Colonies israéliennes : Pourquoi Donald Trump se montre-t-il si conciliant ? – 20 Minutes

Donald Trump, président américain — Matt SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
  • Les Etats-Unis ont décidé lundi de ne plus considérer comme illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie.
  • Une décision qui va à l’encontre de l’opinion de l’Onu et de la majorité de la communauté internationale.
  • Jean-Eric Branaa, maître de conférences et spécialiste de la politique américaine, décrypte pour 20 Minutes ce choix de Donald Trump.

Depuis lundi, les Etats-Unis ne considèrent plus les  colonies israéliennes en Cisjordanie comme étant contraires au droit international. Une nouvelle position forte et en décalage avec l’Onu et une grande partie de la communauté internationale.

Pourquoi Donald Trump a-t-il pris cette énième décision controversée géopolitiquement ? Pour Jean-Eric Branaa, maître de conférences et spécialiste de la politique américaine à la Sorbonne, auteur de Qui veut la peau du parti républicain ? L’incroyable Donald Trump, il ne faut pas y voir un cadeau du président américain à Israël mais déjà un calcul électoral habile.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne, la relocalisation de l’ambassade américaine dans cette ville, l’arrêt de l’aide aux Palestiniens, et désormais la validation des colonies… Pourquoi Donald Trump se montre-t-il aussi conciliant avec Israël ?

Toutes ces actions rejoignent d’abord l’un des buts de sa présidence : détruire l’héritage de Barack Obama et sa position vis-à-vis des Palestiniens. Donald Trump veut faire oublier son prédécesseur, notamment ses actions géopolitiques internationales, et Israël est l’une des cases à cocher.

Au-delà de l’ancien président démocrate, le pays est au cœur du programme géopolitique de Donald Trump. Dès le premier jour de son élection, le 9 novembre 2016, il a annoncé qu’il réglerait le problème Israël-Palestine, ce qui aurait été l’œuvre de sa vie, en évoquant le deal du siècle et un plan de paix. Un plan de paix qui n’a jamais eu lieu.

Comment interpréter cette décision dans sa géopolitique globale ?

Cela rejoint la politique internationale globale de Donald Trump à savoir que les Etats-Unis n’ont pas à revêtir le rôle de gendarme du monde. L’idée est que l’Amérique n’a plus à se soucier des conflits régionaux, et cela relègue également toute l’histoire Israël-Palestine à un conflit régional. On les laisse se débrouiller et on n’interfère plus. Cela l’arrange d’autant plus qu’il peut du coup gérer le cas Hong Kong de la même façon, en disant « c’est un conflit régional, on ne s’en mêle pas », et ainsi reprendre les discussions avec la Chine. Donald Trump fait moins de la géopolitique que de la géo-économie, et souhaite mener une diplomatie de contrat.

Il a aussi la candidature de 2020 dans un coin de la tête non ?

Evidemment, c’est aussi un plan pour 2020. Déjà, c’est un message pour l’électorat juif, qui vote historiquement massivement pour les démocrates. Il veut leur démontrer qu’ils ont tort et qu’il est le meilleur ami d’Israël. Dans un tweet, il avait même dit que la communauté juive américaine était déloyale et avait tort de ne pas voter pour lui. Cela fait longtemps que les Républicains cherchent à prendre cet électorat. Avec la perte en proportion de la population blanche, et le fait que le vote des Afro-Américains ou des Latinos semblent impossible à rallier, la communauté juive semble être l’une des seules minorités a pouvoir changer son camp et renforcer les républicains.

Au-delà de cet électorat, a-t-il besoin d’asseoir une position géopolitique forte ?

Donald Trump a l’ambition de présenter un bilan géopolitique solide pour préparer la campagne de 2020. On l’a vu en faire une véritable obsession en 2019, après avoir été inadapté au début de son mandat en 2016. L’idée est d’accumuler des succès géopolitiques pour pouvoir défendre un bilan solide face aux candidats en face. On entre dans une période de précampagne et il faut interpréter toute décision de Donald Trump sous le prisme de ses ambitions électorales. En 2016, il n’avait aucune stature géopolitique, désormais il peut dire « vous voyez, j’ai aussi réussi à l’international. » Les exigences sur la diplomatie à l’échelle mondiale sont de plus en plus fortes aux Etats-Unis, il se doit d’avoir un bilan solide.

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