Comment a travaillé la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise – Le Monde

Les membres de la commission réunis autour de leur président, Jean-Marc Sauvé (au centre), à Paris, en février 2019.

C’est un document attendu avec angoisse par l’Eglise catholique. La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) doit remettre, mardi 5 octobre en matinée, son rapport à la Conférence des évêques de France (CEF) et à la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), à l’origine de sa création en 2018, et le publier.

Le bilan qu’elle dressera comme les recommandations qu’elle formulera pourraient constituer un choc pour les catholiques. Ils pourraient aussi accélérer la prise de conscience, dans l’ensemble de la société, de l’ampleur et des conséquences des violences sexuelles commises sur des mineurs, au moment où une commission gouvernementale travaille sur ce sujet.

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Le fruit de deux ans et demi de travail (plus de deux mille pages au total) se compose d’un rapport proprement dit de trois cents pages et de plusieurs volumineuses annexes, dont deux présentent les travaux de recherche conduits l’un sur les archives, l’autre sur les victimes. Leur contenu a été présenté, mi-septembre, par oral aux représentants de l’Eglise catholique.

Une « culture commune » à construire

Le document fait une large place à la voix des personnes victimes, dans le rapport proprement dit comme dans une annexe qui présente une sélection de témoignages. Les vingt-deux membres de la commission présidée par l’ancien vice-président du Conseil d’Etat Jean-Marc Sauvé y répondent aux trois missions formulées par ses commanditaires : faire la lumière sur les violences sexuelles commises par des prêtres et des religieux sur des mineurs ou des adultes vulnérables depuis 1950 ; étudier la manière dont ont été traitées ces affaires ; évaluer les mesures « anti-abus » prises par la CEF et la Corref depuis vingt ans pour préconiser les changements souhaitables.

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Ses membres l’affirment : bien que créée et financée par l’Eglise catholique, la Ciase a pu travailler sans entrave ni pression. Et l’Eglise a joué le jeu en ouvrant ses archives. Tous, y compris la secrétaire générale, Sylvette Toche, et les rapporteurs, étaient bénévoles pour une action jugée d’intérêt public. « Un signe d’indépendance, mais aussi d’engagement pour un enjeu essentiel pour la société française », fait ainsi valoir l’anthropologue Laëtitia Atlani-Duault.

Lorsqu’ils se réunissent pour la première fois, en février 2019, à la Barouillère, dans les locaux des sœurs auxiliatrices, à Paris, les vingt-deux membres de la Ciase sont face à une page blanche, même s’ils disposent de l’expérience des commissions qui ont travaillé précédemment à l’étranger (en Australie, aux Etats-Unis, en Irlande, aux Pays-Bas, en Allemagne, etc.).

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