Contrats, pandas et climat : la Chine accueille «l’ami» Macron – Le Parisien

« Entre amis, on offre toujours le meilleur, surtout à un ami qui vient de loin. » Paraphrasant Confucius, le ministre chinois des Affaires étrangères, Zhu Jing, avait promis la semaine dernière un accueil très chaleureux à Emmanuel Macron, qui a entamé ce lundi en Chine une visite d’Etat marathon, à forte dominante commerciale. En pleine rivalité commerciale avec les Etats-Unis, Pékin déroule en effet le tapis rouge au président français, toutefois prié de ne pas se mêler de l’agitation à Hong Kong.

Un marathon sur tapis rouge

Emmanuel et Brigitte Macron sont arrivés peu avant 16 heures (9 heures en France) à Shanghai, capitale économique chinoise. Le président français doit d’abord assister à un dîner de gala avec les autres dirigeants mondiaux conviés à l’inauguration de la Foire aux importations de la ville, un rendez-vous instauré l’an dernier par le régime communiste pour convaincre de son intention d’ouvrir son marché.

Mardi, le chef de l’Etat français inaugurera le nouveau Centre Pompidou installé dans la métropole géante de 24 millions d’habitants. Le clou de la visite devrait être un dîner entre le couple présidentiel français et le président chinois Xi Jinping accompagné de son épouse, la chanteuse Peng Liyuan. Au cœur du vieux Shanghai, le jardin Yu, considéré comme l’un des plus beaux de Chine, est réservé pour l’occasion.

Il sera enfin à Pékin mercredi pour de nouveaux entretiens avec Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. Une quarantaine de contrats doivent être signés à cette occasion.

Business, business, business

L’enjeu de cette visite est essentiellement commercial. Le chef de l’Etat est d’ailleurs accompagné dans l’Empire du milieu d’une délégation de chefs d’entreprise du CAC 40 (L’Oréal, Suez, BNP Paribas, Airbus, Sanofi…) mais également de dirigeants de PME françaises (Bigard, Babilou, Deezer…).

Le président chinois cherche à renforcer ses contacts avec les Européens au moment où l’économie de son pays ralentit, un recul aggravé par la guerre commerciale avec les Etats-Unis. Emmanuel Macron a d’ailleurs tenu à être accompagné par une ministre allemande, Anja Karliczek, en charge de l’Education et de la Recherche, et d’un commissaire européen, l’Irlandais Phil Hogan, actuel titulaire du portefeuille de l’Agriculture et qui devrait prendre celui du Commerce dans la prochaine Commission. Il s’agit, selon l’Elysée, de montrer que la relation avec la Chine doit davantage être cultivée au niveau européen et non seulement français.

Cinéma, climat et pandas

L’inauguration mardi du « Centre Pompidou West Bund Museum Project » à Shanghai en est la preuve : le partenariat culturel entre les deux pays est également à l’ordre du jour. Au-delà de cette première antenne du célèbre musée parisien à s’implanter hors d’Europe, Emmanuel Macron rencontrera des artistes chinois. Il vient aussi accompagné d’une délégation culturelle comptant notamment Guillaume Canet, futur réalisateur d’« Astérix & Obélix, l’Empire du milieu », Jean-Michel Jarre, Jean Nouvel ou encore Annette Messager.

L’Elysée évoque également « un agenda euro-chinois » pour le climat et la biodiversité, et même « un texte commun » en discussions, alors que la France doit accueillir à Marseille en juin 2020 le congrès mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et la Chine la COP15 sur la biodiversité en octobre 2020 à Kunming.

Autre dossier d’importance : le parc zoologique de Beauval en France va-t-il pouvoir garder ses pandas géants? Seuls pandas présents en France, le couple formé du mâle Yuan Zi et de la femelle Huan Huan était arrivé en 2012 dans le zoo du Loir-et-Cher (centre) dans le cadre d’un prêt de 10 ans par les autorités chinoises. La famille s’est depuis agrandie avec la naissance, le 4 août 2017, de Yuan Meng, qui avait été très médiatisée. Le bébé doit partir en Chine d’ici un an, une fois qu’il sera sevré, mais le zoo de Beauval espère bien conserver ses parents, selon son directeur, Rodolphe Delord, qui fait partie de la délégation.

Hong-Kong, les Ouïghours, et autres questions sensibles

Au-delà de ces nobles intentions, comme à chaque visite d’Etat en Chine, le président français est attendu sur plusieurs épineux dossiers diplomatiques. Comment aborder la contestation populaire sans précédent à laquelle fait face Pékin depuis plusieurs mois à Hong Kong? Et celle des camps dans le Xinjiang, dans lesquels Pékin est soupçonné de détenir des millions de Ouïghours, une ethnie soupçonnée de velléités islamistes et séparatistes?

Alors que l’Elysée a assuré qu’Emmanuel Macron aborderait « sans tabou » les questions de droits de l’Homme ainsi que la situation à Hong Kong et au Xinjiang, Pékin a adressé une mise en garde au président français. « Hong Kong et le Xinjiang relèvent des affaires intérieures de la Chine, il n’est pas pertinent que ce soit à l’ordre du jour diplomatique », a averti le diplomate chinois.

Sur le même ton, à propos de la présence française dans la région pacifique, Zhu a publiquement expliqué qu’il n’espérait pas voir la France chercher à « jouer un rôle de perturbation ». Les marines française et chinoise ont été aux prises lors d’un incident naval au printemps dernier dans le détroit de Taïwan.

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