Comment renforcer son réseau professionnel en télétravail

Il y a huit ans, Derek Coburn, auteur du livre Networking is not working, écrivait un article de blog intitulé : “je ne vois pas pourquoi nous devons nous rencontrer pour déjeuner”. Ce qui était à l’époque vu comme une plaisanterie pour échapper aux déjeuners d’affaires, souvent redoutés, est maintenant devenue l’option par défaut pour tous, imposée par la pandémie de Covid-19 et l’impossibilité physique, qu’on le veuille ou non, de se réunir pour le déjeuner.

On pourrait penser qu’une pandémie mondiale mettrait immédiatement un terme à toutes les formes de mise en réseau. En effet, sans grandes salles de conférence et buffets gratuits, où est la possibilité de prendre un café avec un investisseur potentiel ou de glisser discrètement une carte de visite à un partenaire stratégique ?

Il s’avère que les possibilités de réseautage, loin de diminuer, se sont multipliées au cours des derniers mois. Derek Coburn est également le cofondateur de la communauté de réseautage Cadre, basée à Washington DC. Avant la pandémie, elle réunissait des PDG et des entrepreneurs lors d’événements organisés tout au long de l’année. Composée d’un peu plus de 75 membres avant la crise sanitaire, dont la majorité était basée à Washington DC, Cadre compte aujourd’hui 120 participants venus des Etats-Unis et du Canada, depuis son passage en virtuel.

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Plus de barrière géographique

Des observations similaires ont été faites par Russ Shaw, fondateur du groupe de réseautage Tech London Advocates (TLA), au Royaume-Uni, qui a également vu un nombre sans précédent de nouveaux membres rejoindre la communauté pendant la crise. La suppression des barrières géographiques pour les événements de réseautage, explique Russ Shaw, a changé la donne en permettant à des groupes de personnes du monde entier de se rejoindre et de se rencontrer. A l’horizon 2021, le fondateur de TLA prévoit déjà de s’en tenir à des événements hybrides, afin de conserver les avantages de la mise en réseau virtuelle, même une fois la crise sanitaire passée.

« Les plateformes de réseautage virtuel que nous avons maintenant sont bonnes. J’encourage les gens à les utiliser et à se familiariser avec elles, car elles permettent de se connecter à beaucoup plus de personnes. Et elles ne vont pas disparaître », affirme Russ Shaw à ZDNet.

Pour beaucoup d’entre nous, il était déjà assez difficile d’établir des relations dans la vie réelle, et la perspective de bavarder via Zoom va devenir un cauchemar. Heureusement, ZDNet a réuni des conseils d’experts en la matière pour vous guider dans l’art délicat de la mise en réseau virtuelle. Voici un récapitulatif de leurs meilleurs conseils.

Rejoignez un réseau et dialoguez régulièrement

La TLA et le Cadre ne sont que deux des nombreuses organisations qui rassemblent les membres d’une communauté similaire pour les mettre en réseau. Rejoindre au moins une ou deux d’entre elles est le meilleur choix pour commencer, selon Russ Shaw. Une recherche rapide sur Google ou sur LinkedIn vous donnera l’embarras du choix. Une fois inscrit, assurez-vous de lire régulièrement les bulletins d’information de l’organisation et d’assister à certains de ses événements virtuels.

Restez activement engagé auprès des organisations dont vous faites partie, faites-leur savoir ce que vous faites, et si vous changez de poste ou de fonction, prenez toujours contact avec elles pour leur communiquer vos nouvelles coordonnées.

Apprenez à maîtriser LinkedIn

En matière de réseautage, LinkedIn a toujours été le média social de prédilection. Si vous n’avez pas l’habitude de vous engager sur la plateforme, il est temps de créer votre profil, explique Karen Wickre, l’auteur de Taking the Work out of Networking, qui décrit LinkedIn comme le répertoire « incontournable » pour rechercher des personnes.

« Vous devez vous efforcer de vous approprier LinkedIn, en commentant et en ouvrant des conversations avec vos connexions, en participant à des groupes LinkedIn pertinents et en ajoutant un contexte à vos messages : pourquoi, plus précisément, voulez-vous vous connecter avec la personne X ou Y », explique-t-elle. « Dites-le leur dans votre demande. »

Soyez sélectifs

Ne sélectionnez que le meilleur, ou du moins le plus pertinent. Le fait d’avoir un échantillon plus large d’interlocuteurs virtuels fait que vous pouvez maintenant vous assurer que vous êtes en contact avec la bonne personne, explique Derek Coburn. Assurez-vous de ne choisir que les personnes avec lesquelles vous avez une véritable raison de vous connecter.

Faites vos recherches avant de prendre contact

Si vous décidez d’approcher une personne, prenez le temps de vous assurer qu’elle vous convient : renseignez-vous sur son entreprise et découvrez exactement pourquoi une interaction avec elle pourrait être bénéfique pour vous deux. « Nous pouvons juste passer un peu plus de temps, d’énergie et d’efforts dans le confort de notre pyjama, pour trouver des gens en ligne et faire un peu de travail avant de les contacter », précise Derek Coburn. « Je pense qu’il est plus important que jamais de ne pas envoyer de courriers électroniques froids non sollicités à la masse dans l’espoir de finir par rencontrer quelqu’un qui voudra faire affaire avec vous. »

Ne prenez pas le rejet personnellement

Il arrive parfois, même si vous avez choisi la bonne personne, et même si vous avez fait tout le travail, que refuser de vous rencontrer est beaucoup plus facile à faire virtuellement qu’en face-à-face. Selon Russ Shaw, attendez-vous à des niveaux de refus de rencontres en ligne – et tout comme pour les rencontres en ligne, ne le prenez pas personnellement. « Ce niveau de rejet est virtuellement plus acceptable. De même, vous devez accepter que ne pas avoir pu vous connecter avec quelqu’un, ce n’est pas la fin du monde », plaide Russ Shaw.

Rappelez-vous que tout est virtuel

Vous y êtes, enfin, tout est prêt : vous avez réussi à obtenir un créneau Zoom de 10 minutes avec quelqu’un avec qui vous pensez pouvoir avoir une vraie conversation. Et maintenant ?

« Ne donnez pas trop, trop vite », prévient Russ Shaw. Une conversation en face-à-face est beaucoup plus intime et la confiance s’établit plus rapidement que lors d’une rencontre virtuelle. C’est pourquoi vous devez prendre plus de temps pour construire vos relations et éviter d’en dévoiler trop dès le début, qu’il s’agisse de détails personnels ou d’informations professionnelles confidentielles. Les limites du réseautage en ligne sont encore floues et il est probable que votre nouvelle connexion soit repoussée par un partage excessif.

Soyez clair sur ce que vous voulez

Se réunir autour d’un café permet de discuter de manière informelle d’un environnement, du temps qu’il fait, ou même des déplacements. Pas tellement lors d’une conversation en ligne. Soyez prêt à couper dans les détails superflus et à expliquer de manière claire et directe ce que vous pensez avoir en commun avec votre connexion, et quelle valeur vous pouvez tous deux tirer de votre engagement mutuel.

« Il est probable que vos discussions virtuelles aient plus de sens que les rencontres amicales autour d’un café », explique Karen Wickre. Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’écrire un ordre du jour spécifique pour votre réunion, préparez quelques points dont vous aimeriez discuter, qu’il s’agisse d’obtenir plus d’informations sur un domaine, de mieux comprendre une organisation ou de recueillir des conseils sur des possibilités de formation.

Adoptez l’approche « donner d’abord »

Etre clair et direct ne signifie pas que vous devez vous rendre à une réunion dans le but d’obtenir quelque chose de la personne avec laquelle vous êtes en contact. Personne n’aime qu’on lui demande un poste ou qu’on lui présente une idée lors d’une première interaction, et encore moins sur Zoom. « On ne peut pas appâter les gens avec un dîner ou un verre dans un contexte virtuel », rappelle John Arnold, analyste principal chez Forrester.

« La meilleure façon d’entrer en contact avec de nouvelles personnes est de devenir et de rester précieux », poursuit-il, en recommandant une approche « donner d’abord ». Cela signifie « essayer d’aider les gens, sans rien attendre en retour », précise l’analyste. Avant de réfléchir aux raisons pour lesquelles une personne pourrait vous être utile, il serait donc bon de noter les raisons pour lesquelles elle devrait s’intéresser à vous aussi.

Ne laissez pas la technologie se mettre en travers de votre chemin

« L’interaction parfaite entre les réseaux virtuels est inextricablement liée à l’expérience technologique et au contexte qui l’entoure », explique John Arnold. Contrairement à un événement physique, au cours duquel il y a beaucoup de choses qui se passent et de quoi se distraire, une réunion Zoom est le seul événement qui se déroule. Cela signifie qu’un décalage, un flou et une myriade d’autres pépins peuvent rapidement dominer l’ordre du jour de la réunion d’ouverture.

Ne laissez pas cela se produire. Apprenez à connaître les outils que vous utilisez et assurez-vous que vous êtes prêt à changer de dispositif audio ou de connexion si les interactions ne fonctionnent pas d’un point de vue technique, recommande l’expert. Si la technologie fonctionne, vous serez plus détendu et pourrez vous concentrer sur la relation que vous essayez de construire.

Une première conversation téléphonique ou un chat vidéo avec une personne que vous venez de rencontrer ne devrait pas durer plus de 30 minutes, recommande Karen Wickre. Plus important encore, si vous avez envoyé une invitation pour un chat de 30 minutes, il doit s’agir d’un chat de 30 minutes – potentiellement moins, mais certainement pas plus. C’est particulièrement le cas si vous êtes l’initiateur de la conversation. Auquel cas, vous devez demander à l’autre personne si elle doit s’arrêter exactement après 30 minutes, et s’en tenir à cette limite. Si la conversation se déroule bien et que la personne a exprimé le souhait de parler plus longtemps, demandez – environ 20 minutes plus tard – le feu vert pour dépasser le temps imparti. « Mais n’abusez pas de votre accueil », avertit Karen Wickre.

N’oubliez pas les règles du réseautage en face-à-face

Dites merci, au début et à la fin de votre réunion. Soyez ponctuel, d’autant plus qu’une attente de cinq minutes est bien pire quand il s’agit d’attendre devant un écran Zoom vierge, en comparaison à attendre dans un café. Prenez des notes après chaque interaction, pour vous assurer de vous souvenir des détails importants concernant la personne avec laquelle vous vous connectez.

Et surtout, n’en faites pas une affaire personnelle. « Je suggère de faire un bref tour d’horizon d’une minute maximum pour parler de vous », préconise Marcia Ballinger, auteure de The 20-Minute Networking Meeting. L’essentiel de la réunion doit être un dialogue mutuel, et vos efforts doivent se concentrer sur le fait de parler de l’autre personne.

Ne négligez pas votre réseau existant

Pour Derek Coburn, il pourrait être utile de se concentrer principalement sur les personnes que vous connaissez déjà. L’auteur suggère de devenir un « organisateur et rassembleur » de personnes. Par exemple, en demandant à seulement trois personnes de votre réseau d’assister à un déjeuner virtuel et en leur suggérant d’amener un invité supplémentaire pour chacune d’entre elles, vous pourriez vous retrouver avec un groupe de personnes se réunissant d’une manière beaucoup plus favorable que par le biais d’un contact aléatoire en ligne.

N’en faites pas une affaire de chiffres

Aussi simple qu’il soit de cliquer sur “envoyer” dans un courriel ou un message LinkedIn copié-collé, la mise en réseau virtuelle n’est pas une question de chiffres. « Ne demandez pas aux gens de se connecter simplement parce que vous voulez plus de connexions », prévient Karen Wickre. Vous ne devez pas penser chiffre, mais plutôt travailler à établir des relations de qualité, chaque rencontre étant vue comme une conversation engageante plutôt qu’une transaction.

Source : ZDNet.com

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