COP26 : “On a l’impression que les gens ne comprennent pas” l’urgence de la lutte contre le réchauffement clim – franceinfo

“On a l’impression que les gens ne comprennent pas” l’urgence de la lutte contre le réchauffement climatique et les graves conséquences de ce réchauffement sur la Terre et sur nos vies, déplore le climatologue et ancien vice-président du Giec, Jean Jouzel dimanche 31 octobre sur franceinfo, quelques heures avant le début de la COP26 à Glasgow, en Écosse. 

> Notre dossier sur la COP26 est à retrouver ici

franceinfo : Dans l’accord de Paris, les pays riches s’étaient réengagés à verser 100 milliards de dollars par an aux pays en voie de développement pour les aider à s’adapter au changement climatique. Où en est-on ?

Jean Jouzel : Nous en sommes à 80 milliards de dollars, selon une estimation de l’OCDE et c’est vraiment extrêmement regrettable. On comprend les pays en voie de développement et le fait que nous ne soyons pas au rendez-vous, nous, pays riches, est extrêmement regrettable. On comprend la colère de ces pays en voie de développement et leur désillusion. D’ailleurs, on connaît les mauvais élèves, comme la Russie, le Mexique, le Brésil qui, au lieu de renforcer leurs ambitions, sont en train de les diminuer et ont aujourd’hui des engagements inférieurs à ceux qu’ils avaient lors de l’accord de Paris. Le cri d’alarme du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est très clair : c’est un aller simple vers un désastre.

Les engagements des pays riches sont souvent critiqués comme insuffisants. Faites-vous la même critique ?

Pour avoir des chances de rester autour d’1,5 degré, on n’a plus que dix années d’émissions de gaz carbonique au rythme actuel, 25 ans pour atteindre 2 degrés. On voit bien les difficultés. Quand on parle d’1,5 degré, c’est pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Même si certains pays l’ont annoncé, aucun n’en prend véritablement le chemin, c’est bien ça le problème. Alors c’est peut-être trop tard pour 1,5 degré. On a toujours espoir que l’objectif des 2 degrés puisse être respecté mais il faut faire le maximum parce que l’enseignement du dernier rapport du Giec est que chaque degré compte et que la vulnérabilité est au rendez-vous. Si on monte à deux degrés, ce seront l’ensemble des récifs coralliens qui seront affectés, des vagues de chaleur de plus en plus importantes, le niveau de la mer un peu plus élevé à la fin du siècle. C’est tout cela qui est devant nous et on a l’impression que les gens ne comprennent pas.

Qui, en particulier, n’a pas l’air de comprendre ? Les dirigeants ou les citoyens ?

Chacun d’entre nous, il faut bien le dire. Même ceux qui savent. Il ne suffit pas de savoir pour agir, c’est peut-être ça la difficulté. L’action est difficile mais l’action est aussi extrêmement attractive en termes de dynamisme économique. Aller vers cette société sobre en carbone, c’est un dynamisme économique. Mais bien sûr il faut aider les pays en voie de développement à réussir ce tournant. Selon les prévisions des démographes, l’Afrique par exemple va compter un milliard d’habitants en plus en 2050. Si elle se développe sur une société carbonée, on aura perdu cette lutte contre le réchauffement climatique, on sera au-delà des 2 degrés. Le problème, c’est qu’il faut aider l’Afrique à se développer sur une trajectoire sobre en carbone.

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