Comment, presque deux fois centenaire, La Parisienne s’est transformée en assurtech

Comment, presque deux fois centenaire, La Parisienne s'est transformée en assurtech

Fondée en 1829, La Parisienne Assurances était à l’origine spécialisée dans la couverture du bris de glace des calèches. Au fil des décennies, elle a réuni toutes les composantes d’une société d’assurances traditionnelle : conception de produits, portage des risques, gestion des contrats. En 2015, changement de modèle économique. La Parisienne cède son activité de distribution pour se spécialiser dans la conception de produits d’assurances en marque blanche pour le BtoB. Un pari gagnant puisqu’elle connaît depuis une croissance annuelle de 30 à 40 %. 

“Industrialiser le sur-mesure”

Un deuxième virage est pris en 2017. La Parisienne élargit son champ d’action aux non professionnels de l’assurance, et notamment aux e-commerçants et retailers qui souhaitent adjoindre un contrat d’assurance lors de la vente d’un produit ou d’un service. 

Pour cela, La Parisienne a conçu une plateforme technologique baptisée IPaaS pour Insurance Product as a Service. Elle permet à ces partenaires de consommer ses services d’assurances et de les proposer à leurs clients finaux grâce à des APIs publiques, allant de la tarification à la gestion des sinistres en passant par la gestion des contrats. Proposées en libre-service, ces APIs sont documentées et décrits selon le standard OpenAPI (Swagger). “N’importe quel développeur peut expérimenter nos APIs dans une logique de test and learn puis les intégrer à sa plateforme”, se réjouit Benoit Mérel, Chief Operations Officer.

En parallèle à la plateforme technologique, la société a développé une méthodologie, baptisée “Bespoke”, destinée à industrialiser la conception des produits et la co-construction de partenariats sur-mesure. “Cela semble paradoxal mais nous avons voulu industrialiser le sur-mesure”, poursuit-il. La Parisienne s’engage à monter n’importe quel type de partenariat en moins de dix semaines.

Elle garantit, par ailleurs, à ses partenaires que la charge de travail pour l’intégration de l’API représentera moins de dix jours-hommes. Cette industrialisation de ses process lui a permis de signer 195 partenariats dans 13 pays tout en n’employant qu’un peu plus de cent collaborateurs.

Une blockchain privée pour d’automatiser les remboursements

Dans le même esprit, La Parisienne automatise au maximum la gestion des contrats et des sinistres afin d’améliorer l’expérience client. “Ce qui nuit à l’image de l’assurance, c’est la difficulté qu’éprouvent les assurés à se faire rembourser et à devoir se justifier à toutes les étapes du dossier d’indemnisation, avance Benoit Mérel. Nous, nous croyons au zéro papier pour une indemnisation rapide et sans douleur.”

Afin d’automatiser le remboursement, La Parisienne fait appel à des index publics dans le cas d’une assurance paramétrique. A partir, par exemple des horaires des avions, le retard est officiellement constaté et l’assuré automatiquement indemnisé. L’assureur recours également à des fournisseurs de données privées (tiers de confiance) prouvant qu’un aléa s’est produit et à l’internet des objets. Un partenariat a été noué avec Sigfox, réseau bas débit dédié à l’IoT, pour relever des données à partir de capteurs connectés.

Pour la partie gestion des sinistres, La Parisienne a monté une blockchain privée basée sur Ethereum et nommée Quorum. Un “smart contract” s’auto-exécute selon des règles prédéfinies. La transaction se déclenche à la suite d’un événement qui peut être une date, un montant ou toute information remontée par un capteur. La société prévoit d’étendre sa blockchain à la réassurance. “Travaillant avec des réassureurs qui portent une partie de nos risques, nous souhaitons modéliser ces flux.”

50 % de son effectif composé d’experts IT

La révolution est aussi managériale. Afin de raccourcir les cycles de décision, La Parisienne a aplati son organisation qui ne compte plus que trois niveaux hiérarchiques. “Cette organisation a été alignée sur notre méthodologie en se basant sur les quatre étapes de conception d’un partenariat : la prospection commerciale, le design, l’implémentation et le run.”A la fin de ce cycle de transformation,

La Parisienne a réussi un positionnement inédit sur le marché en étant à la fois une société d’assurances et une assurtech, avec la moitié de son effectif composé d’experts IT. “La plupart des assurtechs sont des courtiers qui ont besoin de s’adosser à une société d’assurances, observe Benoit Mérel. Nous, nous avons l’ADN d’une assurtech mais nous pouvons imaginer les produits que l’on portera nous-mêmes.” Ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec des assurtechs comme Zego, Qover ou Luko. “Ces courtiers ont besoin à un moment ou un autre qu’un assureur design le produit et surtout porte le risque car ils n’ont pas les agréments.” 

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