Chili : le candidat de la gauche, Gabriel Boric, remporte l’élection présidentielle – Le Monde

Gabriel Boric, à Santiago, le 19 décembre 2021, après l’annonce officielle de sa victoire à l’élection présidentielle chilienne.

Il est le visage et le symbole du renouveau politique au Chili. Le candidat de la gauche, Gabriel Boric, a remporté, dimanche 19 décembre, le deuxième tour de l’élection présidentielle, devant son adversaire d’extrême droite, José Antonio Kast.

Avec une participation de 55 %, – un sommet depuis que le vote n’est plus obligatoire en 2012 –, M. Boric recueille 56 % des voix, contre 44 % à son concurrent, selon l’autorité électorale. C’est un triomphe qu’enregistre la coalition de gauche, dont est membre le Parti communiste, dans ce duel inédit depuis le retour à la démocratie en 1990 entre deux candidats aux projets de société diamétralement opposés.

« Il y aura plus de droits sociaux mais nous le ferons en restant fiscalement responsables », a déclaré le président élu de 35 ans devant une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes venues l’écouter après sa large victoire.

« Je viens de parler à @gabrielboric et l’ai félicité pour son grand triomphe. Il est aujourd’hui le président élu du Chili et mérite tout notre respect et notre collaboration constructive. Le Chili passe toujours en premier », a écrit, sur son compte Twitter, son adversaire, Jose Antonio Kast, peu avant l’annonce officielle des résultats.

Entrée en fonction le 11 mars

M. Kast, un admirateur de la dictature d’Augusto Pinochet soutenu par l’ensemble de la droite chilienne, avait annoncé qu’en cas de défaite, il pourrait ne pas reconnaître le résultat de l’élection si l’écart entre les deux candidats était inférieur à 50 000 voix. Il était arrivé en tête au 1er tour (27,9 % contre 25,8 %) en séduisant dans les quartiers huppés de Santiago et parmi les classes populaires à l’extérieur de la capitale en répétant qu’il était le candidat de « l’ordre, de la justice et de la sécurité ».

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Un concert de klaxons a résonné dans les rues de la capitale Santiago aussitôt après que M. Kast a reconnu sa défaite. Le président sortant Sebastian Piñera, qui a dû affronter un mouvement social d’ampleur fin 2019, a félicité dans une discussion vidéo le nouveau chef de l’Etat élu qui prendra officiellement ses fonctions le 11 mars.

« Je veux que vous et le peuple sachiez que je ferai de mon mieux pour relever ce formidable défi et que notre pays est à son meilleur lorsque nous sommes unis », a dit M. Boric, assurant vouloir être « le président de tous les Chiliens et Chiliennes ».

M. Piñera a répondu au président élu que « l’histoire nous a appris que lorsque nous nous divisons en guerres fratricides, les choses finissent toujours mal. Tout le Chili espère (…) qu’il y aura un très bon gouvernement pour le Chili et les Chiliens ».

Les rues de Santiago envahies après l’annonce de la victoire de Gabriel Boric à l’élection présidentielle chilienne, le 19 décembre 2021.

Projet d’Etat providence

Gabriel Boric l’emporte avec son projet d’Etat providence, un changement d’ampleur dans le pays considéré comme le laboratoire du libéralisme en Amérique latine, en ralliant autour de lui la classe moyenne à moyenne supérieure, essentiellement à Santiago.

Ce député, élu depuis 2014, se présente comme l’héritier politique du mouvement de 2019 pour davantage de justice sociale dans le pays le plus inégalitaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Agé de 35 ans, l’âge minimum pour se présenter, l’ex-leader d’un mouvement étudiant en 2011 n’était pas attendu dans le sprint final il y a quelques mois seulement.

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« Il est possible de faire un Chili plus humain, plus digne, plus égalitaire », avait-il déclaré après avoir voté dans sa ville natale de Punta Arenas, dans l’extrême sud, sur le détroit de Magellan.

Dans un pays gouverné par le centre droit et le centre gauche depuis la fin de la dictature il y a 31 ans, Gabriel Boric entend promouvoir une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l’éducation et à la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé.

Le leader de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a salué, dimanche soir sur Twitter, d’un « vive Boric, nouveau président du Chili » la victoire du candidat de la gauche chilienne.

Le Monde avec AFP

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