11 mai “sur la base du volontariat” et celle des collèges à partir du 18 mai.  Dans l’entretien au Figaro, Jean-Michel Blanquer juge “normal que le sujet de l’école soit celui qui suscite le plus grand nombre de questionnements”.

“Nous devons avoir beaucoup de souplesse, au regard des réalités territoriales et des différents âges de l’enfant. Avec une priorité clairement affichée pour l’école primaire”, ajoute-t-il. Il estime que “les CP et CE1 en REP et REP+, soit 300 000 enfants, vont pouvoir rouvrir très vite, car les classes sont de douze élèves”.

“Nous avons aussi de petites classes de moins de 15 élèves en milieu rural qui comptent 60.000 enfants. On a prévu beaucoup de souplesse locale pour que chaque école puisse régler son flux d’élèves en fonction des réalités locales.”

Blanquer : deux scénarios en septembre

Jean-Michel Blanquer évoque deux scénarios pour la rentrée de septembre : “Soit le virus n’est plus là et l’on tirera les conséquences de ce qui s’est passé, avec parfois des acquis, sur le progrès des usages numériques, les parcours plus personnalisés et la nécessité de renforcer les élèves qui ont pris du retard. Soit le virus est encore là et nous devrons continuer à travailler de manière particulière.”

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