Compromis ou scission ? Suivez en direct la deuxième journée du congrès du PS à Marseille – La Provence

Journée décisive pour l’avenir du Parti socialiste

Histoire de déglacer l’ambiance, Luc Broussy, président du conseil national du PS désigné animateur du congrès ouvert hier à Marseille, tente une vanne. Convoque hasardeusement le “Pastis 51” pour sourire “d’un chiffre qui fait polémique entre nous“. Sifflets et huées descendent immédiatement de l’auditorium du Pharo. La cicatrice est trop fraîche chez des socialistes pas prêts de sortir d’une élection qui, le 19 janvier, a offert dans un climat de suspicion de fraudes, la victoire d’une courte tête au premier secrétaire sortant, Olivier Faure. Le PV n’a toujours pas été signé par ses opposants, au premier rang desquels le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Alors que les rancoeurs nées des législatives 2022 sont profondes, les “refondateurs” réclament toujours une direction collégiale répartissant les rôles entre le premier secrétaire et trois secrétaires délégués.

On a tous envie d’avancer ensemble, tente-t-il d’apaiser en arrivant. Mais on ne peut pas s’appuyer sur un vote qui s’est mal passé. Le faire s’apparenterait à un coup de force. Ce serait terrible. Ce serait le dernier clou sur le cercueil“. Le ton indique la fermeté. Il est le même chez Olivier Faure quelques instants après. “Il y a encore des réglages à faire, concède-t-il. Mais il y a le résultat d’une élection. Pour tous ceux qui sont prêts à se mettre en accord avec l’orientation qui est la mienne, ma porte est ouverte. Pour tous ceux qui ne le voudraient pas, ils seront dans une minorité qui sera respectée“. En observatrice avisée, puisque troisième candidate de l’élection interne et proche du maire de Rouen, Hélène Geoffroy attend, elle, “une clarification plus qu’un compromis. La situation m’évoque de la tristesse et de la gravité, car on ne parle jamais du fond dans ce parti. Je suis inquiète que rien ne sorte de ce congrès“.

Il est vrai que ce premier après-midi a été symptomatique de la crise qui traverse ce qui reste du parti de Jaurès et de Mitterrand. Entre deux tables rondes sur la jeunesse et l’Europe faite pour meubler le temps pendant que ça manoeuvre en coulisses, les premiers débats d’orientation montrent le gouffre qui sépare, sur les idées comme sur la stratégie, les deux camps. “La moitié de notre électorat n’accepte pas le diktat de LFI“, tonne Patrick Mennucci sous les sifflets. L’ancien élu marseillais touche du doigt le coeur de la controverse. Face à la ligne favorable à la Nupes, coalition de gauche dominée par les insoumis à l’Assemblée, il défend, comme la moitié des socialistes, l’indépendance de son parti. “Si vous singez LFI, vous perdrez sur tous les tableaux. Vous privilégiez la posture et la radicalité. Le cessez-le-feu est souhaitable, mais il ne règle pas nos différences“.

En face, les chevau-légers d’Olivier Faure plaident le pragmatisme. “Notre ennemi ne se situe pas à l’extrême-gauche, mais de l’autre côté“, rappelle Clovis Cassan, maire des Ulis, près de Paris, tout en jouant les provocateurs pro-PSG. “Je ne peux pas supporter qu’on parle aussi mal de ceux qui se battent encore pour le PS“, tance la députée de la Manche Anna Pic.

La matinée pourrait-elle refroidir les esprits ? Le vote des 180 délégués, dont une petite majorité est favorable à Olivier Faure, devrait entériner le résultat des urnes. Ou pas. “Il faut qu’il y ait un accord derrière, que chacun prenne ses responsabilités et mette de côté les rancoeurs, même si ça doit prendre la nuit“, souffle l’ancien député marseillais Henri Jibrayel. “Parce que le peuple de gauche qui sera dans la rue mardi sur les retraites nous attend sur ce terrain-là, pas sur nos déchirures“. Sauf que rien n’est joué et que le mot “scission” plane toujours au Pharo. Il entérinerait, lui, l’implosion du PS à Marseille.

Alors que les rancoeurs nées des législatives 2022 sont profondes, les 'refondateurs' réclament toujours une direction collégiale répartissant les rôles entre le premier secrétaire et trois secrétaires délégués.

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