Congrès d’EELV : les militants confortent la direction sortante et adressent un avertissement à Yannick Jadot – Le Monde

La motion de Julien Bayou recueillerait environ 44 % des voix. Celle qui avait la préférence de Yannick Jadot est distancée.

Par Publié aujourd’hui à 22h26, mis à jour à 23h41

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La motion emmenée par Julien Bayou (avec le micro, ici le 1er juin) est arrivée largement en tête du vote des militants d’EELV, le 16 novembre.

C’est à la fois une réaffirmation et un avertissement. Les militants d’Europe Ecologie-Les Verts devaient désigner, samedi 16 novembre, les 400 délégués qui les représenteront lors du congrès du 30 novembre, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces délégués sont issus des quatre textes soumis au vote : celui de la direction sortante, « L’Ecologie au pouvoir, grandir ensemble pour gagner enfin », porté notamment par les porte-parole Julien Bayou et Sandra Regol ; la motion de l’ancienne députée de l’Essonne Eva Sas, « Le Temps de l’écologie » ; et deux contributions plus marquées à gauche, « Le Souffle de l’écologie » du secrétaire national adjoint Alain Coulombel et « Démocratie écolo » de Philippe Stanisière et Christine Juste.

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Selon les estimations des différentes motions, le rapport de force interne se cristallise autour de ces résultats non définitifs samedi soir : le texte de Julien Bayou arrive largement en tête avec un score aux alentours de 44 % des suffrages. Suivent ceux d’Eva Sas (environ 27 %) et d’Alain Coulombel (22 %). Celui de M. Stanisière et Mme Juste récolte, quant à lui, 7 %.

Le résultat est clair : les Verts ont donc voulu reconduire l’équipe de David Cormand, qui passe la main lors de ce congrès. Avec ce score, Julien Bayou revendique logiquement la place de secrétaire national. « C’est le choix clair des adhérents, on va proposer cette logique, déclare-t-il au Monde. On arrive largement en tête. On va proposer un rassemblement. Avec ces quatre motions, il y a une réaffirmation de l’écologie. Cela s’est déroulé dans une ambiance apaisée. »

Désaveu

L’autre leçon de ce vote interne est l’avertissement adressé à Yannick Jadot. L’homme fort des Verts, dont la liste a récolté 13,5 % des voix lors des élections européennes de mai, soutenait officieusement la motion d’Eva Sas. Certes, il n’a signé aucun texte et ce n’est pas exprimé sur le sujet. Mais sa préférence était un secret de polichinelle. « Yannick n’a pas prévu de s’exprimer sur le sujet, il ne s’en est vraiment pas particulièrement occupé. Il ne faut vraiment pas voir [dans le score de l’aile gauche] un truc contre Yannick, vraiment pas », fait savoir l’entourage de l’eurodéputé.

Avec un retard compris entre 15 et 20 points, c’est un désaveu pour l’aspirant présidentiable, le premier depuis deux ans. Les militants ont surtout voulu sanctionner un eurodéputé réputé trop « centriste », trop « à l’allemande ». M. Jadot devra faire avec : EELV reste un parti ancré à gauche quand lui ambitionne de réunir, autour du combat pour l’écologie un large spectre au-delà des clivages traditionnels, que l’on pourrait résumer ainsi : de « Jean-Louis Borloo à François Ruffin ».

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M. Jadot avait d’ailleurs senti les prémices de cette réaffirmation de l’identité de gauche à la base d’EELV lors des journées d’été, en août, à Toulouse. Son discours de clôture s’en était ressenti et avait reflété une nette inflexion sociale.

Eva Sas réfute toute idée de sanction envers Yannick Jadot : « La direction sortante n’a pas la majorité, c’est aussi un désaveu ! Nous sommes satisfaits, notre objectif est rempli. » Elle ajoute : « La ligne Jadot est représentée dans toutes les motions, ce n’était pas un pour ou contre Jadot. Et désormais, il a près d’un quart du parti qui le soutient. Ça le conforte. »

Faiseur de roi ou de reine

Alain Coulombel – dont le texte a été signé par deux figures des Verts, Yves Cochet et Alain Lipietz – se retrouve dans la meilleure position : celle du faiseur de roi (ou de reine) puisque personne n’a la majorité. Son score révèle aussi une volonté de s’ancrer à gauche puisque la motion défend notamment la « construction d’un espace politique avec une partie de la gauche qui est en voie d’écologisation » ; comprendre la gauche « non productiviste » comme Génération.s, Nouvelle Donne ou Place publique, voire La France insoumise.

S’ouvre désormais une période d’intenses négociations d’ici au 30 novembre. M. Bayou devra proposer une alliance aux autres listes, pour arriver le plus « unis » possible au congrès de Saint-Denis. Il pourrait être majoritaire avec la liste de gauche de M. Coulombel. Mais difficile de faire sans les « jadotistes »… « Tout est ouvert. On rentre dans la phase de discussion. Et personne n’a la majorité… », rappelle Mme Sas.

Le jeu reste donc ouvert. Théoriquement, une motion unique est possible, tout comme une contre-alliance pour empêcher le militant parisien de prendre les rênes du parti. Ce scénario est, malgré tout, hautement improbable.

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