Communautarisme, laïcité… au Panthéon, Macron veut tenter de reprendre la main – Le Parisien

La scénographie se veut grandiose. Un président installé sous la nef du Panthéon. La naturalisation devant les caméras de cinq Français choisis par l’Elysée. La célébration d’une quinzaine de personnalités de notre histoire, au parcours exemplaire, comme la danseuse franco-américaine Joséphine Baker. La raison de cette étonnante cérémonie? Une date rarement fêtée, mais qu’ Emmanuel Macron a décidé de remettre au goût du jour. Il s’agit du 150e anniversaire de la proclamation de la République. Le 4 septembre 1870, Léon Gambetta – dont le cœur se trouve conservé au Panthéon – proclamait la République depuis l’Hôtel de Ville de Paris.

A l’Elysée, on assure que cet événement a été arrêté de longue date, qu’il n’a rien à voir avec le pilonnage de la droite sur les « échecs » du président dans le domaine de la sécurité, première mission de l’Etat. Son ambition est de rassembler la Nation, car « il est devenu impératif de rappeler nos principes et la liberté absolue de conscience. La République ne saurait s’accompagner de tentations sécessionnistes, explique-t-on dans l’entourage présidentiel. Il y a vingt ans, on ne déboulonnait pas les statues, on ne s’en prenait pas à l’imaginaire français ». Devant des écoliers invités pour l’occasion, Emmanuel Macron a prévu un discours « de combat », destiné à « rappeler ce que chaque Français doit à la République ».

Une mesure choc

Encore des mots? Ce sera la septième prise de parole du chef de l’Etat sur le thème explosif de la République et de la laïcité depuis 2017. Comme si sa vision, volontiers théorique, peinait à imprimer dans l’opinion publique. Justement, le chef de l’Etat promet enfin du concret… pour l’automne. Le discours du Panthéon est censé être le « prologue » d’une série d’initiatives, culminant avec le projet de loi destiné à lutter notamment contre le « séparatisme islamiste ». Confié à Gérald Darmanin, le texte sera présenté en novembre en conseil des ministres pour un examen au Parlement au début de 2021.

Emmanuel Macron en présentera les grandes lignes le 15 septembre, lors d’un déplacement sur « une terre impactée par le séparatisme, marquée par des départs vers des zones de conflits et où un travail de reconquête républicaine a enregistré des résultats », glisse une source du pouvoir. Parmi les mesures annoncées figurera, selon nos informations, une mesure choc : l’obligation pour les associations subventionnées de signer une « charte des valeurs républicaines ». En clair : en cas de dérive communautaire, l’Etat coupera les vivres !

En attendant, Emmanuel Macron fera du terrain : il prévoit de se déplacer la semaine prochaine pour parler de l’égalité des chances, avec la ministre déléguée à l’Intérieur Marlène Schiappa. Parallèlement, il doit relancer à la fin du mois son projet de « Cité de la francophonie » à Villers-Cotterêts (Aisne). Un lieu symbolique. C’est dans ce château de François Ier que furent signées, en 1539, les ordonnances rendant le français obligatoire dans les actes officiels. Une date majeure de la construction nationale.

Un mouvement «hors sol» qui se cherche des racines

A deux ans de la fin de son mandat, le chef de l’Etat accélère sur le mémoriel. « Emmanuel Macron n’est le fruit d’aucune histoire politique, analyse l’ancien conseiller Mémoire de François Hollande, Bernard Poignant. Son mouvement est hors sol. Le président cherche donc des repères et des racines pour se construire une tradition. » Après avoir chanté les louanges de Georges Pompidou, en 2019, puis du général de Gaulle en 2020, le voilà qui glorifie la IIIe République. Le 11 novembre, il présidera le transfert des cendres de l’écrivain Maurice Genevoix au Panthéon – le temple de la République est décidément très couru!

Le calendrier retenu permet d’envoyer des cartes postales à tous les électorats. Ainsi, Emmanuel Macron ira l’an prochain sur un terrain cher à la gauche et aux fans de François Mitterrand : selon nos informations, le 9 octobre 2021, Emmanuel Macron célébrera les 40 ans de l’abolition de la peine de mort. C’est ce qu’on appelle faire feu de tout bois.

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