Cloud de confiance : Les acteurs du cloud souverain se rebiffent

Cloud de confiance : Les acteurs du cloud souverain se rebiffent

Alors que le projet de Cloud souverain accuse aujourd’hui un retard certain, il a été recemment supplanté par le label “Cloud de confiance”, porté par le gouvernement. Un véritable aveu d’échec pour les autorités. La semaine passée, le président de la République Emmanuel Macron admettait lui-même que la France a pris « beaucoup de retard » dans l’élaboration d’un service de cloud souverain indépendant des GAFAM, alors même que la doctrine ‘Cloud au centre’ suivie par les autorités entend généraliser l’usage du Cloud par l’ensemble des administrations.

Et si le chef de l’Etat insiste toujours pour que les briques les plus sensibles des services de cloud labellisés soient « sécurisées », le Cloud de confiance porté aux nues par les autorités n’en laisse pas moins la porte grand ouverte aux géants américains du numérique. S’il suppose des standards techniques et juridiques élevés, il permet aux opérateurs de services Cloud de s’appuyer sur des accords de licence pour s’adosser sur les technologies des hyperscalers plus avancés… Comme Microsoft par exemple.

De quoi faire bondir huit fleurons français du cloud – en l’occurence Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et WIMI. Alors que les premiers services de cloud candidats au label souhaitent avoir recours aux services de Microsoft et de sa suite Microsoft 365, ces derniers tiennent à rappeler qu’ils sont également « en mesure de proposer dès aujourd’hui une alternative crédible à la suite logicielle proposée par Microsoft ».

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« Acheter des solutions françaises, plutôt qu’américaines »

« La doctrine ‘Cloud au centre’ peut être mise en œuvre très rapidement, avec un moyen très simple : acheter des solutions françaises, plutôt qu’américaines », explique Alain Garnier, Président de Jamespot et porte-parole du collectif. Et de rappeler que les entreprises signataires de cette lettre ouverte commercialisent d’ores et déjà des alternatives estampillées made in France à l’ensemble des services fournis par Microsoft dans des domaines comme la messagerie, le traitement de texte, le chat, la visioconférence ou le stockage de document.

Selon le collectif, ces alternatives présentent l’avantage de garantir que les données sont souveraines. « Non seulement elles respectent le RGPD, mais mieux, elles ne sont soumises à aucune loi extraterritoriale et notamment le fameux Cloud Act », rappellent les auteurs de cette lettre, tout en précisant que ces solutions sont toutes hébergées par des acteurs eux aussi Européens et se passent des Clouds américains ou chinois. De quoi leur permettre d’être intégrées au sein d’infrastructures certifiées SecNumCloud.

Une gageure alors que les services proposés par la suite Microsoft 365 ont été déclarés fin septembre « non conformes » par le Directeur Interministériel du numérique, Nadi Bou Hanna. Ce dernier faisait valoir que la solution Microsoft 365 de Microsoft propose une suite bureautique entièrement hébergée sur le cloud de Microsoft, Azure, et donc potentiellement soumis au Cloud Act américain, qui permet de forcer les opérateurs de services à fournir les communications et les données d’utilisateurs de leurs services sur demande de la justice américaine.

Hausse continue des prix de licences

Alors que l’Etat affiche régulièrement son engagement en faveur des sociétés françaises, les entreprises signataires de cette lettre ouverte entendent bien se rappeler au bon souvenir des autorités. Sur les labels, “Cloud de confiance” on voit donc deux approches se dessiner : les offres se revendiquant 100% françaises, à l’instar du duo Whaller/OvhCloud, et les offres hybrides à l’image de Bleu, développée par Capgemini et Orange, qui proposera les technologies et offres de Microsoft, bien que sur un hébergement maîtrisé et hors de portée des lois américaines.

Reste que les signataires de cette lettre ouverte pourrait bien bénéficier d’une aide inattendue. Comme le regrettait ce mardi le président de Scaleway Arnaud de Bermingham via Twitter, Microsoft prévoit d’appliquer une nouvelle augmentation d’environ 10% du tarif de ses licences commercialisées auprès de ses concurrents sur le marché du Cloud à compter du 1er janvier prochain. De quoi faire bondir le dirigeant.

Du côté de Microsoft, qui s’apprête également à augmenter le tarif de Microsoft 365, on se justifie en pointant du doigt les nombreuses améliorations apportées aux services commercialisés par le géant américain. « Cette mise à jour des prix reflète la valeur accrue que nous avons apportée à nos clients au cours des dix dernières années », faisait ainsi valoir Jared Spataro, le responsable de Microsoft 365, à la fin du mois d’août. Si l’on peut douter que cette explication suffise à calmer les clients du géant américain, cette nouvelle augmentation tarifaire pourrait bien faire les affaires des prestataires français de services Cloud. Affaire à suivre.

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