Conseil national de la refondation : « Mais de quoi ont peur les oppositions ? » – Le Monde

Le climat de la rentrée est tout entier condensé dans le psychodrame qui s’est noué autour du Conseil national de la refondation (CNR), dont la première réunion se tient jeudi 8 septembre à Marcoussis (Essonne). Les forces politiques d’opposition ont fait savoir qu’elles ne participeraient pas à la tenue de cet événement inédit qu’Emmanuel Macron a commencé à élaborer au lendemain de l’élection présidentielle dans l’espoir d’inaugurer une nouvelle gouvernance.

« Nous devons laisser de côté les querelles partisanes pour répondre aux urgences du pays et aux grandes transformations du monde, sociales, énergétiques, écologiques et numériques », plaide le chef de l’Etat dans le courrier qu’il a adressé aux personnalités conviées, une cinquantaine en tout, représentants des partis politiques, du monde associatif et environnemental, du patronat, des syndicats. Son but affiché : rompre avec la verticalité du premier quinquennat et tenter d’entraîner un maximum d’acteurs, y compris de simples citoyens, dans « la grande bascule » qu’est en train de connaître le pays. Celui-ci est confronté à une somme de défis inédits : l’inflation, provoquée par le renchérissement et la raréfaction de ses ressources énergétiques, la sobriété induite par la transition écologique, la crise des services publics, illustrée par les graves difficultés rencontrées par l’éducation nationale et l’hôpital, ou encore les fortes tensions sur le marché du travail.

Le seul énoncé de cette liste devrait suffire à convaincre la droite et la gauche de ne pas bouder l’exercice, tant elle renvoie les gouvernants à leurs insuffisances passées, mais rien n’y fait. L’antimacronisme virulent qui les anime depuis plus de cinq ans les aveugle : participer, c’est trahir ; dialoguer, c’est se salir les mains ; s’engager, c’est s’exposer au partage du fardeau des responsabilités. Il est tellement plus commode de critiquer sur l’air de « tout va mal et tout va aller encore plus mal » en attendant l’alternance.

Des arguments qui sonnent faux

A peine l’élection présidentielle passée, tous sont déjà tournés vers la préparation de celle de 2027, comme si le quinquennat en cours ne comptait déjà plus. Jean-Luc Mélenchon tente de maintenir, à coups de radicalité, son hégémonie sur les morceaux de la gauche qu’il vient de recoller. Laurent Wauquiez se fixe pour mission de « préparer dès aujourd’hui l’après-Macron » en faisant miroiter à la droite la possibilité d’un grand retour. Les deux camps jouent leur avenir en se figeant dans une posture oppositionnelle classique mais totalement inadaptée : c’est maintenant, et pas demain, qu’il faut agir, et surtout pas avec les mêmes logiciels que ceux qui ont montré leurs limites ces dernières années. Le propre de la situation actuelle est qu’elle nécessite beaucoup d’inventivité et un minimum de dynamique, faute de quoi la crise démocratique continuera de s’aggraver.

Il vous reste 51.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *