Climat très tendu à l’Assemblée pour le débat sur le déconfinement – Les Échos

Publié le 27 avr. 2020 à 17h37Mis à jour le 27 avr. 2020 à 18h31

Une ambiance de plus en plus tendue. Matignon a refusé ce lundi d’accéder aux demandes des oppositions de repousser de vingt-quatre heures le vote qui suivra le débat sur le déconfinement , programmé ce mardi à l’Assemblée. Après la décision de ne pas consacrer un débat parlementaire spécifique au projet d’application StopCovid , cette décision a suscité un tollé à droite comme à gauche.

Elle a aussi provoqué un léger malaise au sein même de la majorité, alors qu’Emmanuel Macron, qui espère encore réaliser l’union nationale, était partisan d’une attitude plus souple vis-à-vis des oppositions. Alors que la confiance des Français envers le gouvernement est au plus bas, Matignon tient à l’accélération du tempo.

« Aller plus vite »

« Il faut aller vite – une demande partagée par les collectivités locales -, car il se joue quelque chose de très important pour le pays. La présentation du plan mardi ouvrira une période de co-construction du déconfinement », confie Stanislas Guerini, le patron de La République en marche (LREM). Et tant pis si quelques députés de la majorité ne cachent pas leur mécontentement. Une douzaine d’entre eux ont écrit au président du Palais Bourbon, Richard Ferrand, pour dénoncer la « précipitation » dans le débat.

Mais le ventre mou de la majorité parlementaire sait taire ses états d’âme. « Personne n’est spécialiste du déconfinement. Je considère que le gouvernement nous respecte car il vient nous demander sa confiance alors qu’il n’est pas obligé. Et il est important d’aller plus vite ; cela permet aux maires d’avoir une semaine de plus pour se préparer », estime la députée LREM Marie-Christine Verdier-Jouclas.

« Irrespectueux  »

Déjà très écornée,la concorde nationale vole en éclat. Furieuses, les oppositions dénoncent des « manoeuvres » politiques et crient d’une même voix au « déni de démocratie ». Au « retour à la surdité habituelle » du gouvernement et de la majorité, selon Jean-Christophe Lagarde, le chef de file des députés UDI-Agir.

Le ton est vif. Jean-Luc Mélenchon, le leader des Insoumis, voit dans ce refus « une brutalité de plus » d’un « régime politique en perdition ». « Pour faire taire les députés LREM frondeurs, toute l’Assemblée est mise en quarantaine politique », assène-t-il. « Aucun parlementaire ne peut accepter de voter un chèque en blanc sur une décision parmi les plus lourdes que nous ayons eu à prendre depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce qui est en jeu, ce sont les vies de dizaines de milliers de nos concitoyens », renchérit Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, parlant de « faute contre la démocratie ».

Même tonalité à droite. Damien Abad avait le premier demandé un report du vote, afin que chacun puisse se prononcer en connaissance de cause et que les élus puissent se concerter, car la plupart seront absents en raison du confinement. Le président du groupe LR juge le refus du gouvernement « très maladroit, irrespectueux pour le Parlement et la démocratie » et « contraire à la volonté de co-construction » affichée. « Pour les députés qui ne sont pas là, c’est la double peine », lâche-t-il.

Des critiques balayées d’un revers de main au sein de l’exécutif. « Ils ont demandé un débat sur le déconfinement, ils l’ont eu. Ils ont demandé un vote, ils l’ont eu. On ne va pas leur donner vingt-quatre heures de plus sachant que, de toute façon, ils vont voter contre ce plan », assène un conseiller gouvernemental.

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>>> La France face à l’épidémie de coronavirus. Quelles ont été les différentes étapes de l’alerte ? Quelle est la situation épidémiologique au jour le jour ? Quelles sont les mesures décidées par le gouvernement pour limiter la propagation de la pandémie ? Pour soutenir l’économie ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

>>> Le mode d’emploi du déconfinement. Qu’a d’ores et déjà annoncé l’exécutif comme plan de sortie ? Quelles sont les nombreuses questions en suspens ? Que recommande le Conseil scientifique ? Et les autres experts ? Comment procèdent nos voisins européens ? Réponses ici dans le dossier spécial des « Echos » .

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