Contre le brain-hacking, un antivirus pour l’esprit ?

Contre le brain-hacking, un antivirus pour l'esprit ? Contre le brain-hacking, un antivirus pour l’esprit ? A l’occasion du du Forum économique mondial de Davos, Yuval Noah Harari décrit un avenir sombre pour la démocratie, menacée par les nouvelles technologies en développement et les liens étroits entre les géants technologiques et les gouvernements. Par Daphne Leprince-Ringuet
Alors que le monde est en pleine course à l’armement technologique, Yuval Noah Harari prévient que la récompense, à notre époque, ne sera pas un territoire, mais notre cerveau.

S’exprimant lors du Forum économique mondial de Davos, l’historien à succès prédit un avenir où les gouvernements et les entreprises pourront rassembler suffisamment de données sur les citoyens du monde entier ce qui, combiné à la puissance de calcul, leur permettront de prévoir complètement – et de manipuler – nos décisions. Il appelle ce concept “brain-hacking”.

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Notre liberté de penser en danger

« Imaginez, dans 20 ans, quelqu’un assis à Washington, Pékin ou San Francisco, qui connaîtrait toute l’histoire personnelle, médicale et sexuelle de, disons, chaque journaliste, juge et politicien au Brésil », conte Yuval Noah Harari. « Cette personne pourrait contrôler tout un autre pays avec de simples données. On pourrait alors se demander : est-ce un pays indépendant ou une colonie de données ? »

« L’historien brosse un sombre tableau d’un avenir proche (quelques décennies seulement), dans lequel les grandes technologies, ou les gouvernements, “ou qui que ce soit”, pourraient connaître l’état de santé et l’histoire personnelle de chacun. En d’autres termes, ils pourraient nous connaître mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes. Et ce, avant même d’ajouter les technologies émergentes, comme les interfaces neuronales, qui pourraient réellement permettre de lire dans les pensées. »

« En ce moment, la course est ouverte entre la surveillance d’Etat en Chine et le capitalisme de surveillance aux Etats-Unis. Notez la différence : aux Etats-Unis, la technologie de “brain-hacking” vient de la Silicon Valley et non de Washington », nuance Yuval Noah Harari. Malgré tout, ça ne veut pas dire que les grandes entreprises technologiques et les politiciens ne se mélangent pas. On voit bien que « San Francisco se rapproche maintenant de Washington, car ils ont besoin du soutien du gouvernement à ce sujet ». « La course à l’armement technologique va façonner l’avenir de l’humanité », a-t-il ajouté.

« Etes-vous ingénieur ? »

Malgré ses préoccupations concernant la surveillance croissante rendue possible par les données, il conclut par une note positive. « Beaucoup d’outils de surveillance sont en cours de construction, mais nous pouvons décider de construire le type de technologie opposé. Au lieu de concevoir des outils pour traquer les citoyens, par exemple, nous pourrions avoir une technologie qui permet aux citoyens de sonder les gouvernements et les entreprises. Ou un “antivirus pour l’esprit” qui permet de savoir quand vous êtes manipulé. »

« Etes-vous ingénieur ? », demande Yuval Noah Harari. « Alors construisez un outil d’intelligence artificielle qui enquête sur la corruption gouvernementale. » Plus facile à dire qu’à faire.
Source : ZDNet.com

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