Comment Météo-France définit une « vague de chaleur » – Le Monde

Après avoir enregistré en 2022 son mois de mai le plus chaud depuis le début des premiers relevés de températures, la France va connaître du 15 au 20 juin une vague de chaleur forte et précoce : 23 départements ont été placés en alerte orange, mercredi. Les températures attendues dans le sud du pays devraient atteindre localement presque 40 degrés Celsius, une température exceptionnelle pour un mois de juin en France.

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La définition des vagues de chaleur dépend des pays et des climats. Dans l’Hexagone, Météo-France la définit comme une élévation continue des températures pendant au moins trois jours. Plus techniquement, cela arrive lorsque l’indicateur thermique national, qui est une moyenne des températures quotidiennes de trente stations métropolitaines représentatives du climat français, remplit deux conditions :

  • rester au moins trois jours au-dessus de 23,4 °C ;
  • atteindre au moins une fois 25,3 °C.

La vague de chaleur prend fin si l’indice thermique national descend sous 22,4 °C un jour ou sous 23,4 °C deux jours consécutifs.

Ces températures ont été choisies car elles sont parmi les plus élevées recensées dans les normales de saison (calculées sur la période 1981-2010) ; elles correspondent aux percentiles 95, 97,5 et 99,5, ce qui signifie que respectivement 95 %, 97,5 % et 99,5 % des températures enregistrées sont inférieures à ces valeurs.

Depuis 1947, on a enregistré 43 vagues de chaleur répondant à cette définition. La gravité de celles-ci peut être déterminée en utilisant conjointement trois données :

  • le nombre de jours pendant lequel le thermomètre dépasse 23,4 °C ;
  • la température maximale enregistrée dans l’indicateur thermique national pendant la vague ;
  • la sévérité, calculée par la somme de degrés au-dessus de 23,4 °C.

Ces 43 vagues de chaleur passées sont représentées par le graphique ci-dessous.

« C’est la vague de chaleur la plus précoce qu’on ait observée, elle “bat” de peu celles commencées les 18 juin en 2005 et 2017 », détaille Matthieu Sorel, climatologue à Météo-France. La fréquence de ces vagues de chaleur est de plus en plus importante et devrait continuer à s’intensifier dans les prochaines décennies, en raison du changement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.

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« On peut craindre des conséquences, confie Matthieu Sorel. Les impacts sur l’agriculture sont très nets, la chaleur va engendrer des pertes de récolte pour les agriculteurs et va aggraver le phénomène de sécheresse. » L’indice d’humidité des sols, qui mesure la quantité d’eau sur une profondeur de deux mètres, est déjà très bas en France depuis plusieurs mois, et la vague de chaleur actuelle pourrait rendre ce déficit hydrique plus grave encore. « A l’échelle de la France, nous ne sommes pas à des niveaux records, mais très bas, dignes d’une fin juillet, précise le climatologue. Mais pour certaines régions, comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’indice est à un niveau extrêmement bas. »

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