CNews, la télé du clash permanent – Blog Le Monde
Entre ses quotidiennes « Face à l’info » avec Eric Zemmour et « L’Heure des pros », la chaîne d’info en continu de Vincent Bolloré fait de la provocation le cœur de sa ligne éditoriale.
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Chaque soir, sur CNews entre 19 heures et 20 heures, depuis le 14 octobre, Eric Zemmour multiplie les saillies provocatrices ou révisionnistes sur le plateau de « Face à l’info », une émission animée par Christine Kelly. En Syrie, « Bachar Al-Assad n’a pas gazé son peuple ». Les homosexuels n’ont qu’à « coucher avec l’autre sexe » pour « faire des enfants ». « La politique de Vichy n’avait pas comme conséquence l’extermination et les camps nazis. » Autant de déclarations qui ont provoqué des vagues d’indignation sur les réseaux sociaux, et ont conduit plusieurs personnalités, comme l’économiste Jacques Attali ou la journaliste Valérie Trierweiler, à boycotter la chaîne.
La polémique a atteint son paroxysme mercredi 23 octobre, quand Eric Zemmour a affirmé qu’être français revenait à être « du côté du général Bugeaud », l’un des officiers la conquête d’Algérie de 1840, qui massacrait « les musulmans, et même certains juifs ». « On est conscients des différents défauts de l’émission et de nos responsabilités. On va rectifier le tir », admet auprès du Monde Gérald Brice-Viret, directeur adjoint des antennes de Canal+, qui a demandé à ce qu’Eric Zemmour revoie ses déclarations pro-Bugeaud dans l’émission du lendemain.
Depuis qu’i-Télé est devenu CNews en 2017, la chaîne d’information en continu propriété de Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, a fait du clash une ligne éditoriale. Propos hasardeux sur le changement climatique, le rôle des syndicats dans la dernière grève de la SNCF, ou contre le voile : chaque matin, Pascal Praud, l’animateur de « L’Heure des pros », joue à celui qui ose « dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ».
« Le créneau conservateur »
A l’antenne, des figures classées à droite ou à l’extrême droite, comme l’avocat Gilles-William Goldnadel, chroniqueur pour le « FigaroVox », Elisabeth Lévy, la fondatrice de la revue Causeur, Charlotte d’Ornellas, l’une des journalistes star de l’hebdomadaire droitier Valeurs actuelles, ou Gabrielle Cluzel, du site d’extrême droite Boulevard Voltaire, se succèdent sur les plateaux de Sonia Mabrouk, Thomas Hugues ou Laurence Ferrari.