Contre le coronavirus, premiers résultats non concluants de l’antiviral Remdesivir lors d’un essai clinique – Le Monde

L’intérêt pour l’antiviral Remdesivir, qui avait échoué au traitement d’Ebola, est élevé, parce qu’il n’existe actuellement aucun traitement approuvé ni vaccin pour le Covid-19.

L’intérêt pour l’antiviral Remdesivir, qui avait échoué au traitement d’Ebola, est élevé, parce qu’il n’existe actuellement aucun traitement approuvé ni vaccin pour le Covid-19. ULRICH PERREY / REUTERS

Un résumé des résultats d’un des premiers essais cliniques sur l’antiviral Remdesivir du laboratoire américain Gilead Sciences, montrant que le médicament avait échoué à améliorer l’état de malades de Covid-19, ont par erreur été publiés brièvement sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jeudi 23 avril, avant d’être retiré, a rapporté le quotidien britannique Financial Times. Ces résultats, publiés avant d’avoir été évalués par un comité de lecture, ne sauraient donc être considérés comme des résultats définitifs.

« Nous regrettons que l’OMS ait publié prématurément des informations concernant l’étude, a réagi Gilead Sciences, dans un courriel. Les chercheurs de cette étude n’ont pas donné leur permission pour la publication des résultats. » Outre la forme, l’entreprise américaine − dont l’action a été malmenée à Wall Street − fustige le fond, en faisant valoir que l’échantillon était trop faible pour en tirer des résultats utiles :

« Nous estimons que le résumé inclut des représentations inappropriées de l’étude. C’est important à souligner, parce que l’essai a été arrêté assez tôt, en raison d’un faible taux de participation, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions significatives du point de vue statistique. »

« Par conséquent, les résultats de l’essai sont peu concluants, même si des tendances dans les données suggèrent que Remdesivir a un côté bénéfique, tout particulièrement pour les malades pris en main tôt. »

La pandémie de Covid-19 a déjà fait plus de 190 000 morts dans le monde, dont près des deux tiers en Europe, depuis son apparition en Chine en décembre, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse à partir de sources officielles vendredi.

L’intérêt pour l’antiviral Remdesivir, qui avait échoué pour le traitement d’Ebola, est élevé parce qu’il n’existe actuellement aucun traitement approuvé ni vaccin pour le Covid-19, qui attaque les poumons, voire d’autres organes dans des cas extrêmement graves. De nombreux essais, dont des plus grands, sont en cours, ainsi que sur d’autres médicaments. Cette étude n’est donc pas la fin de la route pour le Remdesivir.

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Effets secondaires « importants »

L’essai chinois a montré que « le Remdesivir (…) n’améliore pas l’état des malades et ne réduit pas la présence de l’agent pathogène dans le système sanguin », affirme le Financial Times, citant le document publié sur le site de l’OMS. Deux cent trente-sept malades ont participé à l’étude, réalisée selon la méthode la plus rigoureuse, un essai dit « randomisé », avec un groupe de patients traités (158) et un groupe témoin (79 malades traités selon les standards de soins, mais sans le médicament dont on cherche à connaître l’efficacité). Gilead visait au moins 400 personnes.

Les chercheurs sont en outre parvenus à la conclusion que le traitement de Gilead Sciences pouvait avoir des effets secondaires « importants », de sorte qu’ils ont interrompu assez vite le traitement pour 18 malades. Outre la Chine, le Remdesivir est également testé dans des essais cliniques aux Etats-Unis et en Europe.

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Chercheurs et laboratoires tentent en priorité de « repositionner » des médicaments existants au lieu d’en développer de nouveaux, pour voir s’ils peuvent agir contre le Covid-19. Deux grandes approches sont testées : des antiviraux, pour combattre directement le virus, et des médicaments agissant sur le système immunitaire, pour contrôler la réaction inflammatoire de l’organisme.

En Europe, l’essai Discovery, lancé le 22 mars dans sept pays, vise à tester quatre traitements potentiels : l’antiviral Remdesivir, l’association lopinavir-ritonavir, ces antirétroviraux combinés avec l’interféron bêta et l’hydroxychloroquine, dérivé de l’antipaludéen chloroquine, tandis que d’autres patients recevront un placebo.

Pour l’hydroxychloroquine, largement utilisée en urgence dans de multiples pays et promue en combinaison avec l’antibiotique azithromycine par le médecin français Didier Raoult, les études publiées jusqu’à présent ne sont pas concluantes, voire ont un effet négatif sur les patients ; mais elles ne sont pas des études « randomisées », les plus rigoureuses. Un panel d’experts du gouvernement américain a déconseillé cette semaine explicitement cette bithérapie à base d’hydroxychloroquine.

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Le Monde avec AFP

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