Chine : à Shanghaï, des centaines de jeunes manifestent contre la politique « zéro Covid » après le drame d’Urumqi – Le Monde

Des résidents de Shanghaï manifestent contre la politique « zéro Covid » du gouvernement chinois, le 26 novembre 2022.

Une protestation exceptionnelle en Chine : samedi 26 novembre, des centaines de jeunes gens se sont rassemblés dans le centre de Shanghaï aux cris de « Xi Jinping, démission ! » ou encore « A bas le Parti communiste ! » pour commémorer les victimes d’un incendie qui a fait dix morts à Urumqi, la capitale du Xinjiang, dans l’Ouest. Pour beaucoup, le feu est un drame de plus de la stratégie « zéro Covid » : les secours ont été bloqués en arrivant sur place en raison des restrictions sanitaires.

A Shanghaï, le mot est passé sur les réseaux sociaux : les quelques dizaines de personnes qui s’étaient retrouvées à un carrefour de la rue Urumqi pour déposer des bougies et quelques fleurs ont été rejointes par des centaines d’autres, touchées par le drame et en colère contre une politique qui n’en finit pas d’entraver leur vie quotidienne.

A minuit sur place, la foule est compacte, et un cordon de centaines de policiers garde déjà les rues alentour. Outre les quelques offrandes déposées au sol, des manifestants tiennent une feuille blanche. « Cette page blanche, on n’a rien écrit dessus, mais implicitement, cela a beaucoup de sens. Notre pays ne nous laisse pas écrire quoi que ce soit ici. Mais même si nous n’écrivons rien, les gens savent ce que nous voudrions dire, explique une jeune femme d’à peine 30 ans. Ce que je ressens, c’est que pour quelques heures, je suis libre : même si c’est très court, pour une fois, je peux dire ce que j’ai envie de dire. » En l’entendant, son amie éclate en sanglots. « C’est la première fois que je vois ça en Chine », justifie-t-elle en ravalant ses larmes.

« Nous n’oublions pas 6-4 »

Les personnes rassemblées sont jeunes pour la plupart : c’est la génération en mal de voyages et de liberté, connectée au reste du monde, qui souffre le plus des restrictions de mouvements imposées par la stratégie sanitaire depuis bientôt trois ans. Les slogans criés par les plus hardis sont repris par la foule en chœur. Les premiers visent directement la politique zéro Covid : « Code de santé, va te faire… » A intervalle régulier, la foule entonne l’hymne national chinois, un chant révolutionnaire qui débute par « Debout ! Les gens qui ne veulent plus être des esclaves ! » En avril, lors du confinement de Shanghaï, ces paroles avaient été censurées sur Weibo, réseau similaire à Twitter.

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Mais petit à petit, certains osent des sujets plus politiques et demandent la liberté d’expression et la liberté de la presse. D’autres proclament : « Nous n’oublions pas 6-4 », en référence au massacre de Tiananmen, le 4 juin 1989. Quand quelqu’un ose lancer « Xi Jinping, démission », la foule semble galvanisée : le slogan est répété avec entrain, comme si le crieur avait brisé un tabou. Un autre lance : « A bas le Parti communiste », un tabou là aussi.

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