« Convois de la liberté » : les convois anti-passe et anti-Macron se rapprochent de Paris, malgré l’interdiction – Sud Ouest
Depuis mercredi, ces premiers « convois de la liberté » français, inspirés de la contestation née au Canada, sont partis en voiture, camping-car ou covoiturage de Nice, Bayonne ou encore de Perpignan et continuaient à se mettre en marche vendredi des villes les plus proches de Paris.
La police a estimé dans l’après-midi leur nombre à quelque 3 300 véhicules, dont un millier sur la RN20 en provenance d’Orléans et 500 sur l’autoroute A10-A11 venue du Mans. C’est une action « d’une ampleur phénoménale », a dit un coordinateur du mouvement.
Le mouvement, initié depuis une semaine sur les réseaux sociaux se présente comme « l’étape d’après » les manifestations de rue anti-gouvernementales, des « gilets jaunes » et plus récemment des opposants au passe sanitaire, selon les organisateurs.
Interdits à Paris et Bruxelles
« Si les gens veulent manifester normalement, ils pourront le faire. S’ils veulent bloquer la circulation, on interviendra », a averti jeudi soir le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur LCI. « Ce n’est pas la chienlit la République Française », a lancé Darmanin.
Depuis Brest, Emmanuel Macron a appelé vendredi « au plus grand calme », tout en disant « entendre et respecter » la « fatigue » et « la colère » liées à la crise sanitaire. Dans un entretien à Ouest-France, le chef de l’État et quasi-candidat à la présidentielle souligne que la France a « besoin de concorde, de beaucoup de bienveillance collective ».
Réfutant toute tentative de blocage, les participants espèrent converger dans la soirée vers Paris, y passer la nuit chacun comme il peut, puis participer samedi aux différents cortèges hebdomadaires contre le passe vaccinal organisés dans la capitale.
Certains vont ensuite tenter de rallier Bruxelles pour une « convergence européenne » prévue le lundi 14 février. Les autorités belges ont toutefois décidé de leur interdire l’accès de la capitale, faute d’en avoir fait la demande.
À Paris, la préfecture de police de Paris a également décrété jeudi une interdiction de cette mobilisation pour « risques de troubles à l’ordre public », maintenue par la justice vendredi soir. « J’ai créé un certain nombre de fourrières provisoires qui nous permettront avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage de mettre fin à tout blocage […] le dispositif est prêt, il sera ferme et nous ferons en sorte que la liberté de circulation puisse s’exercer », a déclaré devant la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement.
Des véhicules blindés de la gendarmerie ont été déployés dans la capitale vendredi après-midi.
Pour contrer l’interdiction, l’avocat Juan Branco ou encore la militante antivax Sophie Tissier avaient déposé jeudi un référé liberté devant le tribunal administratif de Paris. « J’ai eu l’impression que le tribunal a été sensible (à nos arguments) qui a demandé à plusieurs reprises des éléments tangibles de la part de la préfecture. Ils ont été dans l’incapacité d’en produire », a déclaré, Me Juan Branco vendredi.
Parallèle avec les gilets jaunes
Dans l’esprit de convivialité et de lien social qui avaient marqué le début du mouvement des « gilets jaunes » autour des ronds-points en 2018, plusieurs convois ont passé la nuit dans des haltes ou chez des particuliers ayant ouvert leur logement ou parking.
« Ces premiers départs donnent beaucoup d’espoir, ça remplit le cœur et c’est l’objectif de ce mouvement, mettre en place une chaîne de solidarité active, de l’hébergement aux paniers repas », a commenté l’un des initiateurs du mouvement, sous le pseudo de Rémi Monde.
Au premier plan des revendications des participants : « le retrait […] du passe et de toutes les mesures de contrainte ou de pression liées à la vaccination », en plus de mesures sur le pouvoir d’achat ou le coût de l’énergie.
Soutiens politiques
« Nous avons manifesté, et nous pouvons continuer mais nous voyons que ça ne mène qu’à la confrontation, à la répression et à la violence », a expliqué l’initiateur, « nous voulons essayer autre chose, et voir quelle sera la réponse du gouvernement face à des gens pacifistes et joyeux ».
Plusieurs candidats à la présidentielle ont apporté leur soutien à ce mouvement, dont Marine Le Pen, Eric Zemmour ou encore le parti de gauche radicale La France insoumise (LFI) qui a « encouragé » ses militants qui le souhaitent à se joindre à ce mouvement.