Comment vont se dérouler les funérailles de Benoît XVI – Le Figaro

RÉCIT – Sa messe de sépulture, où des milliers de personnes sont attendues, est relativement inédite dans l’histoire de l’Église. La liturgie a été adaptée pour ce pape émérite et non régnant, qui avait renoncé à sa charge. Elle sera présidée par François, qui dira aussi l’homélie.

Envoyé spécial à Rome

Ce jeudi, à 9h30, le pape François préside les funérailles de son prédécesseur Benoît XVI. Ce cas de figure n’est pas une première. Le 10 février 1802, Pie VII avait présidé les obsèques de Pie VI au Vatican. Non pas à la suite d’une renonciation, mais de l’exil imposé par Bonaparte à Pie VI.

Ce pape mourut à Valence, dans la Drôme française, en… 1799. Pie VII, son successeur élu en 1800, avait signé le Concordat, et donc la réconciliation avec Napoléon Bonaparte, en 1801, permettant ainsi le retour du corps de Pie VI à Rome et son enterrement, trois ans après sa mort, avec les honneurs dus à son rang.

Des honneurs qui, pour Benoît XVI, seront sobres. Et dignes. Conformément à la volonté du défunt et au désir de l’Église, qui n’honore pas un pape régnant mais un pape émérite. Une situation relativement inédite sur le plan liturgique. Seuls quelques détails changeront dans le protocole, mais le rituel est celui d’une messe d’enterrement. Deux prières, directement liées au pape régnant, dites à la fin de la messe, ont été supprimées. La prière eucharistique fera mémoire du «pape émérite Benoît». Et lors de la première prière universelle, il sera demandé en allemand que «l’Éternel Pasteur accueille dans son règne de lumière et de paix le pape Benoît, qui s’est endormi dans le Seigneur».

La profondeur de la pensée de Joseph Ratzinger est encore utile aujourd’hui

Le pape François

Selon la même coutume, le corps du pape émérite a été exposé à la vénération des fidèles dans la basilique Saint-Pierre pendant trois jours. Près de 200.000 personnes sont venues. Dans la soirée de mercredi, sa dépouille a été placée dans un cercueil en cyprès, un bois résistant à l’eau. Avec lui, plusieurs symboles y sont enfermés à jamais: ses palliums, c’est-à-dire ses ornements épiscopaux, d’évêque de Munich puis de Rome, des sortes d’écharpes plates et étroites marquées de croix ; les médailles et pièces frappées à l’effigie de son pontificat (2005-2013) ; un document en latin, disant qui il était et ce que fut son pontificat, placé dans un étui tubulaire en métal.

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Ce jeudi matin, à 8h50, le cercueil va être porté solennellement par douze hommes et déposé sur le parvis de la place Saint-Pierre, à même le sol. Un évangile sera placé sur le cercueil. À la fin de la messe, il sera transporté dans une des cryptes de la basilique Saint-Pierre. Ce lieu a un temps abrité les sépultures de Jean XXIII et de Jean-Paul II, avant qu’ils ne soient canonisés et donc exposés définitivement à la piété des fidèles sous des autels de la basilique Saint-Pierre. Avant d’être mis en terre, le cercueil de cyprès sera protégé par un cercueil en zinc puis par un autre en bois.

François va présider la messe et prononcer l’homélie. Mais, en raison de ses problèmes aux genoux, elle sera célébrée par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du collège cardinalice. Elle doit se terminer à 11h15. Une centaine de cardinaux y sont attendus. Pour la France: les cardinaux Jean-Marc Aveline, probablement Paul Poupard, qui réside à Rome, et Dominique Mamberti, un proche de Benoît XVI qui a été son ministre des Affaires étrangères de 2006 à 2014.

300.000 personnes

Il y aura aussi 420 évêques, mais le président de l’épiscopat français, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, ne sera pas à Rome. La Conférence des évêques sera représentée par Mgr Vincent Jordy, vice-président. Parmi d’autres, Mgr Pierre d’Ornellas et Mgr Jean-Yves Riocreux sont également annoncés. Autour d’eux, près de 4000 prêtres et un ensemble de 250 choristes.

Quant au nombre de fidèles, le Vatican se refusait mercredi à donner une estimation. La place Saint-Pierre peut accueillir 300.000 personnes. La Via della Conciliazione, qui va du Tibre à la basilique Saint-Pierre, permettra aussi de suivre la célébration. Sous un ciel clément, selon les prévisions météorologiques. Mais le record de 2 millions de fidèles massés autour du cercueil de Jean-Paul II, le 8 avril 2005, avec des écrans dans plusieurs points de la ville, ne sera pas égalé. Ni le nombre des délégations. Il y avait plus d’une centaine de pays officiellement représentés pour le pape polonais, seulement deux pour le pape émérite, ainsi que l’a décidé François: l’Allemagne et l’Italie, qui seront représentés par leur président. François n’a pas décrété un jour de deuil au Vatican pour son prédécesseur.

Des délégations nationales sont cependant attendues à titre non officiel. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur français, chargé des cultes, sera présent. Sont aussi annoncés la reine Sofia d’Espagne, le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique, les présidents de la République de Pologne, du Portugal, de la Hongrie, de la Lituanie, de la Slovénie, du Togo et plusieurs chefs de gouvernement: Gabon, République tchèque, Slovaquie. Vingt-trois représentants d’autres confessions chrétiennes seront là, dont le métropolite Antoine de Volokolamsk, du patriarcat orthodoxe de Moscou, pourtant en froid actuellement avec le Vatican sur la question ukrainienne. Enfin, plus de 1000 journalistes du monde entier, selon le Vatican, ont demandé une accréditation pour couvrir cet événement. KTO et France 2 vont diffuser la messe en direct.

Mercredi après-midi, les services du Vatican ont diffusé la préface rédigée par le pape François d’un ouvrage à paraître, contenant des pensées spirituelles de Benoît XVI. Le pape régnant décrit son prédécesseur comme «un maître de la foi», dont «(la) pensée et (le) magistère sont et resteront toujours féconds dans le temps». Il ajoute: «son argumentation de foi était menée avec la dévotion d’un homme qui s’est abandonné tout entier à Dieu et qui, sous la conduite de l’Esprit saint, cherchait à pénétrer toujours davantage le mystère de ce Jésus qui l’avait fasciné dès sa jeunesse». Selon François, «la profondeur de la pensée de Joseph Ratzinger est encore utile aujourd’hui» et toute l’Église lui est «reconnaissante».

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