Condamnée à quatre ans de prison pour le meurtre de son mari violent, Valérie Bacot sort libre du tribunal – Nice-Matin

Valérie Bacot a été condamnée vendredi 25 juin à une peine symbolique de quatre ans de prison, dont trois avec sursis, pour l’assassinat de son mari proxénète, ce qui lui permet de ressortir libre du tribunal, ayant déjà passé un an en détention provisoire.

La cour d’assises de Saône-et-Loire est allée plus loin dans la clémence que l’avocat général. Celui-ci avait requis à l’encontre de l’accusée une peine modérée de cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, qualifiant de “victime” celle qui a été violée, battue et prostituée pendant des années par son mari tyrannique.

Le ministère public avait demandé la clémence pour celle qu’on surnomme souvent “la nouvelle Jacqueline Sauvage”, requérant une condamnation de principe, sans réincarcération. “Valérie Bacot ne pouvait pas prendre la vie de celui qui la terrorisait” mais il faut “fixer l’interdit sans réincarcérer”, a estimé l’avocat général Eric Jallet devant les assises de Saône-et-Loire, soulignant que ses quatre enfants avaient “besoin” de leur mère.

Valérie Bacot est victime, très clairement

L’avocat avait ainsi requis cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, ce qui ferait sortir libre Valérie Bacot du palais de justice, considérant l’année qu’elle a déjà effectuée en détention provisoire pour l’assassinat de son mari. Valérie Bacot a tué à l’âge de 35 ans Daniel Polette, 61 ans, le 13 mars 2016, après près de 25 ans de viols, violences et de prostitution contrainte. Elle encourt la perpétuité. “Une société qui se fait justice soi-même, c’est la guerre des uns contre les autres”, a estimé l’avocat général.  Mais “Valérie Bacot est victime, très clairement”, a-t-il reconnu. 

La défense plaidait l’acquittement

“Comment la société pourrait demander réparation à Valérie Bacot alors qu’elle n’a pas su la protéger?”, avait pour sa part, demandé Me Tomasini, listant une “chaîne de dysfonctionnements multiples”, en particulier les deux signalements que des proches de l’accusée ont fait à la gendarmerie, en vain.

L’avocate avait, au contraire, demandé l’acquittement, plaidant l’abolition du discernement, donc l’irresponsabilité pénale, en se basant sur un arrêt canadien de 2006 qui a permis la relaxe d’une femme victime d’un “syndrome de la femme battue” pendant 30 ans et qui a tué son mari bourreau dans son sommeil.

Cet arrêt a estimé que l’accumulation de violences avait entraîné un “geste d’automaticité”: le meurtre n’a “pas été une décision mais était automatique”, a expliqué Me Tomasini. – “C’était elle ou lui” – “C’était elle ou lui”, a pour sa part estimé sa collègue, Me Bonaggiunta, rappelant que le mari de Valérie Bacot lui avait pointé une arme sur la tête en lui promettant qu’il la tuerait, elle et ses enfants, si elle le quittait.

Le procès, ouvert lundi 21 juin, a dépeint les violences extrêmes subies par Valérie Bacot et sa peur de les voir se perpétuer à l’encontre de sa propre fille, Karline, qui avait 14 ans au moment des faits. Des experts psychiatre et psychologue ont souligné que l’accusée n’avait aucune autre “échappatoire” que de “faire disparaître” son mari tant elle souffrait de son “emprise permanente” et de sa “surveillance” très serrée, ce qui l’empêchait d’aller porter plainte. Le mari de Mme Bacot, alcoolique et violent, l’a prostituée pendant 14 ans.

Elle a demandé pardon à ses enfants 

Il a commencé à la violer alors qu’elle n’avait que 12 ans et qu’il était encore l’amant de sa mère. Condamné et incarcéré en 1996, l’homme est pourtant autorisé, dès sa sortie de prison en 1997, à réintégrer le domicile familial où “tout a recommencé comme avant”, selon Mme Bacot. Elle tombe enceinte à 17 ans et part s’installer avec “Dany”, expliquant cette décision surprenante par le besoin d’offrir un “père” à son enfant qu’elle voulait garder.

“Je voudrais dire pardon à mes enfants de ce que je leur ai fait endurer”, avait-elle déclaré avant que les jurés ne se retirent délibérer, dans une référence à l’enfouissement du corps de Daniel Polette, auquel ont participé deux enfants de Mme Bacot. “Je ne pense qu’à une chose: être avec mes enfants”, a-t-elle ajouté dans un filet de voix, peu après un malaise survenu juste après les réquisitions.

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