Chloroquine : Macron chez Raoult, coup de communication ou changement de pied ? – Le Parisien

« Un déplacement comme un autre », s’inscrivant dans « une journée de discussion avec des chercheurs hospitalo-universitaires sur les traitements » débutée au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). L’entourage d’Emmanuel Macron s’employait, ce jeudi soir, à banaliser la visite du chef de l’Etat à Didier Raoult, chercheur émérite mais controversé, à Marseille (Bouches-du-Rhône). La visite d’un président attaché à multiplier les consultations (dont celles à venir avec les membres du conseil scientifique, ses partenaires européens et les présidents des assemblées) avant son allocution de lundi. Et pourtant…

La portée symbolique de cet échange, qui a pris tout le monde de court, n’a échappé à personne et a forcément donné le sentiment d’un revirement de la position du gouvernement sur la chloroquine. Certes, le ministre de la Santé, Olivier Véran, en avait été tenu informé la veille au soir. Mais le secret de ce déplacement (organisé sans journaliste, comme celui du Kremlin-Bicêtre) a été conservé jusqu’à la dernière minute.

Depuis plusieurs semaines, Raoult, qui a remis ce jeudi ses tout derniers résultats au chef de l’Etat, fait peser une pression médiatique, populaire et politique sur l’exécutif. « Il a déchaîné les foules et il a été pris comme une espèce d’égérie par une partie de l’opposition, qui voulait glisser une peau de banane au gouvernement sur la gestion de la crise », estime un conseiller ministériel. Face au phénomène, l’exécutif est apparu bien en peine de tempérer les ardeurs, avec sa ligne : s’en tenir au protocole scientifique.

« La volonté de dire qu’aucune piste n’est mise de côté »

Quand bien même l’entourage du chef de l’Etat souligne que « la lutte contre le Covid-19 n’est ni de droite, ni de gauche », Les Républicains, fervents soutiens de Didier Raoult, ne s’y sont pas trompés, saisissant l’occasion de cette visite pour encourager Macron à accélérer la reconnaissance de son traitement. A contrario, des médecins ont exprimé leurs réserves, y voyant « un soutien » à sa méthodologie. « Je ne comprends pas, cela remet du passionnel », soupire un député LREM, préoccupé de voir la communication gouvernementale brouillée.

VIDÉO. Emmanuel Macron reçu par le professeur Raoult à Marseille

« Une visite ne légitime pas un protocole scientifique mais il marque l’intérêt du chef de l’Etat pour des essais thérapeutiques, défend un proche. Rentrer dans le débat pour ou contre, ce n’est pas le rôle du président. » Et de certifier qu’en aucun cas le prisme politique ne l’emportera sur l’expertise scientifique dans la prise de décision.

Il n’empêche. Comment ne pas y voir un message? « Il a clairement la volonté de dire qu’aucune piste n’est mise de côté », décrypte un conseiller ministériel. Une façon de parer les coups de l’opposition, et les procès en impréparation ou inaction. Le message s’adresse aussi à l’opinion, tandis que les signatures s’accumulent au bas de la pétition demandant d’assouplir les possibilités de prescription du traitement de Didier Raoult. Commentaire d’un député LREM : « Jusqu’à présent, la chloroquine, cela a été beaucoup de com. Tout cela est cohérent. »

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