Climat : Le Maire prend ses distances avec deux mesures phares de la Convention citoyenne – Les Échos
Le premier coup de frein aux propositions de la Convention citoyenne pour le climat n’a pas tardé. Moins de vingt-quatre heures après la réponse d’Emmanuel Macron aux travaux des 150 citoyens tirés au sort pour trouver des solutions concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a clairement fait comprendre que les 146 mesures retenues – déjà avec de nombreux bémols – par le chef de l’Etat ne passeraient pas telle quelle.
Interrogé dans la matinée sur RMC et BFMTV, il a pris ses distances avec l’idée d’interdire la publicité sur les produits les plus émetteurs de CO2, dont les SUV. « Ouvrons le débat », a-t-il suggéré, tout en prévenant immédiatement qu’il était « plus réservé » sur le sujet. Il s’est en revanche dit favorable à ce qu’on informe mieux le consommateur. « Je fais confiance à l’intelligence collective des Français », a-t-il assuré. En novembre dernier, le locataire de Bercy avait proposé que les publicités pour les voitures mentionnent leur impact environnemental, parmi les pistes lancées pour s’attaquer à la pollution engendrée par les véhicules les plus polluants.
« Ne faire qu’informer n’est pas une démarche suffisamment ambitieuse, nous sommes persuadés qu’une loi Evin climat sur la publicité est possible. Si les responsables politiques ne régulent pas, ce n’est pas les industriels qui le feront », réagit l’un des citoyens, Sylvain Burquier. « Nous ne sommes pas des Khmers verts, glisse-t-il. Les consommateurs demandent aussi aux marques d’avoir une posture responsable. Nous leur donnons l’opportunité de le faire. »
Dépenses lourdes pour l’Etat
L’éventualité de réduire la TVA sur les billets de train de 10 % à 5,5 %, autre préconisation phare de la Convention, ne plaît guère non plus au ministre. « Je ne suis pas favorable à ce qu’on touche les taux de TVA », a-t-il asséné, avant d’expliquer que « nous avons les taux de TVA les plus réduits globalement de tous les pays européens. Baisser la TVA, ce sont des dépenses qui sont très lourdes pour l’Etat. »
Bruno Le Maire pousse en revanche pour un développement « massif » du fret et du transport ferroviaires, et s’est déclaré « très favorable » à ce que des « dispositions fortes » figurent dans le plan de relance qui sera examiné « fin août, début septembre ». Le gouvernement travaille également sur des mesures pour réduire les émissions de CO2 des grands sites industriels français les plus émetteurs pour voir comment leur énergie peut être modifiée, « avec un calendrier et un contrôle des émissions », a-t-il indiqué.
Moratoire sur les centres commerciaux
Alors que la Convention citoyenne a suggéré une interdiction pure et simple de l’extension d’aéroports existants, le ministre de l’Economie veut plutôt les réexaminer. Il propose de refaire « un bilan coût/avantages » du projet de terminal 4 de Paris-Charles de Gaulle « au regard des nouvelles exigences environnementales et de la réalité du trafic aérien ».
Pour l’heure, la fin de l’artificialisation des sols à tout-va semble en revanche une des mesures qui fassent l’unanimité au sein du gouvernement. « Nous allons mettre un sacré frein à la construction des centres commerciaux qui ont poussé ces dernières décennies en sortie de ville », promet la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, dans « Le Parisien » ce mardi. Bruno le Maire approuve aussi l’idée d’un moratoire sur les zones commerciales gagnées sur les terres agricoles. Selon lui, « à un moment donné, il faut dire stop ». Reste donc à ce que la loi s’applique puisqu’un décret de la loi Elan, qui permet d’instaurer un moratoire sur les zones commerciales périphériques, a déjà été publié en juillet dernier…