Cinq ans après #metoo, l’onde de choc : ce qui a changé dans les familles, à l’école, au tribunal… – Le Monde

Au premier plan, la commissaire Noémie Cognard, responsable du Groupe des infractions à caractère sexuel (GICS) de la sûreté régionale des transports. Dans le groupe en arrière plan, Michaël Tétu (premier en partant de la gauche) et Quentin Coëdelo (dernier à droite). A Paris, le 4 octobre 2022.

Il y a cinq ans, le 5 octobre 2017, le New York Times publiait une enquête qui allait créer une onde de choc sociétale à travers le monde. Dans les colonnes du quotidien américain, des femmes accusent Harvey Weinstein de harcèlement et d’agression sexuels. Des actes commis impunément, pendant trente ans. L’actrice Alyssa Milano emploie le hashtag #metoo sur le réseau social Twitter, le 15 octobre, pour appeler celles qui ont été abusées à témoigner. Il se propage à travers le monde, notamment en France. La libération de la parole est en marche, et ne s’arrête pas au producteur star du cinéma américain.

Au fils des années, #metoo a entraîné d’autres déclinaisons (#balancetonbar, #payetaplainte…) sur les réseaux sociaux. L’aspect massif, systémique, et répété, fait la force du message envoyé par les femmes pour dénoncer les agressions dont elles sont depuis longtemps victimes. Tous les milieux sont concernés : le monde du spectacle, celui des médias et de la culture, du sport, de la politique…

Lire l’enquête (2021) : Article réservé à nos abonnés #metoo : quand les victimes d’agressions sexuelles s’entraident

Dans l’ouvrage Ne nous libérez pas, on s’en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours (La Découverte), les historiennes Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel écrivent que le « moment #metoo » renvoie à « l’ensemble des mobilisations contre les violences sexistes et sexuelles, à l’écho qu’elles rencontrent et à leur impact politique et social, et plus globalement à l’espace d’expression des idées féministes qui s’ouvre ».

Pour les militantes féministes, et pour les femmes victimes, qui ont à leur tour dit « moi aussi », publiquement ou dans la sphère intime, il y a incontestablement « un avant » et « un après » #metoo.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés #metoo : Après le mouvement, débats sur les nouvelles radicalités féministes

Pour mesurer l’ampleur de la prise de conscience, Le Monde a sollicité ses interlocuteurs à l’école, dans les commissariats de police, dans les bureaux des juges et des avocats… Comment, de leurs places respectives de vigies, les uns et les autres sont-ils confrontés à de nouvelles situations ? Comment y font-ils face ?

« Des femmes apprennent à dire “non ce n’est pas normal” »

Assistante sociale au sein d’un espace départemental des solidarités dans le Val-de-Marne, Isabelle Boisard s’est sentie « en première ligne du séisme #metoo » : « Nous sommes un service public, gratuit, de proximité, où ce sont surtout des femmes, soumises au secret professionnel, qui accueillent d’autres femmes. Elles viennent pour une facture d’électricité à régler, puis la confiance s’installe. Grâce à #metoo, elles se sont senties autorisées à parler des agressions sexuelles et sexistes qu’elles subissaient. Elles se rendent compte que des choses qui faisaient partie de leur quotidien ne sont pas normales. Et elles apprennent à dire non. »

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